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Mars avril 2024


Pour diverses raisons, février fut une pause dans ma vie, un mois insaisissable. Il n’existe donc pas sur ce blog.

« Notre Futur se situe dans la marge d’incertitude des sciences » / Annick Bourbon-Rochette

Mars se termine en beauté sur le Printemps à Cluny et Les Rencontres des Pensées de l’Ecologie. Je n’ai assisté qu’à une journée sur les quatre mais elle fut généreuse, sympathique et riche. Voici globalement ce que j’en ai retenu, de manière parfois désordonnée et augmenté de mes propres réflexions.

Table-ronde: Quels récits vers une société écologique et solidaire ?

En présence de :

  • Lucile Schmid – Vice-Présidente de La Fabrique Ecologique
  • Corinne Morel Darleux -écrivain – autrice entre autres de « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce »
  • Alice Canabate- sociologue – autrice de « l’Ecologie et la Narration du Pire »
  • Thierry Libaert – expert en communication des organisations – auteur de Des Vents Porteurs.

Quel est l’impact des récits sur la connaissance et le passage à l’action ?

A.C.: Notre époque se caractérise par une interruption des grands mythes et, dans le même temps, une forte demande de nouveaux mythes ou récits, accompagnée d’une désaffection politique. Le récit vu comme une explication du Monde.

L’écologie politique est une Pensée des conséquences et des limites.

L.S.: 80% des personnes interrogées se disent éco-anxieux.

T.L.: Il y a un gouffre entre déclaration et comportement, méfions-nous des sondages. Les résultats dépendent aussi beaucoup de la médiatisation du sujet sur le moment.

En 1852 déjà, on évoquait une chute de la biodiversité et en 1970 parait le rapport Armand « 100 mesures pour l’Environnement ». L’information est là depuis longtemps mais cela ne change rien. En voici 3 raisons:

1- Les gens pensent qu’il n’y a pas vraiment de problème près de chez eux. C’est pire ailleurs dans le monde, donc loin.

2- Aujourd’hui ça va encore. Les problèmes vont vraiment surgir plus tard.

3- Moi je me comporte vertueusement, le problème, c’est les autres. Ou encore, je ne suis pas responsable, je n’ai pas le pouvoir…

La communication a 4 objectifs:

  • Informer
  • Convaincre
  • Donner envie
  • Changer le comportement ( le processus d’exemplarité est efficace)

Paradoxe: les mieux informés, les plus convaincus de la nécessité d’une vraie sobriété sont aussi les plus pollueurs car ils appartiennent à une couche sociale favorisée.

Nous sommes immergés dans la publicité qui lie consommation et plaisir, associé au bonheur. Comment modifier l’imaginaire publicitaire ?

L.S.: Il y a eu le spot des « dévendeurs ».

C.M.D.: Le récit n’est pas qu’écrit, il passe aussi par le cinéma, les jeux vidéo…

L’information est passée mais l’être humain n’est pas qu’un cerveau et c’est plus souvent l’affectif qui guide ses choix. Souvent aussi, on note un problème financier et socio-culturel qui stoppe le passage à l’action. Une partie de la réponse est politique.

Le trépied de la transformation sociale:

  • Culturelle – Par exemple retrouver l’intérêt de la lenteur.
  • Résistance: comment s’opposer à la destruction. le mot est chargé historiquement, voire tabou, et fait réagir parfois négativement. Accepter de déconstruire, de détruire l’existant, face aux apories (id contradictions insolubles de raisonnement) de notre société.
  • Alternatives. Trouver des exemples, imaginer…

Dialogue avec le public:

  • Le théorème du barrage: les gens qui habitent sous un barrage ou au pied d’un volcan en nient les dangers. Cette particularité est parente du climato-scepticisme.
  • Ce qui pousse à l’action: la pression sociale, le récit modificateur, la modification de l’environnement.
  • Attention de bien cibler son public et de le mettre en sécurité, dans de bonnes conditions d’écoute.
  • Arriver à une identification (dans un roman par exemple): cela ne concerne pas que les autres.
  • L’incertitude fait que l’on souhaite un ordre ( fascisme, brutalités…)
  • Quel modèle politique proposer face au libéralisme destructeur et à l’échec du communisme ?

Quelques idées personnelles:

La crise, autrement dit l’effondrement de notre monde actuel, est inévitable et surtout nécessaire car notre société est fondée sur la croissance infinie dans un monde limité. L’arrêt de la croissance économique signifie la perte des fondations de ce système ravageur.

La crise fait peur, à juste titre, car elle s’accompagne de violences extrêmes (qui ont déjà commencé). Cependant il existe de vraies raisons d’espérer: les difficultés rendent les gens plus solidaires, l’expérience le prouve. Les périodes post-crise, historiquement, ont toujours été heureuses et calmes: on est moins nombreux, on a donc assez de place et de nourriture, on reconstruit, on s’entraide, on retrouve le bonheur des relations humaines. On évite les conflits, d’ailleurs inutiles.

Livres conseillés:

  • Nous sommes l’étincelle
  • Partout le feu
  • Les chevreuils rusés (pour les jeunes)

Deuxième conférence-débat, préparée par la Ville de Lyon :

Humains/Non-humains – Vers une santé globale

  • Grégory Doucet – Maire de Lyon
  • Anne Souyris – Sénatrice de Paris
  • Camille Besombes – Médecin spécialiste des maladies émergentes
  • Mélody Nicoud – Architecte, Présidente de l’association Santérritoire.

A.S. commence par une précision: La santé n’est pas seulement l’absence de maladie, c’est un bien-être physique, mental et social. Elle est induite par la génétique, le comportement et l’environnement. Elle remarque que les citoyens sont en avance sur les politiques dans ce domaine. Il existe une association Santé France Urbaine, plus directement préoccupée par la santé en milieu urbain, comme son nom l’indique.

M.N. donne des exemples de domaines reliant environnement et santé: l’éclairage public, les ombrières… Pour elle, il s’agit de mettre de la conscience dans la matière, impliquant la tête, le coeur et les mains.

La démarche ERCA consiste à: Eviter de nuire/Réduire sa consommation/Compenser/Améliorer en soignant les lieux.

Rappel: l’air intérieur est 2 à 5 fois plus pollué. La qualité de l’air est un souci pour beaucoup de nos concitoyens.

Les villes et les habitations abritent des animaux dits liminaires: rats, pigeons… et des champignons, entre autres.

Il y a quelques années, la mode était à l’hygiénisme. On enrobait les cours d’écoles, on refusait plantes et animaux dans les établissements publics (EHPAD…). On fait aujourd’hui le chemin inverse. D’après une étude de 1984, un patient hospitalisé guérit souvent plus vite si la fenêtre de sa chambre donne sur un espace naturel.

C.D.: D’actualité sous nos latitudes aujourd’hui, la Dengue, véhiculée par un moustique et une fièvre hémorragique dite du Congo , véhiculée par une tique des pays chauds. Ces maladies arrivent dans de nouveaux environnements, dus au réchauffement climatique et à une évolution récente des territoires. (artificialisation, perte de haies et de biodiversité…). L’impact sanitaire est visible à long terme, au moins cinq ou dix ans après un aménagement du territoire.

Pour nous préparer, le discours emploie souvent des termes guerriers : couvre-feu, insecticides. On cherche un temps court de réaction. Le temps long, plus efficace et moins dommageable, demande plutôt une dizaine d’années. Cela passe par une identification des contextes et paysages écologiques d’émergence et une étude et préservation des écosystèmes. L’écologie de la santé date des années 1960-1980. La recherche sur un territoire donné est multi-spéciste et recherche plusieurs maladies, avec l’aide d’acteurs variés (LPO par exemple). Il convient de surveiller en amont afin de déterminer quand et comment le territoire peut devenir pathogène. C’est la « landscape immunity ».

Il est urgent de réensauvager les communs latents (parcelles communales inutilisées) mais c’est aussi une remise en cause d’un modèle politique et économique.

G.D.: La maladie peut transformer une société, voire le récent exemple du Covid. L’origine de la dernière grande épidémie de peste se situe dans l’Himalaya: un micro-réchauffement climatique a poussé les gerbilles porteuses de ce bacille à changer de territoire.

La santé d’une population est aussi de la responsabilité de l’élu. Contrairement à une recherche de performance immédiate avec un objectif d’efficacité maximale, tout cela dans l’urgence, il convient de rechercher plutôt la « robustesse », c’est-à-dire la capacité à faire face à des modifications imprévues. Cela entraîne une durabilité de la réponse, beaucoup plus économique que le coup par coup. Mais comment transformer le système actuel?

Il faudrait 10m²d’espace vert / habitant comme condition d’une bonne santé. Le lien humain/nature est primordial et passe beaucoup par une alimentation saine qui préserve l’environnement, la santé animale et aussi la santé sociale en retrouvant le temps et le plaisir de manger ensemble. A Lyon, la « Maison engagée de la solidarité et de l’alimentation » propose une cuisine, une épicerie et un restaurant solidaires, avec l’aide de nombreux bénévoles s’impliquant quelques heures par semaine.

Autres projets: la ville nourricière et presque auto-suffisante, le Contrat local de Santé avec des formations et de nombreux partenaires (ARS, médecins, COM COM, associations …). On n’a pas encore compris à quel point la commune est un acteur de la santé.

L’objectif santé permet de faire accepter certaines contraintes. Exemple: la lutte concertée contre le moustique-tigre passe par des écogestes, des plantes, des nichoirs et préservation de l’habitat des prédateurs comme la chauve-souris.

Interventions du public et réponses:

  • Quelles évaluations d’impact sur la santé des diverses actions mises en oeuvre ? Il n’y a pas de statistiques ou de travail cartographique par exemple sur l’émergence de cancers du foie et l’utilisation de PFAS.
  • Mettons en prison les empoisonneurs !
  • Quelles réponses pour les besoins fondamentaux des plus pauvres ?
  • Il serait pertinent de flécher certaines dépenses de santé extrêmement onéreuses pour quelques cas individuels sur des aspects plus largement collectifs. En gros, laisser tomber les cas désespérés.
  • A-t-on remarqué une baisse de la violence des scolaires suite à une introduction de surfaces plus naturelles (verger, jardin, arbres…)?
  • Les élus auraient besoin de plus d’informations de la part de l’ARS.
  • La réponse ne concerne pas que le soin. Il faut repenser le financement, l’organisation du système de santé actuel.
  • Le travail avance, même s’il est encore parcellaire.

Causerie conviviale avec Cédric Villani: une relecture écologiste de Blaise Pascal

Public nombreux, les gens sont-ils venus pour Pascal ou pour Villani ? Le titre attise la curiosité en tous cas. est-ce un défi que s’est lancé C. Villani par jeu ? En tous cas, le sujet est brillamment traité. Evidemment, comme précédemment, ces quelques lignes reflètent ma vision des choses et ne sont pas forcément fidèles à ce qu’a voulu exprimer le conférencier.

C.V. revient en préambule sur la richesse intellectuelle du XVIIème siècle, avec son bouillonnement et ses contradictions. S’ensuivent quelques précisions biographiques, en particulier sur cette étrange expérience mystique de la Nuit de Feu et sur l’invention de la Pascaline, sorte de première calculette.

« Les libéraux s’attachent aux erreurs, la Gauche aux contradictions et les Ecologistes aux paradoxes »/ Serge Moscovici

Pascal aime les paradoxes, allier le coeur et la raison, s’interroger sur la « machine » humaine. Le premier titre de son célèbre texte sur le pari était d’ailleurs « Le Discours de la Machine ». Pour lui, il est impossible de vraiment connaître l’homme si on l’exclut de son environnement. Il convient de connaître le tout si l’on veut comprendre la partie et inversement. Cette importance des liens est une base de la pensée écologique d’aujourd’hui.

L’homme est de nature fragile par rapport aux forces terrestres. Ce roseau pensant a cette caractéristique cependant: il sait qu’il est mortel. Cette humilité est aussi une caractéristique de l’écologie: on ne maîtrisera pas tout.

« L’homme est la Nature prenant conscience d’elle-même » / Elysée Reclus (entre autres qualités, il est une sorte de précurseur des végétariens)

Sur l’intelligence animale, Pascal s’oppose à Montaigne. Encore un point de proximité avec la pensée écologiste. On peut le voir comme un philosophe « décroissant » en ce qu’il aime « Vivre tranquillement avec ses amis ».

Surtout il imagine cette métaphore qui pourrait s’appliquer à nous aujourd’hui face au dérèglement climatique: Un homme dans un cachot, à qui il ne resterait qu’une heure à vivre mais qui pourrait utiliser cette heure à se sauver, va-t-il préférer jouer au piquet ? Ce serait absurde.

Souvent opposé à Descartes, il pense que le coeur permet d’accepter les changements, pas la raison. Nous avons peut-être perdu beaucoup de temps à nous adresser à l’intelligence de nos compatriotes et même de nos décideurs. Bien sûr, les écologistes représentent une strate socio-politique de la population où les sciences et les intellectuels comptent beaucoup mais, en politique, la bonne formule compte plus que le bon raisonnement. Pascal, un allié stratégique ?

Film conseillé: Ma nuit chez Maud

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Janvier 2024


Du fond du coeur, je souhaite une belle année 2024 à tous mes abonnés et visiteurs. Surtout, je souhaite que nous trouvions la force de garder confiance en l’avenir, malgré les évidentes raisons d’en désespérer. En effet, tout déséquilibre permet d’avancer et de trouver/inventer une meilleure stabilité. Les crises et ruptures sont effrayantes, souvent catastrophiques, mais c’est la seule façon de nous améliorer personnellement et globalement, parfois beaucoup plus tard. Alors, gardons le cap malgré les tempêtes et profitons de chaque minute d’un présent où nous sommes vivants, ensemble, ancrés sur une des plus belles planètes de l’univers.

Conseils :

Lecture: 

  • Le stupéfiant roman BABEL, de la talentueuse et érudite autrice R. F Kuang. Comment Etymologie et Géopolitique pourraient être intimement liés ?

Jeux:

  • Sur les traces de Darwin – Parties rapides, sans compétition trop présente.
  • Le Jeu des Ecogestes – De Marie-Laure et Vincent Rouzé – Compter 1H30.

Restaurant:

  • A Chalon/Saône : Les Canailles ( Réservation obligatoire)
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Automne 2023


J’ai choisi cette image parce qu’elle est positive et que les associations et leurs bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie pour le bien commun nous proposent une voie loin de la morosité ambiante.

Autre nouvelle positive: la sortie du film « La Fiancée du Poète » de et avec Yolande Moreau.

Je salue aussi la commercialisation d’un jeu très intéressant: Le Jeu des Ecogestes. Né en Bourgogne-Franche Comté, ce jeu nous fait réfléchir sur les moyens de concilier fin du monde et fin du mois. Merci à ML et V Rouzé. Il existe en version pdf ou matérialisée. https://www.graine-bourgogne-franche-comte.fr/wp-content/uploads/2023/03/JEU-FIN-DU-MONDE-FIN-DU-MOIS-LES-ECOGESTES-tous-les-PDF.pdf

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Juillet 2023


Bienvenue aux nouveaux abonnés !

Le mois de juillet va très bien commencer avec les journées mémorables du festival Alternatiba du Village des Alternatives. J’espère que je pourrai voir certains d’entre vous sur place. Tous les renseignements ici.

Désolée pour ceux qui habitent sur d’autres continents.

Pour revenir au quotidien, j’élis chaque jour un « petit bonheur du jour », puisé parmi tous ceux qui ont fait ma journée. Il se doit d’être petit et inattendu. En voici deux exemples récents:

  • Un jeune garçon en mobylette, heureux que je me sois arrêtée pour le laisser passer, a effectué pour moi toute seule une série de cabrioles compliquées pendant presque un kilomètre avant de me faire un petit signe et de s’en aller. C’était trop mignon.
  • Un chevreuil m’a longuement observée, à quelques mètres sur un chemin, avant de se sauver avec les typiques sauts si légers. Il est resté à proximité dans un champ, croyant que je ne le détectais pas mais je voyais ses deux oreilles tournées dans ma direction au-dessus des blés.

Chaque jour nous apporte un bonheur, il suffit d’être attentif et de remercier la Vie.

N’hésitez pas à mettre vos meilleurs exemples de « bonheurs du jour » en commentaire.

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Mai 2023


Méditation printanière

Tout d’abord, bienvenue à mes nouveaux abonnés. Il y a maintenant tellement d’articles sur ce blog que chacun peut y trouver matière à amusement ou réflexion, selon ses envies.

Voici donc revenu le joli mois de mai, qui est aussi le mois où fleurissent traditionnellement les colères populaires. Il semblerait que la mode des casserolades d’antan soit revenue.

Le premier article du mois s’intitule La Colère.

Comme d’habitude , cette page se remplira au fur et à mesure, n’hésitez pas à revenir.

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Avril 2023


Mon âme est partagée en ce début de printemps entre l’éveil du jardin et l’espoir et même l’enthousiasme qu’il suscite à chaque fois et une actualité pregnante. Un des articles les plus lus de ce blog traite d’ailleurs d’un magnifique texte du roi poète Charles d’Orléans: Le temps a laissé son manteau – Charles d’Orléans

Etymologie de « enthousiasme »: inspiration par le divin, communication divine.

L’actualité est moins brillante. J’aimerais simplement ici donner mon avis personnel sur les violences. D’abord, ce qu’elles annoncent. On le sait bien, à mesure que la vie va devenir plus difficile: pénurie de matières premières, de biens de consommation courante ou pire encore d’élément vital comme l’eau, les violences vont surgir et s’accentuer. Le sentiment d’injustice va faire grandir les colères et la colère est aveugle et non constructive.

Je me place donc du côté de la non-violence. Ceci dit, je serais capable de violence, comme chacun de nous, si on touchait à ce que j’ai de plus cher, comme la vie de mes enfants ou, par extension, les conditions de leur survie. L’eau potable, bien commun par excellence, va manquer si nous n’y prenons pas garde. Les réserves accumulées pendant des siècles et préservées dans nos sous-sols sont actuellement pompées par quelques privilégiés pour faire pousser du fourrage pour les animaux. Il y a de quoi se mettre en colère.

Les foules étant ce qu’elles sont, il appartient aux dirigeants de ne pas laisser s’installer les conditions des révoltes et de favoriser le dialogue. Dans une démocratie, les élus sont au service du peuple et non d’intérêts privés et dans une république qui se dit égalitaire comme l’annonce la nation française dans sa devise, aucun homme ne doit jouir de privilèges. Il semble aujourd’hui que ce pacte est rompu. Nous sommes au coeur de nombreuses dénonciations stupéfaites de la part de toutes les autres démocraties attachées aux droits de l’homme.

Je fais une énorme différence entre les violences individuelles, même commises en groupe, et bien sûr condamnables, et les violences d’état, surtout si elles n’ont pas à répondre devant la justice. Il ne s’agit même pas d’un niveau de violence, il s’agit du droit à être violent lorsqu’on n’est pas menacé. Sur des journalistes ou sur des secouristes, par exemple, ou sur des personnes à terre, a fortiori des blessés sur des civières.

La préfète a accepté ce type de violences pour défendre un simple trou dans la terre, appartenant à des privés et dont l’exploitation n’a pas été autorisée par la Justice. Cela pose question. Que serait-il advenu s’il n’y avait pas eu de forces de police à Ste Soline, sauf les habituels observateurs ? Rien. Aucun blessé. Aucun dégât. Aucune voiture de police brûlée. Des gens auraient certes piétiné des prés mais aucun jeune, aucun citoyen, ne serait aujourd’hui en danger de mort. Qui en sort gagnant ? A qui profite le crime ? et surtout cela en valait-il la peine ?

Sinon, il y a les films à voir en ce moment:

  • Emily – de France O’Connor – un biopic sur Emily Brontë qui propose une base pour mieux comprendre cette écrivaine géniale. Je suis un peu restée sur ma faim et le rythme n’y est pas.
  • The Lost King – de Stephen Frears – inspiré par l’histoire vraie de Philippa Langley, à laquelle il est enfin rendu justice. Le parti pris naïf de l’apparition du roi m’a un peu agacée mais, même si ça paraît contradictoire, j’ai bien apprécié l’idée qu’on a besoin de tous les potentiels. En ce sens, le différent, le féminin dans un milieu masculin ou le profane dans un milieu scientifique par exemple, est porteur d’ouvertures vers des pistes jusque là inexplorées. Beaucoup d’autres questions intéressantes sont soulevées, comme le fait de ne pas réduire une personne à son seul aspect physique, celui de privilégier les nuances dans un portrait ou les motivations d’une recherche aussi passionnée. J’ai appris aussi que Richard III, le roi jusque là maudit, était à l’origine de la présomption d’innocence. Ce n’est pas rien, lorsqu’on monte sur le trône en 1483 et qu’on meurt à 32 ans. Soucieux d’étendre la justice à tous, le dernier des Plantagenets impose aussi la traduction en anglais des lois rédigées en latin. Un roi en avance sur son temps.

Cadeau pour les nouveaux abonnés : https://www.france.tv/france-2/un-dimanche-a-la-campagne/4707451-imaginer-l-amour-avec-juliette-armanet.html

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Mars 2023


Bienvenue aux nouveaux abonnés ! Bienvenue aussi à ce mois printanier, avec ses fleurs fragiles, courageuses et colorées.

On se souvient que les adventices ou « mauvaises herbes » peuvent être utiles pour les abeilles et autres insectes polinisateurs, en particulier les pissenlits. Et on ne taille plus les haies après le 15 et cela jusqu’au 31 juillet.

On profite de quelques fleurs et feuilles tendres pour en mélanger à la salade, comme les feuilles de pissenlit et les fleurs et feuilles de primevères. Varier la nourriture permet de répondre plus largement aux apports nécessaires à une bonne santé.

Si vous ne l’avez pas fait et si vous avez un jardin, ce peut être le moment d’installer des réservoirs fermés d’eau de pluie. Si vous laissez un arrosoir ou un seau rempli d’eau, pensez à placer un bâton dedans pour permettre à un animal (insecte, lézard…) de sortir facilement.

Ce blog commente peu l’actualité. Cependant, pour ceux qui ont déjà assisté à une Fresque du Climat ou qui se sont un peu renseigné, les soubresauts actuels ne sont que les prémisses d’un futur « compliqué », comme il est d’usage de dire maintenant. Les effets du dérèglement climatique sont aussi sociaux et géopolitiques. Outre donc les événements climatiques extrêmes, qui peuvent entraîner des famines et des écroulements de bâtiments, entre autres catastrophes, nous allons connaître des violences. La peur entraîne des violences, or nous avons peur de beaucoup de choses disparates comme par exemple de ne plus bénéficier du même confort, de devoir partager la pénurie, d’accueillir de plus en plus de réfugiés, de manquer d’eau selon les cas pour les besoins élémentaires ou pour remplir sa piscine, de ne pas vieillir en paix, de tomber malade, de ne pas pouvoir être soigné, mais aussi la peur de la guerre, de la fin de la démocratie, etc. Cette peur éveille une colère qui s’accompagne d’une intolérance à l’injustice et aux privilèges. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres, une étincelle souvent symbolique. Lorsque ceux qui demandent un effort aux autres ne participent pas à cet effort, il y a danger. Ainsi lorsque des députés qui bénéficient d’un excellent restaurant gratuit refusent la gratuité d’un repas étudiant par jour, sans même améliorer le projet s’il présente des difficultés d’application, ou lorsqu’ils proposent une loi sur les retraites qui ne change aucunement leur propre retraite atteinte au bout de six ans, ils rompent de fait un dialogue pourtant hautement nécessaire.

Et puis il y a la peur du pays voisin et l’escalade de la violence et des vengeances successives, attisant une haine fabriquée au départ. Et chaque crise rebat les cartes, avec des gagnants et des perdants. La seule différence aujourd’hui, c’est que les gagnants vont beaucoup souffrir aussi, ils n’ont qu’un petit sursis. Quand les humains auront compris ça, ils seront peut-être prêts à faire de vrais efforts pour l’habitabilité durable de notre planète.

Films:

  • La Syndicaliste: non seulement on ne voit pas passer les deux heures mais je souhaite que ce film fasse beaucoup d’entrées, en solidarité. Et pour éveiller les consciences. De grands groupes financiers et parfois aussi des individus aux méthodes de gangster tentent toujours de s’approcher des élus au pouvoir. La corruption s’accompagne de menaces et de violences. Honneur à ceux qui ont eu le courage de résister.

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Plat végétarien à la polenta


Ingrédients:

Pour la pâte:

  • 100 gr farine
  • 150 gr de polenta
  • levure de boulanger
  • 25 cl de lait tiède
  • 2 oeufs
  • 1 cs huile d’olive
  • sel poivre

Pour la garniture:

  • 2 poivrons rouges grillés et pelés
  • 1/2 boite d’aubergines marinées en sauce tomate
  • 100gr champignons de Paris, pelés et coupés en lamelles (au dernier moment)
  • 100 gr fromage de chèvre émietté (ou parmesan)
  • origan

1/ Mélanger la farine et la polenta et faire un puits au milieu

2/ ajouter la levure et le lait tiède, le sel et poivre, les oeufs

3/ mélanger pendant 6 mn puis laisser reposer 30 mn

4/ rouler la pâte pour obtenir un disque (du diamètre de la poele)

5/ Chauffer l’huile dans une très grande poele et faire cuire 5mn de chaque côté

6/ étaler la pâte sur une plaque à four et disposer tous les ingrédients dessus dans l’ordre: aubergine, poivrons et champignons, fromage, origan, sel poivre.

7/ Passer au grill quelques mn en surveillant

C’est un peu long à faire et pas très présentable mais absolument délicieux et bien équilibré.

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Sauver la beauté du monde


Photo prise dans le parc d’un petit manoir situé à Charentay, au pied du Mont Brouilly : l’Ancre Vive est une maison d’hôtes où l’on se fait choyer. Crédit photo Dominique Guillen.

Et si les valeurs fondatrices du monde de demain étaient en train de poindre ?

J’ai été émue par le documentaire Antartica, proposé par ARTE le 11 février. Quelle aventure humaine exceptionnelle ! Partager une telle émotion est un des moments rares et précieux d’une vie. Admirer la beauté du monde nous redonne notre humanité.

Je me demande si nous ne sommes pas partis sur une piste inefficace en tentant d’expliquer les causes du réchauffement climatique et d’informer inlassablement des gens qui refusent de savoir. Cela fait peur et ne donne pas envie d’agir, oui, même pour sauver la vie et le bonheur de nos enfants et égoïstement pour avoir une chance de mourir dans notre lit. Ce qui pourrait nous donner l’énergie nécessaire à une réaction salutaire serait peut-être la beauté du Monde et pour cela d’abord apprendre à la voir.

Ce qui me donne espoir depuis quelques mois sont les nouvelles demandes populaires qui apparaissent. En effet, une société se fonde sur des valeurs communes, tout changement radical passera donc nécessairement par l’émergence d’autres valeurs partagées. Les mouvements sociaux actuels mettent en priorité le temps libre comme un droit inaliénable, comme si on prenait subitement conscience du leurre du travail ou de l’argent.

L’idée n’est pourtant pas nouvelle, elle est latente mais limitée jusque-là à quelques groupuscules. Née à La Belle Epoque avec le « Refus de Parvenir » de certains anarchistes, elle s’est poursuivie en Mai 68 puis quelques années plus tard s’est illustrée par les retours vers le Larzac ou plus récemment par les ZAD.

Aujourd’hui, des étudiants prometteurs optent pour une vie sobre et responsable, tout simplement parce qu’ils sentent là une possibilité d’être plus heureux, plus alignés avec leurs convictions profondes. La vidéo des huit étudiants d’AgroParisTech a été vue plus de quatre millions de fois, soulignant le désir, pas toujours réalisé, de suivre leur exemple.

 La société de consommation aurait-elle vécu ?

Nous n’en sommes malheureusement pas encore là. Les choix individuels sont encore fortement conditionnés par les publicités et les images véhiculées par les films et les media et le souci du collectif ne prime pas encore sur l’individuel. Nous continuons d’enlaidir considérablement la Planète, cette véritable œuvre d’art dans laquelle nous vivons comme des rustres. Aucun animal au monde ne choisit comme nous d’habiter au milieu de ses excréments et de ses déchets, de nager parmi les sacs plastiques ou de marcher sur des chemins bordés de papiers gras.

Marguerite Yourcenar fera dire à l’Empereur Hadrien : « Je me sentais responsable de la beauté du monde ». La défense de la Beauté pourrait-elle devenir une valeur collective prioritaire et être perçue comme un programme politique ? La présence de la Beauté pourrait-elle apporter une des conditions de la joie qui manque à nos sociétés dites « avancées » (avancées dans l’erreur peut-être !). Je me souviens du témoignage d’une femme qui avait décidé de mettre fin à ses jours lorsque, dans la rue qui menait au pont duquel elle avait l’intention de se jeter, elle entendit une sonate de Bach. Elle prit, le temps d’une pause, un plaisir sensoriel et intellectuel qui la réconcilia avec la vie, avec l’humanité peut-être, dans ce qui l’élève.

Politiques aussi sont les Grandes Transformations dont parle le penseur Joël Gayraud. Celle qui place le fonctionnel devant l’esthétique, l’utilitaire devant le non-quantifiable, celle qui laboure les chemins et abat les haies et celle, plus récente, qui nous sépare de la réalité tangible par l’utilisation de nouvelles technologies. Nous sommes en train de perdre l’essence même de la vie : les amitiés deviennent virtuelles et depuis la dernière pandémie nous développons une peur du contact de l’autre et d’expériences insuffisamment sécurisées et aseptisées. Les vidéos en 3D remplacent les promenades en forêt, promettent même de nous croire oiseau ou alpiniste de haut niveau depuis notre fauteuil. Poser comme autrefois sa main sur la rugosité d’un tronc d’arbre, frissonner dans le froid, sentir l’odeur des feuilles mortes, rire des cabrioles d’un animal, entendre ce que raconte le vent, admirer un vol de faucon, tout ceci ne rapporte rien, n’est pas monnayable. Nous avons juste oublié que c’est essentiel.

Je recommande vivement la lecture des articles du magazine Hors-série SOCIALTER intitulé Comment Nous Pourrions Vivre, dont je me suis en partie inspirée.

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Février 2023


Lac des Prés Saint-Jean – Chalon sur Saône

J’aimerais partager avec vous un instant, qui a eu lieu quelques minutes après que cette photo a été prise, en décembre.

D’abord le décor: le vent qui souffle des rides sur l’eau, les nuages qui se mirent à la surface, l’herbe verte et drue, les arbres bienveillants, rassurants. Une température douce, sans doute trop pour l’hiver, mais dont la clémence engage à sortir et à marcher devant soi dans une sorte de douce euphorie.

Puis les personnages: deux chiens, un très jeune, plein de ce désir d’enfant de s’amuser encore et encore et l’autre déjà plus tranquille mais qui se prête au jeu. Et puis les cygnes, assez nombreux mais pour le moment dispersés.

L’action: Le jeune chien se précipite dans l’eau et éclabousse joyeusement tout autour de lui. Il a vu un des volatiles, on ne sait pas s’il y prête attention, s’il envisage de s’approcher, mais c’est possible. L’instinct n’est jamais loin. Alors tous les cygnes présents, les cygnes aux mouvements invisibles, glissent sur l’eau jusqu’à se mettre juste assez loin du rivage pour que le chien n’ait plus pied (ou pattes, comme vous voulez) et en un arc de cercle parfait autour de lui. L’avertissement est clair, du type:  » Un pour tous, tous pour un ». « Bon, dis le jeune chien, finalement, je vais plutôt aller jouer un peu plus loin, sur la terre ferme. »

Mes lectures du mois:

  • Le dernier Gounelle, intitulé Le Réveil, ne laissera personne indifférent.
  • La Diagonale des Reines, de Werber. Un jeu philosophique intéressant.
  • Blackwater, de Michaël McDowell. Tellement bien écrit, fantastique juste ce qu’il faut et délicieusement féministe. J’ai beaucoup aimé le premier volume, ensuite, disons que c’est une lecture facile et on continue mais on se lasse vraiment de cette famille de gentils riches qui savent comment gagner de l’argent et qui traitent si bien leurs employés et leurs domestiques bien que ceux-ci soient corvéables à merci, de générations en générations. Et puis les études, la culture, ce n’est pas si important. Je suis peut-être passée à côté d’un deuxième ou troisième degré…

Mes films du mois:

  • Avatar en 3D (sinon rien). Une bonne soirée.
  • The Banshees of Inisherin. Il ne plaira pas à tout le monde mais je suis complètement rentrée dans l’atmosphère, dans cette terrible histoire d’amitié blessée, atteinte jusque dans sa chair. Il faut dire qu’il est superbement joué, en particulier le rôle du jeune idiot du village, tellement émouvant, tellement digne finalement. Un dialogue de sourds, chacun restant sur sa logique et la pâte des hommes se muant en cruauté pure. Incompréhensible, comme les guerres, comme une guerre civile plus particulièrement. Avec l’alliée de tous les conflits: la bêtise, surtout quand elle détient un petit pouvoir de maintien de l’ordre.
  • Godland. Un chemin de croix, dégoulinant de pluie d’un bout à l’autre. Malgré des paysages islandais sublimes et une très belle musique de générique, on reste sur sa faim.
  • Divertimento: deux heures de pur bonheur ! On en redemande. A voir et écouter absolument. Je veux la BO.
  • La Montagne: Des paysages sublimes malgré une musique peu en accord, un jeu très fin des acteurs, une idée originale : la Montagne qui tombe amoureuse d’un homme et l’invite à lui faire l’amour. Un rythme propice à la méditation. Pour amateurs du genre.
  • La Grande Magie: C’est d’abord un film musical et original comme je les aime. C’est aussi une profonde réflexion sur la vie, la mort, la liberté, l’emprise qu’on a sur les autres, l’image qu’on donne de soi … Nous sommes tous les magiciens de nos propres vies. La boîte, le cercueil peuvent être des images de prison ou d’enfermement ou au contraire d’extrême liberté. On peut s’enfuir par le double fond d’un cercueil et on peut tout imaginer du contenu d’une boîte, à condition de ne pas l’ouvrir. La vie imaginaire peut s’avérer beaucoup plus réconfortante que la vie réelle mais on peut aussi choisir de vivre intensément un instant, au point d’en mourir. On s’amuse avec les thèmes de la crédulité, de la foi, de l’envie ou du besoin maladif de croire … Par exemple, l’argent qui nous permet d’acheter notre confort circule sous la forme d’images : la valeur des billets n’existe que parce que nous en sommes tous persuadés. Bref, on pourrait en parler pendant des heures.
  • Les Choses Simples: Moins simpliste que l’annonce de son titre, ce beau film sur l’amitié mérite d’être vu. On peut se laisser aller à un bon moment de rire et d’émotion. J’ai apprécié particulièrement l’originalité des toutes premières images.
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Accueillons l’année 2023


Chers et chères passagers de mes mots,

Jamais je n’ai été aussi bouleversée qu’à l’occasion de ce passage symbolique vers une nouvelle année. Janus, le dieu des portes, celui qui regarde à la fois vers le passé et l’avenir, semble avoir laissé ouverte la porte du Temple, celle qu’on laisse fermée en temps de paix. Rarement le bruit des bottes n’a été aussi inquiétant sur notre planète.

Je sais par expérience que chaque année nous apporte et nous enlève quelque chose. Notre caractère humain nous pousse à soupirer bruyamment sur ce qui nous a été arraché et à ne pas toujours être conscient de ce qui nous est offert en échange et cela sera encore plus difficile cette année. En effet, nous entrons dans une période ou le retrait est matériel et l’apport plus spirituel. On peut appeler cela « cure d’amaigrissement » ou « sobriété », « recentrage sur l’essentiel » ou « pénurie », selon que l’on est de nature confiante et joyeuse ou que l’on reste attaché au confort matériel. Je ne cache pas que j’oscille entre les deux, mon coeur accueillant volontiers cette nouvelle ère plus alignée avec mes valeurs tandis que mes mains s’accrochent désespérément aux biens accumulés, qui sont autant de souvenirs.

Dans la symbolique de l’ancien alphabet hébraïque, nous arrivons je crois à la dix-neuvième lettre: Qof. Elle a la forme d’une hache. Voici un extrait des Fantômes du Futur :

La hache est un outil dangereux mais combien nécessaire pour élaguer les branches inutiles. Avec ce nouvel instrument de destruction éclairée, la hache du discernement, nous acquérons le pouvoir de nous séparer du superflu et de nous affranchir de nos illusions. Ce n’est que lorsque nous aurons abandonné toutes les fausses richesses du monde de la matière par une coupure nette et au besoin violente que nous pourrons passer par le chas de l’aiguille.

Laissons le mot de la fin à un personnage d’Oscar Wilde: « We are all in the gutter but some of us are looking at the stars »/ Nous sommes tous dans le caniveau mais certains d’entre nous regardent vers les étoiles ».

C’est un bonheur d’appartenir au groupe de ceux qui, d’où qu’ils soient sur cette Terre, se retrouvent sur ce blog et, à n’en pas douter, regardent vers les étoiles.

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La civilisation métallique


Nous vivons au milieu des métaux que nous avons aspiré hors des roches de notre planète. Nous respirons ou avalons des métaux lourds dès notre plus jeune âge, nous voyageons dans des oiseaux ou des coursiers d’aciers, nous habitons dans des constructions aux angles vifs. Les fenêtres en aluminium ou les escalators, les lampes, les ponts… où que nous portions le regard, les créations humaines sont anguleuses et brillantes. Où que nous posions la main, les matières usinées sont froides et dures au toucher. Nous vivons dans la démesure de toutes les dimensions: les hauteurs, les distances, les rythmes de vie. Tout n’est que façade lisse où rien ne pénètre. L’air même n’y est pas naturel, chauffé ou refroidi, nettoyé, modifié, transportant jusqu’à vos narines des parfums synthétiques ou des odeurs d’usines. Les lumières sont faussement colorées, violentes jusque dans le confort étudié qu’elles apportent non pas à une personne mais à un individu type, issu de moyennes et de savants calculs. Quelqu’un qui n’existe pas vraiment.

Parfois je me promène dans le passé, dans de vieux quartiers où une tour ronde vous salue au détour d’une ruelle, où l’herbe pousse entre les pavés, où l’armature des maisons est faite de vieilles poutres de bois. La terre, le grès, le végétal m’accompagnent lorsque je descends dans une cave voutée. Il y fait frais et sombre, c’est ainsi. Je vais m’adapter. Le sol n’est pas plat, chaque pas est une découverte, un risque que l’on prend peut-être. Ça s’appelle vivre, je crois. Je peux ressortir, poursuivre mon errance, je n’ai plus de montre. Le soleil indique plus de seize heures. J’appuie ma joue contre une pierre ocre qui a chauffé tout le jour. Elle me parle, elle est rugueuse et porte la trace des ans. Rien de net et d’aseptisé. Et parfois, ça fait du bien.

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Gratin de Butternut façon Christian


Faites cuire la butternut épluchée et détaillée en gros cubes à la vapeur jusqu’à ce qu’ils soient tendres.

Les placer ensuite dans un plat à gratin, mélangés à 150 grammes de lardons, avec de la ciboulette et du persil frais.

Poivrez mais salez très peu à cause des lardons déjà salés.

Saupoudrez de noix de muscade râpée, de pignons de pins (ou cerneaux de noix) et versez 10cl de crème liquide.

Recouvrir de parmesan râpé.

Faire gratiner au four entre 15 à 20 mn à 200 degrés.

A déguster bien chaud.

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Vents


Un partage d’un extrait de Vents, de Saint-John Perse, poète toujours difficile à expliquer mais qui fait grand effet sur mon âme. Ces vers éveilleront sans doute d’autres échos pour vous. Le recueil est paru en 1968 mais j’ai la faiblesse de les lire à l’aune de mon époque misérable, ce qui est peut-être les trahir mais est-ce un hasard si cette page s’est ouverte aujourd’hui sur « Eâ »?

Eâ est le dieu de la sagesse mais il est lié aussi aux eaux douces souterraines, il correspond plus précisément à une nappe phréatique de Mésopotamie. (Source Wikipédia). Son nom pourrait signifier en sumérien « maison de l’eau ». Il est souvent présenté comme celui qui trouve les solutions aux problèmes les plus graves, c’est dire s’il est le bienvenu en cette année 2022 où nous avons franchi la limite planétaire de l’eau verte.

Petite explication: l’eau verte est celle qui s’infiltre dans le sol et hydrate les plantes. L’eau dite « bleue », quelle que soit sa couleur, est celle qui court dans nos rivières. Les neuf limites planétaires sont les seuils à ne pas dépasser pour ne pas compromettre les conditions de la vie sur Terre, parfois de manière irrémédiable et définitive. Nous en avons déjà dépassé six.

Mais revenons aux vers du poète:

« …Eâ, dieu de l’abîme, les tentations du doute seraient promptes

Où vient à défaillir le Vent…Mais la brûlure de l’âme est la plus forte,

Et contre les sollicitations du doute, les exactions de l’âme sur la chair

Nous tiennent hors d’haleine, et l’aile du Vent soit avec nous! »

Chez Saint-John Perse, le vent est perçu positivement, quand bien même il se mue en ouragan. Il fait bouger les lignes, il nous pousse à nous réinventer, à sortir de notre zone de confort en dépoussiérant les vieilles idées et les habitudes trop ancrées. Il nous donne des ailes ou en tous cas nous accompagne de son aile.

Le doute est le propre de l’humain, face à l’avenir, face aux nouvelles idées, face à ce que pourrait être sa vie. L’âme, au contraire, le pousse presque sauvagement (« brûlure », « exactions ») à avancer.

« Car au croisement des fiers attelages du malheur, pour tenir à son comble la plénitude de ce chant,

Ce n’est pas trop, Maître du chant, de tout ce bruit de l’âme-

Comme au grand jeu des timbres, entre le bol de bronze et les grands disques frémissants,

La teneur à son comble des grands essaims sauvages de l’amour.

Une envolée mystique dans ce passage sonore sur l’âme: on y retrouve des rites tibétains (les timbres, le bronze, les disques…), un Maître du chant comme un guide face au « bruit » inorganisé de l’âme. Cet aspect spirituel n’arrive pas au milieu du bonheur mais en plein doute, dans ce « croisement » où le malheur a rendez-vous, d’où qu’il vienne. Mais c’est peut-être dans le malheur qu’on peut se révéler, d’où cette fierté du mouvement (attelage) et cette force nécessaire (« ce n’est pas trop de ») pour atteindre la plénitude.

Il y a cependant de fausses pistes et le Maître semble les dénoncer dans un discours entre guillemets, un peu comme Anubis pesant les âmes:

« Je t’ai pesé, poète, et t’ai trouvé de peu de poids.

Je t’ai louée, grandeur, et tu n’as point d’assise qui

ne faille.

« L’odeur de forges mortes au matin empuantit les

antres du génie.

« Les dieux lisibles désertaient la cendre de nos jours.

Et l’amour sanglotait sur nos couches nocturnes.

« Ta main prompte, César, ne force au nid qu’une aile dérisoire.

Bon, au petit matin, il ne reste rien : des cendres, une aile dérisoire, des forges mortes, une odeur de mort même et l’amour qui sanglote. Tous ces efforts pour se hisser au niveau du génie ou d’un empereur (César) comme un forgeron dans le feu de l’action pour finalement s’apercevoir qu’on s’est fourvoyé. Il y a comme un côté « tâcheron » de l’être humain qui ne sait peut-être pas se laisser emporter avec plus d’innocence. Peut-être faut-il être jeune pour cela.

« Couronne-toi, jeunesse, d’une feuille plus aiguë!

On revient un peu à César et à la feuille de laurier, peut-être faut-il moins réfléchir et plutôt agir lorsque le moment est venu:

« Le vent frappe à ta porte comme un Maître de camp

Tiens, le Maître de chant a perdu un « h »! Le registre est plus guerrier.

« A ta porte timbrée du gantelet de fer.

Si l’on en croit ce qui suit, le gantelet de fer ne cache pas une main de velours:

« Et toi, douceur, qui va mourir, couvre-toi la face de ta toge

« Et du parfum terrestre de nos mains…« 

On se souvient que César s’était couvert la face de sa toge au moment de mourir. On emporte aussi le parfum de la terre et de nos mains qui l’ont travaillée.

Le Vent s’accroisse sur nos grèves et sur la terre calcinée des songes!

Apparemment, on n’aura pas la vie dont on avait rêvé, et le poète semble souhaiter plus de vent encore avec l’emploi du subjonctif. C’est apparemment un temps de grandes migrations mais en marchant dans l’espace, on avance aussi dans le Temps:

Les hommes en foule sont passés sur la route des hommes,

Allant où vont les hommes, à leurs tombes. Et c’est au bruit

Des hautes narrations du large, sur ce sillage encore de splendeurs vers l’Ouest, parmi la feuille noire et les glaives du soir…

Et moi j’ai dit: « N’ouvre pas ton lit à la tristesse. Les dieux s’assemblent sur les sources,

Et c’est murmure encore de prodiges parmi les hautes narrations du large.

Le conte se mêle au présent, tandis que le passé s’efface insensiblement. Nous allons parmi les glaives croyant encore fouler les splendeurs de l’occident mais il n’en reste qu’un sillage de navire. L’Ouest est le lieu où le soleil se couche mais aussi où dans la nuit l’aube déjà se prépare. Mourir pour renaître. Nous pourrions céder à la nostalgie du passé, à la crainte de l’avenir, à la peur du présent. Nous pourrions même porter le deuil de nos rêves. Pourtant, il y a là comme un moment exaltant à vivre : les sources parlent de vie et de renouveau et les dieux s’y assemblent. L’air du large nous appelle à nous élever, à trouver peut-être d’autres valeurs, moins matérielles. La parole est créative et on murmure des prodiges.

Le texte continue un peu puis se termine sur ces mots:

S’en aller! s’en aller! Parole de vivant.

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Les Méga bassines


« Quand le sage montre la Lune, le sot regarde le doigt. »

Ce proverbe semble particulièrement d’actualité en ce moment, alors que médias et politiques glosent sur l’attitude plus ou moins calme ou énervée des « éco-terroristes. » Surtout ne pas parler du fond, ne pas s’intéresser à ce que montrent les écologistes ou ce qu’ils disent mais plutôt à leur apparence, leur coupe de cheveux par exemple.

Alors, qui veut les méga bassines et quels sont leurs avantages et inconvénients?

Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe des méga bassines naturelles, dénommées « nappes phréatiques », qui gardent l’eau en profondeur, sans évaporation, après l’avoir filtrée naturellement. Cette eau potable et de bonne qualité est gratuite et appartient à tous. Chaque végétal et animal sur Terre (je rappelle que les humains font partie des animaux) en a suffisamment pour se désaltérer, se laver et peut se nourrir et s’abriter avec les plantes qui ont elles aussi profité de cette eau. Précisément en Vendée, cette eau alimente et préserve le Marais Poitevin, zone humide d’importance capitale. Oui mais ça, c’était avant.

L’idée géniale de quelques grands groupes financiers est de continuer à cultiver de très grandes surfaces de plantes nécessitant beaucoup d’eau, en plein dérèglement climatique, pour aller les vendre au plus offrant, fût-il localisé de l’autre côté de la Terre. Ces produits agroalimentaires sont destinés à des animaux en batteries ou en usines à viande. Il faut pour cela puiser dans les nappes phréatiques plus d’eau qu’il n’en revient naturellement, ce qui signifie prendre la part des autres humains (petits agriculteurs, familles, particuliers…) plus celle des générations futures ( depuis quand les enfants ont-ils voix au chapitre ?), plus celle des plantes et animaux locaux ( qui heureusement sont muets).

Cerise sur le gâteau, on pourra aussi spéculer sur l’eau lorsqu’elle sera devenue une denrée rare, comme c’est déjà le cas en Australie.

Comme le niveau de l’eau baisse dans les nappes phréatiques, on peut artificialiser une vaste surface de sol en surface ( plusieurs terrains de football), pomper l’eau en grande profondeur puis l’étaler au soleil ( de 20 à 60% d’évaporation quand même!) et à la pollution (bonjour les bactéries et les microalgues) et ceci afin de l’utiliser ensuite plus facilement en toutes saisons.

Et si elle est trop polluée pour être utilisée, c’est encore mieux car on vendra des produits chimiques pour tuer le vivant qui s’est installé dedans. Il faut penser aussi aux emplois de l’industrie. Elle est pas belle la vie ?

Ce qui est ennuyeux, ce sont ces gens, ces gueux pourraient-on dire, qui ne sont pas d’accord avec l’idée géniale et rêvent tout éveillés d’une société où l’intérêt général primerait sur les intérêts privés de quelques-uns. Heureusement la police et la gendarmerie sont là pour protéger ces derniers.

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Une escapade dans le Quercy


Collonges la Rouge

Nous sommes partis de Bourgogne et avons fait une première halte au Château de Lapalisse, qui vaut tout à fait la visite.

Une deuxième halte était dans un des plus beaux villages de France: Collonges la Rouge. J’adore cet endroit, je m’y sens bien, à la fois sereine et dynamique. Nous y avons fait quelques achats chez le coutelier Eustache. Le choix des auberges pour déjeuner est très large mais nous avons opté avec bonheur pour Le Cantou.

Nous avons séjourné dans un chalet « écologique » au Bois de Faral. L’accueil y est formidable, rien ne manque pour le confort des hôtes. http://www.bois-de-faral.com

Saint-Cirq Lapopie est absolument charmant mais il faut être bien chaussé dans les ruelles en pentes. Une jolie excursion en bateau sur la Dordogne, intitulée « la croisière 7 merveilles », avec les commentaires bien tournés d’une jeune guide a bien terminé cette journée.

St Cirq Lapopie

L’arrivée sur le site naturel de Rocamadour nous rend humble.

Rocamadour

Le petit train est incontournable sauf pour les mollets très aguerris. Même si l’on n’est pas croyant, contempler la petite vierge noire comme tant d’autres avant nous, humbles passants ou têtes couronnées, depuis des siècles, nous laisse méditer sur cette chaine humaine ininterrompue. C’est un peu comme si l’on donnait la main à Blanche de Castille ( là, je me laisse peut-être un peu emporter ) Pour revenir sur terre, rien ne vaut un dessert sublime : un sorbet mandarine arrosé de liqueur de mandarine avec une tranche d’orange caramélisée.

Les villages du Quercy ont gardé les anciennes maisons avec un toit bien caractéristique qui leur donne l’air de sortir d’un livre de contes de fées. On y mange peu de légumes, le foie gras et les manchons de canard semblant être la nourriture de base. Je recommande à l’apéritif le Fénelon, association de vin de Cahors, de vin de noix et de liqueur de cassis. Heureusement, plusieurs itinéraires de randonnées permettront de ne pas doubler de volume pendant cette pause gastronomique.

Allez faire un tour à Gourdon, avec ses ruelles médiévales et ses commerces souvent écologiques: brocantes, seconde main, restaurant végétarien, artisans et en particulier la possibilité de stages auprès d’une céramiste meilleure ouvrière de France.

Gourdon

Le parc animalier de Gramat est une jolie promenade à faire et j’ai fait la rencontre d’un raton laveur qui posait littéralement pour les photos.

J’ai pourtant été un peu déçue car si certains animaux bénéficient d’un large espace, d’autres n’ont pas la même chance. Un bon point cependant pour des toilettes sèches innovantes.

Si vous poussez jusqu’à Carlucet, vous serez aimablement reçu sur le domaine du vigneron indépendant et paysan brasseur David Verdier, écologiste convaincu. www.cantemerle4c.com

En revanche, je tairai le nom d’une ferme qui fait beaucoup de publicité. Les pauvres chèvres ne voient jamais le jour, enfermées pour plus de commodité. Eh oui, c’est fatigant d’aller les emmener brouter. La présence du loup est un prétexte bien pratique invoqué tardivement dans la conversation. Il n’en demeure pas moins que, pour ceux qui aimeraient voir gambader leurs chèvres, cela reste un problème difficile et j’en conviens tout à fait. Des solutions existent mais elles sont onéreuses ( emploi d’un berger, présence de chiens spécifiquement dressés, etc.) Quand serons-nous prêts à payer le vrai prix de ce que nous consommons ?

Voilà un tout petit aperçu de quelques bonnes adresses locales. Ajoutez les vôtres en commentaire.

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Quatre Conseils pour se préparer (un peu) à quelques difficultés futures


Je veux d’abord souhaiter la bienvenue à mes nouveaux abonnés. Cela me fait un grand plaisir d’avoir pu vous intéresser par l’un ou l’autre de mes petits écrits.

J’anime souvent des Fresques du Climat – https://fresqueduclimat.org/ et à la fin , on me pose des questions du type: que devons-nous faire ? Par où commencer ?

Je ne suis spécialiste en rien, je n’ai qu’un peu de bon sens à vous proposer pour vous préparer tant bien que mal à un avenir probablement compliqué. Je n’ai aucune information sur ces futures difficultés et selon la localisation géographique de chacun, elles peuvent être bien diverses.

1- Cependant, mon premier conseil est de créer du lien social, à proximité et aussi assez loin de chez vous. Personne ne s’en sortira tout seul, je le crains, et la solidarité sera notre chance. Vous pouvez aussi être amené à quitter votre habitation, votre région, momentanément ou pour plus longtemps. Par exemple, dernièrement, les habitants ayant dû évacuer pendant les incendies pouvaient être recueillis chez des connaissances ou bien être entassés dans un gymnase ou une école. Favorisez donc autant que possible la qualité de vos relations familiales et/ou amicales.

2-Dans cette éventualité, prévoyez un sac facile à emporter ( vous n’aurez peut-être que le temps de l’empoigner) avec quelques vêtements, des photos, un livre, un jeu de cartes, une lampe de poche, une gourde, une serviette de toilette, une copie de vos papiers, adresses utiles, etc. Attention, c’est long à préparer et à organiser. Vous trouverez en fin d’article un exemple de liste.

3- Prévoyez d’avoir chez vous environ trois semaines de vivres d’avance. C’est en plus un bon placement en ces temps inflationnistes. Cela évite aussi de se joindre aux ruées dans les magasins.

4- Apprenez : à reconnaître les plantes sauvages, une langue étrangère, les gestes de premier secours, la communication non-violente, les rudiments de cuisine et de couture… Le champ est vaste de cet inventaire à la Prévert mais le savoir et les savoir-faire ne sont jamais encombrants.

5- Prévoyez un véhicule toujours prêt à démarrer : vélo ou voiture en état, charge électrique le cas échéant ou au moins un demi-réservoir. S’il faut quitter la région rapidement, ce ne sera pas le moment de faire la queue à la station. Et de confortables chaussures de marche.

Pas d’affolement, on n’est pas dans Koh Lanta non plus. Et on n’angoisse pas, d’abord parce que se préparer et agir vous sort des ruminations, ensuite parce que nous avons confiance dans nos capacités de résilience et d’adaptation, tant collectives qu’individuelles. Et surtout parce que ces épreuves peuvent nous permettre de retrouver nos vraies valeurs. On échange l’envie de baskets neuves et scintillantes contre le temps d’un moment entre amis, presque sans CO2.

Bon, on espère tout de même que ce ne sera pas trop dur et pour ceux qui ont déjà l’habitude de la sobriété, la marche sera moins haute. A chacun de voir !

A savoir : le gouvernement vient de mettre en place un service téléphonique dénommé FR-alert. Pas besoin de s’inscrire, si un grave danger ( catastrophe naturelle, accident nucléaire, etc.) menace la zone dans laquelle vous vous situez, vous serez averti par une sonnerie, même si votre téléphone est éteint ou en mode silence. Un texto vous donnera les consignes à suivre.

Film recommandé: Une fois que tu sais – il vient de sortir en DVD. Le rythme est un peu lent, mais cela fait du bien de ralentir aussi. Surtout, il pose les bonnes questions. Il vaut mieux auparavant réviser son Dennis Meadows.

Livres: – Le guide des plantes sauvages et comestibles / Rudi Beiser/ Larousse et Cueillir et cuisiner les plantes sauvages/ Mireille Sicard/ Edisud

La lecture du roman Les Fantômes du Futur / Annick Bourbon Rochette peut représenter un bon entraînement.

Exemple de liste pour sac de survie:

Chaque élément sera glissé dans un sac ou une boîte plastique

  • linge de rechange, surtout les sous-vêtements. Un bonnet. Un T-shirt – chaussettes – slip – pull ou gilet
  • Serviettes de toilette, utiles aussi pour poser la tête et dormir dans un endroit un peu sale. Si possible un drap de bain séchant rapidement.
  • petite trousse d’hygiène: brosse à dents, dentifrice, petit savon.
  • petite trousse à pharmacie – répulsif moustiques
  • un plaid
  • Un gilet fluo
  • Une cape ou un Kway
  • bol, assiette, gobelet plastique – couverts – ouvre-boite.
  • Ciseaux
  • une bâche plastique
  • un petit tendeur – des pinces à linge
  • Photocopies de vos papiers
  • Cordon téléphone
  • lampe électrique, si possible se chargeant à la main
  • Mouchoirs papiers – filtres
  • adresses utiles
  • jeu de cartes – dés – un ou deux petits livres
  • stylo, papier, crayons
  • gourde isotherme
  • si possible, du désinfectant pour l’eau
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Escapade entre Normandie et Bretagne


Château de Fougères

Commençons par l’aquarium de Rennes auquel on peut consacrer une demi-journée. J’ai bien aimé la descente sous l’eau dans une sorte de bathyscaphe et caresser les poissons.

Le Mont Saint-Michel, situé en Normandie comme chacun sait, se visitera de préférence en semaine et hors saison. Une navette gratuite peut vous emmener mais la marche est recommandée pour s’en approcher. Inutile de présenter ce site extraordinaire, qu’il faut prendre le temps d’admirer des remparts aux ruelles, des petits jardins cachés à la Merveille. La demeure historique du chevalier Duguesclin vaut également la visite. Une petite promenade sur le sentier du littoral permet de jolis points de vue. Prenez le temps de déguster la célèbre omelette locale. Bref, comptez deux jours.

En complément, rendez vous au scriptorial d’Avranches où vous admirerez de très anciens manuscrits du Mont St Michel.

Je recommande pour l’hébergement la Ferme St Joseph, située sur les polders à Beauvoir. L’accueil est très sympathique et elle est la dernière maison avant le Mont St Michel, on peut donc y aller à pied.

La visite du Château de Fougères est incontournable. On pourra se rendre ensuite en bas des remparts jusqu’à l’église St Sulpice qui abrite la statue de Notre-Dame des Marais. De belles façades médiévales à voir également.

Pour varier les plaisirs, passez quelques heures très agréables au Parc Botanique de Haute Bretagne où vous pourrez même déjeuner dans une ancienne ferme.

Les remparts et la vieille ville de ST Malo feront l’objet d’une journée inoubliable. N’hésitez pas à pousser la porte du Centre Canadien pour une visite virtuelle et très impressionnante des grands espaces.

Et ajoutez vos propres suggestions en commentaires si vous voulez.

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En hommage à mon ami Pierre


Pierre,

Quand j’étais petite, tu m’apparaissais comme une sorte de super héros, comme si pour toi les limites n’existaient pas. Tu nageais plus loin, tu plongeais plus profond, tu semblais tellement libre. Tu as repoussé longtemps le terrible rendez-vous avec la vieillesse, à force de longueurs de bassin et de kilomètres à vélo. Tu ne t’es pas vraiment remis du confinement imposé.

Tu apparaissais à l’improviste dans nos vies avec d’improbables cadeaux dans les mains : un vieux rabot ou du beurre pour un mois. Tu étais drôle et fantasque, sincère et fidèle en amitié. Tu as accompagné jusqu’au bout mes parents Pierre et Simone, dans leur désespérante agonie. Mon père était ton frère d’armes, ton copain de régiment, et l’âge n’y a rien changé.

Ton érudition étonnante émaillait tes conversations politico-philosophiques. « Je n’ai pas raison ? Qu’en penses-tu ? » demandais-tu tout à coup et tu n’écoutais jamais la réponse. C’est vrai que nous avions un peu le tournis après ton départ.

Maintenant que tu es vraiment parti, il faut bien le dire, Pierre, le monde paraît plus terne.

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Lamb – le film


C’est un film où il ne se passe presque rien, en VO Islandais sous-titré. Pour l’Islandais, ce n’est pas grave parce qu’il y a très peu de dialogues. Eh bien, voilà qui donne envie ! C’est pourtant un film qui nous hante une fois qu’on l’a vu. Les sons familiers ou menaçants, la transparence des vitres et l’opacité du brouillard, la beauté des paysages et l’agencement basique de la maison… et puis Ada, qui est-elle ou qui sont-elles ? Télescopage entre le passé et le présent, petite place entre deux mondes, intrusion du fantastique dans le quotidien. Qui est cet autre ? « C’est le bonheur », répond Ingvar, le mari de Maria, et tout est simple quand on accepte ce qui vient, sans poser de questions.

Le quotidien est fait de gestes répétés, du plaisir d’une pause-café au milieu d’une dure journée, de rires aussi, de souvenirs refoulés, de passions puériles ou inavouées, de jalousies, d’incompréhension, de trajectoires interrompues.

En sortant, on a l’impression d’avoir passé un mois de stage dans cette ferme. On repart avec plus de questions que de réponses et vraiment ému par le poème subtil auquel on vient d’assister, comme une ode à la vie dans sa fausse simplicité. Et on regarde autrement les moutons.

Réalisé par Valdimar Johansson- Sorti en 2021 – Avec Noomi Rapace.

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Historique et représentations mentales de la croissance

Pourquoi aimons-nous une croissance qui nous fait du mal ?


On parle beaucoup de croissance en ce moment, il est important de préciser qu’il s’agit de croissance de la production. Cette croissance a eu des avantages, elle a maintenant surtout d’énormes inconvénients. Elle est aujourd’hui devenue une obsession, au point de la vouloir ou la croire infinie. Elle ne s’accompagne plus d’une amélioration globale du bien-être de la population mais au contraire d’un accroissement des inégalités sociales. Elle est clairement corrélée au dérèglement climatique, elle détruit l’environnement et abime la santé humaine (horaires décalés, stress, burn out…). Bref elle nous rend malheureux par toutes sortes de biais. Mais nous l’aimons. Pourquoi ?

Revenons aux peuples premiers ou aux philosophes grecs pour qui l’homme fait partie intégrante de la Nature, au même titre qu’une sauterelle ou une fougère.

L’arrivée du Christianisme change fondamentalement cette représentation. L’homme est considéré par essence supérieur aux autres espèces et doit les dominer. La nature est désacralisée.  Toutefois, Saint François d’Assises reviendra plus tard à plus de sagesse et aujourd’hui le pape François incite les croyants à suivre son exemple.

On espérait que le siècle des Lumières ferait évoluer cette vision totalement anthropocentrée avec l’avènement des scientifiques et l’arrivée de nouvelles connaissances comme celle de la rotation de la Terre autour du soleil. En fait, on a surtout inventé de nouvelles techniques pour maîtriser la Nature.

Au XIXème siècle, les Sciences économiques et sociales montrent que la croissance est un moyen de maintenir le lien social, comme une sorte de mission collective à laquelle chacun contribuerait. Une nouvelle organisation du travail donne toute sa valeur à la main d’œuvre par le biais de la valeur ajoutée. Les ressources sont considérées comme gratuites et ce qui est gratuit ne vaut rien. La Nature est occultée.

Les trente glorieuses au XXème siècle, avec leur 5% de croissance de PIB annuels, restent un modèle de prospérité dans l’imaginaire collectif.

Les années 1970, avec la naissance d’un féminisme marxiste, soulignent le lien entre l’oppression des femmes et les intérêts d’une classe dominante dans une société patriarcale mais ne font pas encore le rapport avec le pillage des richesses naturelles. Aujourd’hui, la notion d’écoféminisme établit clairement la corrélation entre l’oppression des femmes et la destruction de la Nature. Les états, les sociétés ou les individus qui ne respectent pas les femmes sont aussi ceux qui saccagent la Nature.

Mais comment déconstruire des siècles de représentations mentales ? Comment lutter contre des techniques publicitaires qui utilisent les récentes découvertes sur le fonctionnement du cerveau humain ?  Créer de la frustration et promettre des récompenses, ça marche vraiment bien. Outre l’obsolescence programmée des appareils, il y a aussi l’obsolescence imaginaire qui fait qu’un produit démodé est vite mis au rebut. Résultat: la masse des objets manufacturés est supérieure à la masse du Vivant sur Terre. ( Le Vivant : humains, animaux, végétaux)

 Face à cela, l’écologie apparaît comme punitive. Ne pas acheter les dernières chaussures à la mode occasionne une réelle frustration, une souffrance. Face à cela, la philosophie du « Less is more » est quasiment inopérante. Elle fonctionne aussi dans l’autre sens d’ailleurs « more is less ». Et pour qui a essayé de vivre plus sobrement, elle est pourtant tellement vraie. Certains s’en sont rendus compte pendant cette crise du Covid 19, allant même jusqu’à changer radicalement de mode de vie. Mais ils sont très peu nombreux.

Il faudra bien cependant accepter de se répartir un gâteau moins gros, avec plus de justice sociale et en trouvant d’autres richesses et d’autres bonheurs dans le lien familial, amical, amoureux, social ou dans la spiritualité. Si nous ne nous organisons pas pour le faire politiquement, nous y serons très prochainement forcés dans l’anarchie et le désordre, tout simplement parce que les lois de la physique sont supérieures à celles de l’économie. Notre planète est limitée, ses ressources aussi. Les temps de régénération et de renouvellement sont lents et se comptent en millions d’années.

Le corps humain a ses limites aussi : avec +4°C de réchauffement global, il ne restera sur Terre qu’un quart de la population humaine actuelle. Températures léthales, événements climatiques extrêmes, famines et pandémies, pollution de la terre, de l’eau et de l’air, sans parler des conflits induits, maintiendront de gré ou de force notre espèce dans des limites raisonnables. On espère que cela n’ira pas plus loin et qu’une vie rapidement plus sobre sera de mise avant que des boucles de rétroaction positives ne fassent de notre Eden un désert inhabitable.

Combien de temps reste-t-il pour faire ce choix ? Nous n’avons que des probabilités, issues de calculs savants : 3 ans, peut-être 5 ou même 10, guère plus vraisemblablement.

Merci à Jade Boivin et Philippe Ramos pour leurs explications dont je me suis largement inspirée.

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Delphine Batho: Ecologie Intégrale / Le Manifeste


Je vous invite à consulter ce livre court et percutant, clair et précis, paru en 2019 aux éditions du Rocher.

Le premier chapitre reprend les constats et explications des scientifiques et les scénarios possibles ou probables, ce qui explique pourquoi « Pour les citoyens, l’alternative est désormais entre l’écologie ou la barbarie. Entre les deux, il n’y a plus rien ».

En effet, aujourd’hui « Tous les milieux indispensables à l’existence humaine, l’air, l’eau, la nourriture, sont touchés par des contaminations polluantes qui impactent nos organismes ». « Nous avons enclenché une dynamique d’effondrement des conditions d’habitabilité de la Terre. Une accélération effarante est en cours ».

Une idée force de cette femme politique est que la question écologique et la question sociale sont un seul enjeu. En effet les très riches sont les gros émetteurs de gaz à effet de serre dont les plus pauvres vont subir plus fortement les conséquences.  » Destructions écologiques et augmentations des inégalités [… ] résultent d’une même et unique cause. »

La croissance du PIB provient de la transformation de la matière et est donc par essence destructrice de notre planète. Mauvaise nouvelle, l’expression « croissance verte » n’a pas beaucoup de sens. Depuis trente ans, la déesse Croissance n’est plus corrélée à une croissance du sentiment de bien-être, à la création nette d’emplois ou à la réduction des inégalités. La nostalgie des Trente Glorieuses (les années entre 1945 et 1975) devrait laisser place à l’horreur des Trente Désastreuses, parce qu’elles portent en elles « les germes du chaos actuel ».

Le clivage gauche droite est obsolète. Cela se voit dans les sondages, dans l’abstention aux urnes, dans le fait que ces deux pôles partagent le même objectif (la croissance) et sont co-responsables de la dégradation de nos conditions de vie sur Terre. « La croissance est l’indicateur de la vitesse d’effondrement et de destruction de notre habitat: La Terre ». Un nouveau clivage politique apparaît: Terriens contre Destructeurs (sachant qu’il y a des destructeurs qui s’ignorent). Les Destructeurs conscients sont les mafia et les terroristes, qui exploitent illégalement des mines, mais aussi certaines entreprises légales et des puissances financières. Beaucoup de Destructeurs sont au pouvoir, parfois cachés derrière le sourire avenant d’un homme de paille mis en place par des lobbies, parfois plus ouvertement, comme un Trump ou un Bolsonaro. A vous de choisir votre camp.

Le rapport à la Terre doit désormais tout structurer puisque c’est une question de vie ou de mort, pour chacun de nous et de nos descendants et pour l’ensemble du vivant. Pour cela, il faut déconstruire les champs de représentation antérieurs, autrement dit tout ce en quoi nous avons cru, et c’est tellement douloureux que beaucoup préfèrent s’aveugler et se mentir. Pourtant les faits sont têtus et la physique aura toujours le dernier mot sur l’économie. Quand on nie l’existence de points de bascule, on ne prend pas en compte les limites du corps humain à supporter la chaleur ou la faim. Rien n’est gratuit, la note des coûts cachés de la pollution va bientôt nous être présentée.

Doit-on désespérer ? Non, car on observe partout une prise de conscience et un renouveau des forces vives. Une nouvelle génération d’entrepreneurs fait école. La naissance d’éco-lieux, l’imagination de nouvelles façons de vivre ensemble dans la joie, la sobriété et l’entraide sont là pour nous donner de l’espoir. Faisons confiance à notre jeunesse et à la sagesse de certains anciens. Il y a simplement un suspense dont on se passerait bien car nous vivons une véritable course contre la montre, une course à la fois de rapidité et d’obstacles, ce n’est déjà plus une course de fond: en 2025, 2030 au plus tard, les jeux seront faits.

L’effort ne sera pas le même selon que l’on est riche ou pauvre, préparé psychologiquement ou non, organisé ou non, isolé ou au sein d’un groupe. Il pourra être soutenu par des pouvoirs locaux si vous les avez bien choisis lors des élections. En effet, « résilience rime avec décentralisation car une plus grande autonomie d’action locale réduit les vulnérabilités ». C’est le contraire d’un pouvoir vertical dont nous ne voulons plus.

Delphine Batho entre ensuite dans les détails comptables d’un projet politique souhaitable et même nécessaire. Oui, c’est possible, chiffres à l’appui. Je laisse chacun lire la suite dans le Manifeste.

Je laisse le mot de la fin au philosophe Jean-Pierre Dupuy:  » La fatalité est la somme de nos renoncements ».

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Quelques bases pour discuter d’Environnement


Quel effet ça fait d’être la génération qui doit sauver l’humanité ?

Un peu de vocabulaire:

  • anthropocène : ( de « anthropos: homme) « époque géologique marqué par l’influence massive des activités humaines. »
  • EROI: Retour sur investissement de l’énergie. Si on mesure l’énergie avec l’unité « Baril de pétrole », il faut aujourd’hui 1 baril pour en extraire 20. Autrefois, le rapport était de 1 pour cent barils extraits.
  • La notion de limites planétaires a été introduite en 2009 par le Stockholm Resilience Center et le terme est désormais reconnu par l’ONU et utilisé par tous les spécialistes. Ces limites, au nombre de 9, conditionnent la vie sur Terre. Ces limites sont restées stables pendant 10 000 ans, d’après les relevés scientifiques. En 2015, 4 étaient franchies: le changement climatique, la chute de la biodiversité, le changement d’usage des sols, la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore. En 2022, nous venons de dépasser la cinquième: la pollution chimique ( et en particulier la quantité de plastique dans l’environnement). Il nous reste l’acidification des océans et l’utilisation d’eau douce (franchissement prévu avant 2050) et enfin la diminution de la couche d’ozone et la concentration en aérosols dans la biosphère.

Petite mise à jour : le cycle de l’eau douce, c’est fait. Nous venons de franchir la limite en avril 2022. Ca va décidemment plus vite qu’on ne pensait.

  • Un milliard équivaut à 1000 millions. Si nous prenons l’image qu’un million équivaut à 10 jours, il faudra plus de 27 ans pour avoir l’image d’un milliard.
  • L’effondrement d’un système signifie que ce système n’est plus en état de se reproduire et de répondre aux exigences qui le font perdurer. Cela peut être celui de la biodiversité. Lorsqu’il s’agit d’une société, il signifie que le vivre-ensemble, la solidarité entre ses membres ou les services qu’ils se rendent, n’est plus tenable. Cela passe par plusieurs phases parfois peu visibles: une plus grande inégalité ou une rupture du contrat social, des services moins bien rendus. Il s’ensuit souvent plus de violence populaire (révoltes, manifestations, révolutions) et policière ( défense d’un gouvernement qui se sent fragilisé). A la fin, certains services comme l’Education ou la Santé sont des coquilles vides, ils semblent encore fonctionner en théorie mais ne rendent plus les services qu’on attend d’eux.
  • Solastalgie: angoisse liée au dérèglement climatique et à ses conséquences. Se soigne par l’action. Adhérez à une association, il y en a de toutes sortes, vous trouverez celle qui vous convient.
  • Actifs échoués: Il s’agit de biens ou d’objets qui perdent toute valeur. Imaginons un énorme 4X4 très gourmand en essence, il peut devenir invendable en cas de pénurie de pétrole ou s’il n’est plus autorisé à rouler dans les villes.
  • Etats faillis: C’est un état qui ne rend plus les services que la population est en droit d’attendre. En 2022, la Somalie, l’Afghanistan, Haïti, La Guinée Bissau, la République Démocratique du Congo sont considérés comme des états faillis, le Yémen et le Mali, la Libye sont les prochains sur la liste.

Un peu de bons sens:

  • Notre planète est limitée, ne prélevons que ce qui peut se régénérer, en respectant le rythme naturel. Un enfant de six ans peut comprendre que rester dans des limites est en opposition avec toute idée de croissance. L’expression « croissance verte » est un oxymore, d’après l’un des auteurs du rapport Meadows.
  • S’il y a des pénuries, ça va être la foire d’empoigne. « 40% des guerres sont d’ores et déjà directement associées aux ressources naturelles ». C’est bien sûr aussi le cas de la guerre en Ukraine aux nombreuses richesses, convoitées par la Russie, même si on habille cette guerre de nationalisme ou de fausses allégations historiques.
  • Si des parties du monde deviennent invivables, le nombre de réfugiés va augmenter, quels que soient les murs qu’on élève. « Une personne sur 110 est déplacée dans le monde » ou encore « On estime à 213,9 millions le nombre de réfugiés climatiques entre 2008 et 2016 ». ( cf le Manifeste de Delphine Batho, paru en 2019 aux éditions du Rocher)
  • Même si l’idée déplait, parler de croissance, c’est aussi parler de croissance démographique. 3,5 milliards d’êtres humains en 1970 et 8 milliards en 2020 ! On double tous les cinquante ans.
  • Il est plus facile de prévenir que de guérir, c’est-à-dire d’éviter une pollution que de la traiter.
  • Le climat a une inertie qui se compte en siècles ou en millénaires, démarrer un processus est comme rouler à 180 km/h puis vouloir s’arrêter immédiatement et là, en plus, on en est encore à se demander s’il ne faudrait pas encore discuter un peu pour savoir si on va appuyer lentement sur le frein ou peut-être plus fort mais seulement dans un quart d’heure, et peut-être que le frein n’est pas la meilleure pédale, il faudrait convoquer des experts… Et puis comment être certains qu’on ne fâchera personne en appuyant sur le frein ?
  • La pandémie de la Covid est pénible, inquiétant, désespérant mais ce n’est qu’un tout petit aperçu des ruptures de nos habitudes qui vont arriver.
  • L’écologie n’est pas un luxe pour les riches, comme on voudrait nous le faire croire. Vivre sobrement, ne plus prendre l’avion, ne pas suivre des modes vestimentaires éphémères, manger moins de viande sont autant de moyens de faire des économies.
  • Une vie plus respectueuse de l’Environnement n’est pas un retour à l’âge de pierre ou aux « amish », sauf pour ceux qui ne s’y seraient pas préparés. En effet, des avancées notables proviennent justement des recherches dans le domaine de l’écologie et des expériences tentées dans les écolieux et cela dans le domaine scientifique, biologique, technologique ou sociologique, entre autres. On peut citer la permaculture ou les multiples utilisation du chanvre par exemple. Vivre dans une kerterre ou une yourte en zone rurale est-il vraiment moins enviable que de vivre dans un logement social d’une grande barre d’immeubles en banlieue surpeuplée ? Passer du temps avec ses amis et sa famille est-il horrible au point qu’on préfère la routine du boulot-métro-dodo ? Le futur peut être désirable, si nous faisons ce choix.
  • Pour encore très peu d’années, nous avons deux atouts dans notre manche: la carte bancaire et la carte d’électeur. Ah, là encore, c’est raté pour les élections en France, en 2022.
  • Il nous reste 3 ans pour agir avant que la machine ne s’emballe !!!
  • Il est trop tard pour éviter les catastrophes mais on peut encore amoindrir les chocs. Se préparer demande des efforts mais « la fatalité est faite de nos renoncements » ( JP Dupuy- philosophe).
  • Changer de paradigme, de système de pensée, de régime politique fait peur. On s’accroche à ce qu’on a plutôt que de foncer tête baissée dans l’inconnu et je le comprends mieux que personne. Le problème est qu’on n’aura pas le choix, en tous cas pas ce choix-là. L’alternative est une société plus sobre et plus juste ou la barbarie. Si vous ne vous décidez pas à agir pour vous-même, faites-le pour mes adorables petits-enfants.
  • Quel calendrier ? Personne n’a de boule de cristal mais le rapport Meadows avait prévu le début des problèmes pour 2020, Le GIEC parle souvent de 2050, beaucoup de scientifiques et d’effondristes comme Yves Cochet évoquent plutôt 2030. L’auteure des « Fantômes du Futur » imaginait en 2018 une phase difficile de 2023 à 2030. Et tous ces gens-là reconnaissent aujourd’hui que ça va plus vite que ce qu’ils avaient calculé ou imaginé. On parle d’emballement. En fait, cela a déjà commencé, de façon plus forte dans certains endroits du monde. Au Liban, 60% de la population est en-dessous du seuil de pauvreté. ( source: Amin Salam, ministre libanais de l’économie). L’Asie du sud-est serait la première région du monde à devenir inhabitable.

Dernier conseil: assistez à une Fresque du Climat, vous comprendrez beaucoup de choses en un temps record et en ressortirez dynamisé, plein d’envie d’agir.

Pour aller plus loin:

ENVIRONNEMENT- EFFONDREMENTS et RESILIENCE

Historique et représentations mentales de la croissance

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Juste la fin du monde


Ce film franco-canadien sorti en 2016 et réalisé par Xavier Dolan a été malheureusement remis en lumière en ce début d’année 2022 à l’occasion du tragique accident de ski de son acteur principal : Gaspard Ulliel.

La distribution est excellente et le film nous touche par sa densité et son universalité, à partir d’un synopsis très simple, d’après une pièce de JL Lagarce: un jeune homme très malade revient au domicile familial après 12 ans d’absence pour y annoncer sa mort prochaine. Cette dernière journée déroule la quintessence d’une vie familiale avec ses moments de rire, de tendresse ou de nostalgie, ses disputes et ses jalousies.

Parti sans explication peu après le décès de son père, Louis, le cadet, est devenu célèbre par ses reportages. Il a laissé un trou béant dans sa famille qui n’a de ses nouvelles que par les média. Sensible, intellectuel, homosexuel, il est en décalage complet par rapport à ses proches et c’est aussi un homme renfermé, qui a toujours eu du mal à communiquer oralement.

Entre les sous-entendus, les non-entendus, les malentendus et les dénis, les interruptions et le manque d’écoute, il ne parvient pas à dire les mots qu’il est venu apporter. Et pendant ce temps, la pendule continue de sonner les heures de cette dernière journée ensemble. Louis va pourtant avoir l’opportunité d’un échange particulier avec chaque membre de sa famille mais la communication est un exercice difficile. Il faut trouver le bon moment et avoir un code commun. Il faut être deux à avoir envie de s’exprimer et surtout d’écouter l’autre, de s’intéresser à ce qu’il a à dire. Et puis il y a tout ce qu’on préfère ne pas savoir et que peut-être il vaut mieux taire, quand il est trop tard.

La famille s’est mal reconstruite autour de son absence. Il est à la fois celui qui a réussi et celui qui a failli. Sa réussite sociale extérieure est affichée sur les murs sous la forme d’articles de journaux découpés alors que sa place dans la maison prend l’allure d’un remord que l’on traine. Ses affaires d’enfance et d’adolescence accumulés dans un débarras ont pris la poussière. On sent la nostalgie mais les souvenirs s’effritent, à peine en reste-t-il des images floues: le passé est définitivement perdu.

Le personnage de la mère ( Nathalie Baye) est particulièrement intéressant. Elle tente toujours avec un temps de retard de sauver les apparences, à l’image de la scène de l’arrivée de Louis où elle étale du vernis sur ses ongles et qu’il n’a pas le temps de sécher. Ce vernis semble être sa préoccupation principale. De même, elle s’inquiétera du bruit des disputes à table par rapport aux voisins. A défaut d’avoir une famille unie, elle voudrait au moins momentanément en sauver l’illusion.

Elle fume en cachette mais le débarras du jardin où elle se réfugie est aussi le lieu secret où elle s’autorise à être elle-même. C’est là que dans un instant de tête-à-tête avec son fils, l’essentiel ne sera pas dans les mots, même pas dans ce « je t’aime » qu’elle lui lance, mais dans cette longue étreinte d’adieu. Pour le reste, elle parle sans lui laisser la place de s’exprimer. Elle a bien senti que c’est la dernière fois qu’elle voit son fils mais elle ne veut rien savoir. Elle lui demande de mentir à sa soeur, de lui faire croire qu’elle sera la bienvenue chez lui. De lui faire croire qu’il l’aime, qu’il s’intéresse à elle. Parfois, les apparences peuvent être un baume.

Elle aura un reproche: il n’était certes pas l’aîné, mais la place de chef de famille lui revenait au décès de son père, parce qu’être plus doué que les autres vous oblige à des responsabilités.

Suzanne (Léa Seydoux), la benjamine, n’a pas de souvenir de ce frère qu’elle idéalise. Son absence l’a détruite, la petite fille est devenue une camée sans perspective d’avenir. Elle est un reproche vivant.

Il n’avait jamais rencontré Catherine (Marion Cotillard), la femme de son frère. Maladroite dans ses paroles, et par là-même touchant juste, celle-ci jouit d’une position extérieure qui va lui permettre presqu’immédiatement de tout comprendre. Elle parle vrai, sans détour, dans une communication qui n’est pas polluée par les liens affectifs. Elle lui fait comprendre à quel point il a délaissé sa famille, non pas seulement en s’éloignant géographiquement mais surtout en n’ayant pas le moindre intérêt pour la vie de ses proches. Il ne sait pas quel métier fait son frère, quel est le problème de leur fils aîné, ni l’âge de ses nièces. Tout était à sens unique, pour lui la lumière, pour eux l’obscurité. Elle acceptera de se tenir à l’écart et de se taire, dans son rôle de témoin.

Le frère aîné, Antoine, est insupportable de bêtise, de rancoeur et de méchanceté. Il est la matière brute opposée au raffinement du vocabulaire et des pensées de Louis. On croit d’abord que sa violence vient d’un manque de mots ou d’intelligence ou peut-être d’un sentiment de jalousie. C’est surtout un homme blessé. Lui non plus ne voudra rien savoir de cette mort prochaine, de de dernier départ qui sonne comme un deuxième abandon. Il ne pardonne pas. Antoine incarne une des phases du deuil : la colère et l’incompréhension. D’un multiple deuil d’ailleurs, celui du temps qui ne se rattrapera plus d’abord : avec ses mots simples, il soulignera combien celui qui n’a pas vu grandir leur petite soeur est passé à côté de la vie. Le deuil de la mort définitive, finalement, n’est pas le plus lourd à porter.

Louis était venu dire adieu, il aura surtout eu l’occasion d’exprimer ses regrets. Il venait leur apprendre qu’il allait partir définitivement, expliquer pourquoi ce dernier rendez-vous important avec la mort l’empêchait de prendre le dessert avec eux, d’aller jusqu’au bout de leur histoire commune, peut-être d’en vivre le meilleur. C’est lui finalement qui aura beaucoup appris, sur la vie, le passé, le présent. Et sur le fait que parfois, quand on s’en va, on s’aperçoit qu’on était déjà hors de sa vie et qu’il n’est pas certain qu’on manquera encore à quelqu’un. Leur deuil pourra peut-être enfin se faire car il est plus facile de ne plus espérer de retour que de rester dans l’incompréhension de l’indifférence d’un vivant.

Le départ est brusqué, on voudrait encore une heure, quelques minutes. C’est trop tôt. Et puis il y a cette phrase de Louis qu’Antoine ne lui laisse pas terminer: « je dois partir ». Peu importent les raisons du départ, pardonne-t-on si facilement aux défunts de nous avoir abandonnés ? Est-on jamais prêts ? Y a-t-il une heure, une date, qui puisse être le bon moment?

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Le rapport Meadows

Quelques explications sur le célèbre rapport Meadows


Ce texte a pour source une interview récente de Dennis Meadows et tente de donner quelques informations sur ce fameux rapport Meadows dont on parle beaucoup à l’heure actuelle.

En 1970, on demande à un groupe de chercheurs du MIT (Massachusset Institute of Technology) une étude sur l’avenir de l’humanité. Il s’agit de simulations par ordinateur. Selon les choix politiques qui seront actés, on aboutit à 13 scénarios possibles, le plus catastrophique étant dénommé « Business as usual », c’est-à-dire « on continue comme avant ».

Ce rapport a eu un immense retentissement, a été traduit en 35 langues et des scientifiques l’ont comparé année après année à la réalité et en 2020 il colle parfaitement à la réalité. Et nous avons suivi le pire scénario.

Remarque: le dérèglement climatique n’apparait pas dans ces calculs, il est en « bonus », mais la fin de nombreuses ressources, si.

Ce rapport a évidemment été très critiqué dès sa sortie, surtout par des économistes ne l’ayant pas lu. Entre évoluer et critiquer, il est évident qu’il est bien plus facile de critiquer.

En 1972, la population mondiale a atteint 3,6 milliards d’habitants et double tous les 32 ans. A titre de comparaison, au XVIIème siècle, elle n’est que de 500 000 habitants et ne croît que de 0,3% par an. Le rapport prévoit pourtant que nous n’atteindrons pas le poids insupportable de 12 milliards d’habitants parce que la Nature réagit toujours en cas de surpopulation d’une espèce: si on ne restreint pas la fécondité politiquement, des épidémies ou des famines feront le travail, sans parler des guerres.

Quelle démographie ? Cela dépend du train de vie, évidemment, mais il faudrait plutôt être un milliard d’individus que neuf milliards sur notre planète. On peut continuer d’avoir des enfants mais en moins grand nombre et le problème est surtout la répartition des richesses. Ce sont les insatiables très riches qui sont au coeur du problème.

On s’aperçoit aussi que la croissance économique mondiale est encore plus rapide qu’en 1970, alors même que le bien-être moyen de la population mondiale ne s’améliore plus et qu’il a même tendance à diminuer. On sait aussi que la croissance, verte ou autre, ne peut être infinie dans un monde limité. L’expression « développement durable » est un oxymore, comme le souligne Dennis Meadows.

Le début des gros problèmes était prévu en 2020. Depuis 1970 ! Pourquoi sommes-nous incapables de réagir à temps ? Depuis la nuit des temps, l’esprit humain n’a pas eu besoin d’anticiper à long terme, il n’est pas formaté en conséquence. Il agit quand il voit le problème. Malheureusement, le climat a une inertie qui se compte en siècles, un peu comme si on se rendait maintenant compte qu’on est monté dans un train fou.

Ajoutons à cela qu’une société diversifiée, comprenant plusieurs groupes différents dans leurs coutumes, leurs opinions, leur niveau de vie, etc. évolue plus difficilement car il est presque impossible d’obtenir un consensus, il y a toujours un groupe qui est contre. De plus, la plupart des gens ne partent pas d’informations pour trouver des solutions, comme le ferait un esprit scientifique mais plutôt d’une solution qui leur convient et trouvent ou inventent ensuite des informations qui corroborent ce choix.

D’après Dennis Meadows, interrogé récemment, le bien-être et le confort vont poursuivre inéluctablement leur décroissance. Il insiste sur la notion de dépassement en prenant l’exemple d’une personne qui aurait économisé pendant trois ans puis qui dépenserait plus qu’elle ne gagne. On comprend vite que tout va bien pendant un certain temps, tant qu’elle vit sur ses économies, puis qu’elle ne peut plus ensuite continuer avec le même train de vie et qu’elle doit impérativement réduire ses dépenses, d’autant plus si elle n’a pas réagi immédiatement et qu’elle s’est endettée. Aujourd’hui, sans croissance continue, si quelqu’un a plus, un autre aura moins.

Le professeur Meadows prend l’image de parents qui ont un bébé. Ils souhaitent qu’il mange bien et qu’il se développe, qu’il grandisse et prenne du poids. Cependant, à l’adolescence, ils ne souhaitent plus qu’il continue à grandir et à prendre du poids mais plutôt qu’il s’améliore intellectuellement. Pourquoi ne fait-on pas de même avec le monde physique ? Pourquoi nos mentalités n’évoluent-elles pas et ne s’adaptent-elles pas ? « Plus » ne signifie pas « mieux ».

L’idée de succès s’est rétrécie au fait d’avoir plus d’argent. Une vie réussie n’est plus comme auparavant associée à des qualités, comme être un musicien extraordinaire, par exemple, mais au fait de détenir une montre extrêmement chère. La publicité incite également à cette distorsion des valeurs. Il y a donc hélas peu d’espoir d’évolution radicale dans une démocratie. Les riches et tous ceux qui gagnent au système actuel font obstacle à tout changement.

Comment la fin de la croissance va-t-elle se manifester ? « C’est là un problème de court terme », répond Dennis Meadows, « la Nature frappe en dernier ». Pour le moment, en Europe, on fait tourner la planche à billets, en privilégiant le court terme, cette monnaie va donc s’effondrer tôt ou tard car le système n’est pas viable ou alors il va devenir très différent de ce qu’on connait..

On lui pose souvent la question: » Allons-nous parvenir à résoudre le problème? » Mais le problème sera résolu de toutes façons, répond-il, et certainement pas comme on aimerait qu’il le soit. En fait la question que les gens se posent est plutôt: « Est-ce que les riches blancs du Nord vont garder leurs privilèges et leur façon de vivre ? » La réponse est non car cette société ne peut pas durer beaucoup plus longtemps. En aucun cas une société énergivore ne pourra subsister. Cependant cette ère de transition pourrait peut-être s’étaler sur plusieurs centaines d’années. (Personnellement, je suis persuadée que ce sera bien plus rapide).

Le problème n’est pas la démocratie ou quelque système politique que ce soit, mais plutôt les objectifs que ce système se donne. La démocratie elle-même prend d’ailleurs des formes très différentes selon les pays. Si l’objectif est la croissance, comme c’est le cas dans les pays occidentaux en ce moment, c’est fichu. Il faut savoir qu’en cas de crise, les populations choisiront toujours l’ordre plutôt que la liberté. Les promesses d’un dictateur sont mensongères mais simples à comprendre et on a envie d’y croire. Le capitalisme ne serait pas un problème s’il ne négligeait pas les contraintes écologiques, mais il se heurte à de grandes difficultés: comment par exemple taxer le carbone dans les zones de libre-échange, quand chacun fait ce qu’il veut ?

Il est trop tard pour éviter les catastrophes mais on peut encore en limiter la portée en s’adaptant aussi vite que possible. Quels sont les choix qui nous restent? Un problème est défini par la différence entre ce que vous voulez et ce que vous avez, il faut donc soit acquérir plus soit désirer moins pour être heureux.

Il y a deux catégories de problèmes : Les mondiaux, qui demandent une action concertée et que personne ne peut résoudre à lui seul et les universels. Pour ces derniers, chacun peut agir là où il se trouve, en tant qu’individu ou plus sûrement au sein d’un pouvoir local, au niveau d’une commune ou d’une communauté de communes. Cela peut porter sur la pureté de l’eau ou une criminalité locale, la déforestation autour de chez soi, etc.

La résilience est de pouvoir supporter les chocs à venir. Aujourd’hui, on cherche à augmenter l’efficacité au dépens de la résilience. Par exemple, une seule usine d’essuie-glaces dans le monde est plus efficace, c’est-à-dire moins chère à la production. En cas de problème cependant, il n’y a pas de solution de rechange. Pour être résilient il faut placer des tampons anti-chocs, des réserves, plusieurs sources d’approvisionnement… Posons-nous les questions : de quoi ai-je besoin ? Comment puis-je l’obtenir ? En cas de panne ou de rupture, quelles plan B ai-je prévu ? Avoir plusieurs compétences, diversifier ses réseaux améliore la résilience.

Il faut comprendre que tous ces problèmes comme le covid ou l’érosion des sols, le changement climatique ou autre sont en fait des symptômes. Soigner les symptômes n’a pas de sens sur le long terme. Dans 300 ans, le niveau de l’eau pourrait monter de 15 à 20 mètres, placer une digue sur trois mètres est un cautère sur une jambe de bois. Il faut aller à la cause de tous ces problèmes, qui est clairement identifiée: c’est la croissance, y compris démographique.

Ce dont le rapport ne peut rendre compte, ce sont les événements disruptifs comme la récente pandémie de covid et surtout sa gestion. En prenant en compte ces alea encore inconnus mais qui arrivent forcément une année ou l’autre, j’ai pour ma part plutôt l’image d’un escalier que d’une courbe pour notre avenir.

Gardons à l’esprit cependant qu’un mal apporte souvent un bien, ainsi le premier confinement a-t-il un peu et temporairement amélioré le niveau des émissions de CO2. Il a également contribué à un changement de priorités chez nombre de nos concitoyens, valorisant la vie familiale et non plus l’argent gagné au travail, habituant certaines entreprises au télétravail, rendant la Nature et les zones rurales plus attractives. Ces choix politiques ne se traduisent malheureusement pas encore dans les urnes ou en tous cas dans les sondages.

Faut-il en pleurer ? « A quoi sert d’être malheureux devant l’inéluctable ? » réplique le vieux chercheur.

Pour continuer dans ce thème:

Le piège à singe

Les Fantômes du Futur

ENVIRONNEMENT- EFFONDREMENTS et RESILIENCE

Conférence sur l’effondrement de notre société.

texte de Catherine Bernard

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La Vie est ainsi faite


La vie est ainsi faite

La première cordée n’a pas beaucoup avancé, c’était difficile, et tout à inventer.

 Ils ont planté le drapeau de l’humanité.

La deuxième vague s’est mise en marche, fièrement, sur les traces. Poussé le drapeau un peu plus loin, oh ! pas beaucoup, mais un peu tout de même, à force d’observation et de persévérance, dans les conditions inimaginables de la vie du début.

La vie est ainsi faite, l’humain est extraordinaire.

Il y eut beaucoup, beaucoup d’autres parents qui ont tout fait pour bien préparer les enfants, pour qu’eux aussi progressent un peu.

La vie est ainsi faite, l’humain est programmé pour toujours plus.

 Les conseils des anciens se sont perdus, ceux qui parlaient de respect et d’équilibre, de tenir sa juste place, tout ça.

La vie est ainsi faite, l’humain manque de sagesse.

Et puis, ils ont voulu aller plus vite. Pas bien loin, pas tous, parce qu’ils n’étaient déjà plus ensemble.

La vie est ainsi faite, l’humain est égoïste.

 Ils croyaient avancer qu’ils reculaient déjà, dans leurs têtes et surtout dans leurs âmes. Ils avaient tout, pas faim ni rien, mais l’héritage, ils le voulaient pour eux, sans souci des suivants. Ils ont bien profité, ils n’ont pas préparé la piste, ils ont savonné la planche.

La vie est ainsi faite, l’humain n’a rien compris.

Les enfants sont arrivés au départ, même pas en colère. Ils ignoraient qu’ils étaient les derniers, c’est tout.

La vie est ainsi faite, l’humain n’entend que ce qui l’arrange.

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L’évêque Myriel et Jean Valjean


Une scène des Misérables m’est toujours restée en mémoire. C’est une des plus connue du roman de Victor Hugo, c’est la scène des chandeliers d’argent.

Pour résumer ce qui précède, Jean Valjean, évadé du bagne, a été recueilli par un homme d’église qu’il croyait être un simple curé. L’ex-bagnard est comme un animal, il n’a plus ni valeurs humaines ni conscience morale. Il vole donc celui qui lui a offert l’hospitalité en emportant des couverts en argent. Rattrapé par des gendarmes, il ment en disant que le curé lui a fait cadeau de ces objets de valeur, ce que les gendarmes ne croient pas une minute. Ils le ramènent donc chez celui qui s’avère être un évêque.

Maintenu par les gendarmes, Jean Valjean est sans réaction, il sait qu’il va passer le reste de sa vie au bagne, peut-être dans des conditions plus terribles encore que celles qu’il a connues. Pour lui, cependant, le pire est à venir car l’évêque lui offre en sus deux chandeliers. Jusqu’ici, il était dans une logique de délits suivis de punitions, certes démesurées, mais compréhensibles. Là, il se met à trembler de tous ses membres comme s’il sentait qu’il se trouvait devant quelque chose d’incommensurablement plus grand que lui et qui lui est complètement étranger: la bonté divine.

 » – Mon ami, reprit l’évêque, avant de vous en aller, voici vos chandeliers. Prenez-les.

Il alla à la cheminée, prit les deux flambeaux d’argent et les apporta à jean Valjean. « 

On remarque au passage la connotation symbolique des flambeaux, l’évêque donne la lumière à Jean Valjean. Lui qui n’avait pris que des couverts, outils pour nourrir le corps, le voici doté de quoi nourrir son âme. Avec le même métal, l’argent, c’est le tableau inverse du passage de l’Evangile où Judas vend son ami Jésus, et avec lui son âme, pour 30 pièces d’argent.

« Les deux femmes le regardaient faire sans un mot, sans un regard qui pût déranger l’évêque ».

Le regard des deux femmes est un peu le nôtre, celui d’observateurs qui n’ont n’a pas encore compris mais qui savent déjà qu’ils se trouvent face à une sorte de parabole chrétienne. Emplies de respect, elles regardent l’action sans aucun jugement négatif. La scène pourrait paraître invraisemblable dans la vie réelle. Les personnages, à ce moment-là, ne sont plus des individus communs mais plutôt des témoins participant d’une action religieuse. Ils me font penser aux personnages d’un tableau, jusque dans la position des visages, l’évêque étant le centre des regards. On l’imagine irradiant, le visage souriant, vêtu de teintes claires face à un homme hirsute, sale et mal rasé, sombre et voûté, la tête basse, n’osant même pas croiser le regard de son bienfaiteur. Jean Valjean est affreusement mal à l’aise, en fait, dans cette situation complètement inimaginable pour lui.

« Jean Valjean tremblait de tous ses membres. Il prit les deux chandeliers, machinalement et d’un air égaré. »

– Maintenant, dit l’évêque, allez en paix. »

La phrase ressemble à la fin d’un office religieux, l’homme presque animal se trouve maintenant dans la paix du Seigneur.

« -A propos, quand vous reviendrez, mon ami, il est inutile de passer par le jardin. Vous pourrez toujours entrer et sortir par la porte de la rue. Elle n’est fermée qu’au loquet jour et nuit. »

Par ces simples mots, l’évêque vient de réintroduire Jean Valjean dans le monde civilisé, dans la société des hommes et dans une relation de confiance. Confiance est un mot de la même famille que « foi’. L’évêque a foi en lui comme Dieu a confiance en l’homme.

« Puis se tournant vers la gendarmerie:

-Messieurs, vous pouvez vous retirer.

Les gendarmes s’éloignèrent. »

Et voilà qu’il n’est plus un prisonnier ni un hors-la-loi.

« Jean Valjean était comme un homme qui va s’évanouir. »

On se souvient que ce prisonnier évadé était un dur, capable de supporter souffrances et privations. Cette bonté inattendue va être un fardeau autrement plus lourd à porter.

« L’évêque s’approcha de lui, et lui dit à voix basse:

-N’oubliez pas, n’oubliez jamais, que vous m’avez promis d’employer cet argent à devenir honnête homme. »

Cette phrase me renvoie à une scène de mon enfance. J’avais peut-être une dizaine d’années et passant la nuit chez ma grand-mère, j’avais été malade et l’avait appelée à mon chevet plusieurs fois dans la nuit. Au petit matin, me rendant compte de la fatigue que je lui causais, je lui avais demandé comment je pourrai un jour lui rendre tout ce qu’elle faisait pour moi. Elle avait eu cette réponse qui, je crois, a influé sur ma direction de vie:  » Ce n’est pas à moi que tu le rendras, c’est à d’autres, qui un jour auront besoin de toi. »

Ainsi la vie de jean Valjean va prendre une toute nouvelle direction à partir de ce jour.

« Jean Valjean, qui n’avait aucun souvenir d’avoir rien promis, resta interdit. L’évêque avait appuyé sur ces paroles en les prononçant. Il reprit avec une sorte de solennité:

-Jean Valjean, mon frère, vous n’appartenez plus au mal mais au bien. C’est votre âme que je vous achète; je la retire aux pensées noires et à l’esprit de perdition, et je la donne à Dieu.

Victor Hugo – Les Misérables Chapitre XII.

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Décembre 2021


A l’inverse de beaucoup de personnes, dont je ne nie pas les difficultés et les souffrances, j’ai pour ma part envie de dire « merci » pour cette année 2021. Bien sûr, elle a présenté beaucoup de difficultés mais elle a surtout détruit une illusion, celle de la totale sécurité, de l’assurance-vie. La vie est précaire, elle l’a toujours été et nous le sentons maintenant dans notre coeur et parfois dans notre chair. Faut-il s’en désoler ?

Je préfère pour ma part chercher dans chaque journée ce qui en a fait la beauté, parfois un détail qui a fait sourire, parfois une main qui a saisi la nôtre avec amour ou compassion ou encore une émotion partagée, bref tous ces petits cadeaux que nous ne savons pas toujours voir et apprécier. Oui, je préfère vivre chaque minute comme si c’était la dernière, puisque de toute façons elle ne reviendra pas, mais aussi un peu comme c’était la première, car je ne veux pas perdre ma faculté d’émerveillement.

Pour ceux qui souffrent et pour nous tous qui compatissons, oui, cette pandémie et sa gestion erratique prennent une place démesurée dans nos vies, comme si elles nous cachaient la lumière. Pourtant, si l’on veut bien replacer ce sujet dans un contexte plus général, il devrait rester minime par rapport à l’urgence climatique. Oui, nous pouvons individuellement tomber malades et peut-être mourir mais l’humanité survivra à cette épidémie grippale, il est moins certain qu’elle survive à un réchauffement planétaire trop rapide et à la sixième extinction de masse …

Des personnes proposent en ce moment des animations à une Fresque du Climat. Je vous conseille de participer à un atelier, en ligne ou en présentiel. Toute cette angoisse larvée doit sortir, nous avons besoin de nous retrouver dans la réflexion, dans l’action, dans un groupe, dans une dynamique.

En attendant, fêtons cette fin d’année avec les articles inusables des anciens Noëls:

le sapin – conte d’Andersen

Un conte de Noël : le bœuf et l’âne de la crèche

L’orange de Noël

Joyeux Noël – Barbara

Saint Nicolas

Le Père Noël et la petite fille – Brassens

Et puis, pour les cas désespérés:

Conférence sur le bonheur

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Du Temps pour soi


Parfois, une pause bien-être ou une séance hebdomadaire d’une activité centrée sur l’épanouissement personnel peut faire gagner beaucoup de temps, d’énergie et d’efficacité par la suite. Chacun a pu le constater par expérience. Mais quittons cette comptabilité étroite et décidons, tout simplement, de s’aimer, de se gâter, de se remercier. Nous faisons beaucoup pour les autres, courant d’une activité à une autre et notre corps nous seconde de son mieux, laissant parfois échapper un signal qu’il nous faut prendre en compte.

STOP! Arrêt sur image ! Une heure de parenthèse pour faire le point. Mais où aller ?

  • Rien, c’est bien aussi.
  • Un peu de méditation, pourquoi pas ?
  • Une aide par la sophrologie pour enfin lâcher prise ( Sylvie Marie Cornut, à Varennes le Grand – Saône et Loire, saura faire se détendre les plus crispés, même ceux qui n’y croient pas ou ceux qui pensent qu’ils n’y arriveront pas.) – C’est aussi valable pour les enfants, qui subissent beaucoup de pression. 06 06 54 31 45 –
  • Une séance de Shiatsu ou de Raiki ? C’est avec Danielle, à la même adresse : 23 B rue du 8 Mai 1945 – 06 81 16 72 31 –
  • Peut-être de la réflexologie plantaire, avec Geneviève – 06 71 97 13 02, c’est juste à côté de l’institut de beauté SensÔ – 03 85 41 45 05 –
  • Le tai Chi Taoïste reprendra en janvier à St Loup de Varennes avec Christian – 06 21 80 26 14 –
  • Un lieu culturel hors du temps : L’hôtel du Lion d’Or à Simandre. https://www.liondor.org/ – On sort de leurs spectacles ébloui et ressourcé.
  • D’autres idées ? Essayez un peu tout puis trouvez ce qui vous convient.

Il est important que vous ayez assez de valeur à vos propres yeux pour consacrer une heure de votre temps et un peu d’argent à vous occuper de vous-même. En fait, rien n’est peut-être plus important. Quand vous irez bien, les autres autour de vous iront mieux.

Et chacune de ces séances découverte peut faire l’objet d’un cadeau de Noël qui, pour une fois, ne viendra pas de Chine et ne risque pas la pénurie. Vous serez sûr(e) de faire plaisir et en plus, c’est aussi bon pour la planète.

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Novembre 2021


Un peu de gourmandise pour commencer avec une recette: Le fromage fort – recette de ma grand-mère Maria

Suivi d’un petit billet d’humeur:

Petite expérience du collectif ou Comment accepter nos différences

Disons-le d’entrée, j’ai du mal à faire partie d’un collectif. Pour citer Brassens : « Dès qu’on est plus de deux, on est une bande de cons ». Il faut bien pourtant parfois sortir de sa zone de confort et aller rencontrer l’autre, dans son altérité justement. De cette immersion d’une semaine chez les bobos, j’ai retiré quelques observations:

D’abord, effectivement, pris séparément, chaque membre se sentait en prise avec la nature, plus ou moins écolo, avec les contradictions que nous avons tous, et bienveillant. Cela, je l’ai senti, constaté, apprécié.

C’est un phénomène bien connu : en bande, on subit une pression intérieure pour ne pas se désolidariser du groupe et on agit parfois d’une manière contraire à ce qu’on est vraiment.

Par exemple, la personne qui se proclame notre guide en montagne nous entraîne à travers un champ cultivé et nous piétinons tout à la manière d’une harde de sangliers. L’alternative aurait été de faire le tour, ce qui rajoutait une cinquantaine de mètres tout au plus. Mais prendre la route, se conformer aux chemins tracés, c’est endosser l’image de celui qui se soumet aux règles. L’anarchiste va où bon lui semble. Paradoxe donc: Je me soumets à la règle commune du groupe pour ne pas apparaître justement comme celui qui se soumet aux règles communes de la société, et ceci contre mon souhait profond. A deux, nous aurions discuté du chemin à prendre, nous n’aurions rien imposé. Exit la démocratie.

Autre exemple, alors que l’objet du stage était justement de se relier au vivant, on fonce en hurlant sur les chemins parce qu’on veut faire décoller les rapaces de leur aire pour mieux admirer leur vol. A cet instant, j’ai eu envie de proposer un questionnaire au groupe: « En tant qu’être humain vivant parmi les vivants, vous considérez-vous comme:

  • Ni plus ni moins important qu’un animal ou qu’un brin d’herbe.
  • Plus important, l’homme est la race supérieure et son bon plaisir prime.
  • Moins important, vous êtes dans cette zone naturelle comme un humble invité, vous ne souhaitez pas trop déranger.

Et j’ai compris plusieurs choses, d’abord qu’apparemment la plupart des citadins présents ne ressentaient pas viscéralement ce que leur passage imposait à la nature environnante, ensuite qu’il est un rythme auquel s’accorder si l’on veut participer à cette vie globale, qui n’est pas celui de la vitesse mais plutôt celui de la contemplation, qu’il y a un temps aussi, plutôt aux heures matinales que tardives, où l’animal que nous sommes sent le danger. Et surtout, qu’il est ici question d’une attitude, plus que de petits gestes ou de grandes explications dans les media. « Etre » plutôt que « Faire » ou que « Dire ».

En conclusion, je dirai bien que le travail qui nous attend commence à l’intérieur de nous-mêmes et qu’il y est question d’humilité et de soumission aux lois supérieures de la Nature. Il y a du boulot !

Après ce billet d’humeur, voici une très rapide étude de texte pour ce mois de frimas:

La Horde du Contrevent / Alain Damasio

Un bonne adresse de chambre d’hôtes ou de gites dans les Alpes de Haute-Provence, près de Sisteron: le domaine Les Rayes (www.lesrayes.fr), très isolé et situé au coeur d’un paysage extraordinaire.

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Octobre 2021


« L’espérance ne serait-elle que de l’utopie qui batifole », comme l’écrit mon ami Pierre Léger ? Vous avez deux heures.

Un petit mot d’humeur pour commencer: je suis comme tout le monde horrifiée par les photos des ordures qui stagnent à Marseille et sont peu à peu emportées par la mer, après avoir nourri d’énormes rats. Je ne peux cependant m’empêcher de penser que ce sont toujours les poubelles des autres qui nous incommodent, pas le sac que nous rajoutons personnellement sur la pile. Pourtant, ce pourrait être l’occasion pour les Marseillais d’essayer le zéro déchet. .. Bon, je sors.

Si vous n’avez pas encore acheté l’album CD « Brassens dans le texte » avec Yolande Moreau et François Morel, considérez comme une urgence d’aller chez votre disquaire. C’est beau, intelligent et drôle et on a bien besoin de ce rire irrévérencieux en ce moment.

Ma découverte de ce mois: Le Serpent Majuscule de Pierre Lemaître, un roman jubilatoire et qui vous donne du peps. Et voici pour vous donner envie:

« Le commandant n’est pas tranquille, la tranquillité, dans ce métier, c’est un ticket pour le cimetière. »

ou encore:

« Elle recharge son arme, elle ne veut pas arriver chez Henri les mains vides, ça ne se fait pas. »

Et puis je donne rendez-vous à mes lecteurs au dimanche 21 novembre à LUX 71 et aux Journées des Ecritures de Cluny ( en Bourgogne) du 3 au 5 décembre prochain. Je présenterai mon dernier roman « Alice des Deux Côtés du Miroir« , suite de « Les Fantômes du Futur » et quelques nouvelles co-écrites.

Prologue:

« Il est une planète plus belle que les étoiles, plus bleue qu’un diamant, plus douce qu’une orange. Elle danse sur la musique de l’univers, valsant inlassablement avec elle-même. Elle est l’Eden de la Bible, le rêve d’un dieu, elle est la Terre.

Il te suffit de poser les doigts sur une mappemonde, laisse-toi guider par le hasard. Suis le cours immuable de la rivière, sens les effluves qui montent de la vase, l’odeur de la vie qui pourrit et se renouvelle dans un éclaboussement de cellules. Si jamais tu aperçois un long coquillage aux sculptures nacrées à demi-enfoui dans le sable, ne le saisis pas, il est réservé pour l’Enfant. »

Et deux nouvelles recettes:

Mon tout dernier article sur la décroissance.

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Et si on se promenait un peu


Voici quelques idées de sorties et de week-ends :

Escapade à l’Est

escapade en Alsace

DIVERS

visite de l’ancien hôpital de Chalon sur Saône

La forêt jardin

Le Cap d’Agde

… et bien sûr une halte à l’Ancre Vive si vous êtes près de Belleville sur Saône est vivement conseillée pour vous gâter et passer de bons moments en amoureux ou en famille. https://lancre-vive.business.site/

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Le Pass sanitaire


Il est un sujet dont il est difficile de discuter sereinement en France en ce moment : le pass sanitaire. La question qu’on peut se poser est la raison de ce manque de respect des opinions d’autrui, qui plus est face à une situation complexe. Il y a à mon avis plusieurs raisons à cela.

La première est la peur, du côté des « pour » comme de celui des « anti » : peur d’une maladie dont on n’a pas encore évalué tous les effets à long terme d’un côté et peur d’une limitation de nos libertés de l’autre. Ces deux craintes, qui parfois tournent à la terreur, sont pourtant sincères et justifiées. Pourquoi alors tant d’agressivité ?

La peur est mauvaise conseillère, elle nous fait voir les choses sans le moindre recul, sans la moindre nuance. Cette peur est manifestement entretenue tant par le gouvernement que par la plupart des médias. On peut penser que c’est pour une bonne cause mais certains y voient des arrière-pensées.

D’autre part, et bien que ce pass sanitaire soit présenté comme non obligatoire, les personnes vaccinées sont extrêmement valorisées et les autres pointées du doigt comme de « mauvais citoyens ». Ceci est d’autant plus troublant qu’au passage on oublie de rappeler que ce vaccin hors normes n’empêche ni d’attraper la maladie ni de la transmettre. Il ne protège donc des formes graves que la personne vaccinée, même s’il semble que le taux de transmission est un peu plus faible alors. Pourtant, plus encore que le masque, la distanciation est suffisante pour éviter la transmission.

Pour ajouter au désordre ambiant, de faux chiffres sont annoncés aux heures de grande écoute, retransmis puis démentis dans un entrefilet ou au détour d’un article de presse. C’est le cas par exemple des fameux 96 % de personnes contaminées dans un département des Pyrénées qui n’étaient pas vaccinées. Simple erreur induite par la volonté de bien faire et de mieux convaincre, sans doute mais selon la manière de les choisir et de les présenter, on fait dire aux chiffres ce que l’on veut, c’est bien connu. Enfin, juges et parties, les laboratoires pharmaceutiques engrangent les dividendes.

Il est difficile également de savoir exactement ce qui est permis ou non selon les lieux et les jours, les annonces se succédant rapidement. Ajoutons à cela un manque de logique : on peut aller dans une église ou un centre commercial mais les salles vides d’un musée de Province attendront. Sur les marchés de plein air, les savons ne sont pas considérés comme essentiels, à l’inverse des confiseries.

Sur ce terrain mouvant, les opinions sont tranchées et sans nuances. On pourrait pourtant se mettre d’accord sur quelques faits : les verrous qui ont sauté, par exemple. Chacun pourrait ensuite penser librement que c’est le prix à payer ou que c’est inacceptable.

Il n’y a pas si longtemps, en France, le médecin traitant discutait avec son patient de l’intérêt pour lui d’un acte thérapeutique, ce dernier prenant ensuite sa décision. Le secret médical était de mise. On ne pouvait licencier un employé pour raison de santé. Les citoyens avaient les mêmes droits, il n’y avait pas deux catégories, l’une étant avantagée et valorisée.

Il s’agit bien sûr d’une situation inédite, nécessitant une réponse urgente qui s’appliquerait sur un temps limité. Sauf que le Pass sanitaire n’est pas limité dans le temps et pourra désormais être réactivé même lorsque cette pandémie aura disparu, peut-être remplacée quelques temps après par une autre dont on ne sait rien encore et à laquelle ce vaccin aura créé un boulevard. Des années après, on saura si vous avez fait partie des dociles ou des rebelles, même si vous n’avez pas manifesté dans la rue.

Dans ce brouillard, peut-on encore demander à nos bouillants compatriotes de laisser à leurs interlocuteurs la liberté de penser ou simplement de s’interroger ?

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Et voilà !!!


Alice des deux côtés du miroir – Annick Bourbon-Rochette (librinova.com)

Voici déjà la version numérique ( 4,99€), beaucoup moins onéreuse que la version papier, que vous pouvez commander en librairies ou par internet (15,90€).

Cette suite des Fantômes du Futur peut se lire indépendamment. Les premiers retours sont enthousiastes.

A partager sans modération.

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Printemps 2021


Le foisonnement du printemps

Bienvenue à mes nouveaux abonnés, c’est chaque fois un plaisir pour moi.

Pour commencer, une lecture bienfaisante, d’une auteure que j’admire énormément: « Un Fils à Maman » de Véronique Mougin. Comment parler de la difficulté à laisser partir ses enfants en faisant rire aux éclats le lecteur ? Après « Où passe l’Aiguille« , qui m’avait captivée, je vous recommande ce deuxième roman pour son humour décapant. Même la dédicace est d’une finesse incroyable.

Pour continuer, deux extraits d’Alice des Deux Côtés du Miroir, disponible prochainement. Avec une question: amour et sagesse font-ils bon ménage ?

Serrant sa fille dans ses bras, Iris ne prononcera pas les mots qui lui viennent aux lèvres, c’est encore trop tôt. Dans quelque temps, elle pourra lui expliquer que l’Autre n’a pas vocation à colmater un manque ou remplir un vide, il se pose de surcroît sur une base solide et équilibrée, avec une légèreté qui ne le rendra jamais importun. « Enfin, dans l’idéal bien sûr », complète-t-elle en pensée.

Et un deuxième:

Alors l’ange déchu parle, longtemps. Il commence en évoquant le cinquième temps[1] de la mazurka, cette vieille danse si romantique avec un court et fragile instant où le couple enlacé reste suspendu. Il arrive toujours un moment où la pause est bienvenue, où un silence crée l’harmonie et ce sera tout l’objet de cette dernière journée.


[1] Il y a différentes sortes de mazurkas, le temps de suspension n’est pas toujours le cinquième.

Et avant de terminer, quelques mots sur ce nouvel hymne du peuple: HK – Danser encore (Officiel) – YouTube

de HK Kaddour et les Saltimbanks.

La musique est simple et entraînante, le refrain souvent répété, les rimes suivies: tout est en place pour une mémorisation rapide. Cette chanson a aussi le mérite de se décliner en plusieurs versions en remplaçant « danser » par « chanter » ou « soigner ».

Ce texte sort comme un cri et met en mots tout ce que nous ressentons en cette période troublée. Ce n’est pas tant du virus, omniprésent sur les media, dont il est question, mais plutôt de la gestion de cette crise sanitaire. Le manque de logique de mesures changeantes, annoncées comme provisoires mais qui finalement durent et ne démontrent pas leur efficacité, est particulièrement déstabilisant psychologiquement. Rarement à ce point a-t-on eu l’impression d’ être sous la coupe de « crânes d’oeufs », ces technocrates qui semblent incapables de se mettre cinq petites minutes à la place des « gens », ces personnes ordinaires qui vivent dans un petit espace, ont des enfants en bas âge, et doivent impérativement travailler pour payer leur loyer.

Dans cette chanson, les termes choisis pour les rimes portent tout le sens.

« Danser encore », c’est ne pas perdre le sens de la fête, c’est ne pas résumer la vie humaine à des heures de travail.

« Nos corps » : le possessif souligne la violence d’un monde où la liberté physique n’existe plus. On a évoqué l’obligation d’une vaccination, les assignations à domicile ou presque…

La grille d’accords reprend l’image de la partition des musiciens, qui sont en harmonie. Isolés, nous ne pouvons plus nous accorder.

Un clin d’oeil aux « Oiseaux de passage » de Jean Richepin, paru en 1876, nous relie aux anarchistes d’antan. Le refus de l’ordre établi transparaît dans les négations et les termes associés: « jamais », « ni », « ne … pas », « briser ».

Le « silence » est vu comme un bâillon mortifère. Il semble qu’aucune voix n’ose s’élever et critiquer les ordres venus d’en haut. Le pouvoir n’apparaît plus comme démocratique: « le roi a parlé ». Mortifère encore est le terme « sentence ». On se sent jugé et condamné sans avoir droit à un avocat. Effectivement, on se demande où sont les contre-pouvoirs. Face à ce consensus obligatoire, les voix qui s’élèvent semblent dénoter. Elles ne sont pourtant pas insultantes ou violentes, juste irrévérencieuses face aux courtisans et à une étiquette qui nous renvoie aux temps du Roi soleil. Et tout à coup, l’élégance change de camp. Elle n’est plus parmi cette caste supérieure qui regarde de haut les gueux et les « gens qui ne sont rien ». C’est l’élégance de ceux qui pensent, qui aiment, qui vivent.

L’absurdité de la vie qui nous est proposée est dénoncée dans le couplet suivant, renforcée par le mot « ordonnance » qui renvoie au pouvoir des médecins, avec encore une coloration de l’ancien régime et des ordonnances royales. Même l’heure du coucher semble être imposée avec le couvre-feu, comme si nous étions devenus des enfants ou des esclaves et le programme tourne sur lui-même avec ces mots qui riment: auto, boulot, métro… On attend dodo et, surprise, c’est Conso. En effet, privés d’à près tout, nous sommes toujours des consommateurs, surtout des GAFA et des grandes surfaces. On atteint le summum avec ces auto-attestations mais on les signe pourtant. Ceux qui ne rentrent pas dans le rang, ceux qui dansent ou qui pensent, sont considérés comme des ennemis publics. Comme dans un Moyen-âge obscurantiste, ils sont mis au ban de la société par une exclamation par essence dénuée de réflexion: « Malheur à… »

On retiendra « autoritaire » et « sécuritaire » mais aussi, plus finement, cette doucereuse « insistance » qui rompt le lien de « confiance » qu’un peuple doit avoir envers ses chefs. Le confinement, nous l’avons bien compris, n’est pas tant physique que mental: on confine jusqu’à nos consciences, nous enlevant le statut d’êtres pensants et adultes.

Les deux derniers couplets proposent de résister, avec justement ce qui nous rend humain. Résister, c’est d’abord refuser de se laisser impressionner. Garder notre libre-arbitre, c’est être encore capables de voir ce qu’il y a de déraisonnable dans ce qui nous est imposé. Avec « Vendeurs », l’économie s’introduit dans le jeu avec l’abondance de sentiments malsains et nocifs comme la peur, l’angoisse. On atteint des extrêmes avec « indécence ». Là encore, la bienséance et les codes du vivre ensemble ont changé de camps.

Comme le feraient les conseils d’un médecin des âmes, l’expression de l’artiste se met à l’impératif et fait appel à notre intelligence avec « sachons » mais il s’agit bien de santé. Une santé individuelle mais aussi globale, « sociale » et même « environnementale ». Le confinement a en effet fortement aggravé les dégâts à la nature et à la démocratie. Là encore, la santé change de camp face à la « démence ». Gardons ce qui nous fait humain, semble dire le poète, l’intelligence et le sourire. Le sourire est considéré comme le propre de l’homme mais c’est aussi le symbole de relations sociales apaisées, la marque de sentiments bienveillants, un signe de paix envers les autres, une façon de dire qu’on va bien, et tant d’autres choses essentielles.

Ames sensibles, n’allez pas plus loin, ma plume parfois libère ses angoisses. Pourtant je pense sincèrement que le positif sera à la hauteur du négatif, en particulier la solidarité, la bienveillance et l’avancée vers une société meilleure viendront à bout de cette période d’incertitude.

C’est venu tout doucement, sans qu’on s’en rende vraiment compte. Une canicule, puis deux et trois, des incendies, des épidémies… Bien sûr, cela avait toujours existé, juste un peu moins violent, juste un peu moins fréquent. « La folie », disait Einstein, « c’est de faire toujours la même chose et d’attendre une réponse différente ».  Mais plus que jamais l’Economie guidait le Peuple, alors on ne voulut rien changer, et surtout pas le type de société. Mais quand même, des voix encore s’élevaient et, bien que discordantes, éparses, inaudibles parfois, elles semblaient de plus en plus nombreuses. Alors, le pouvoir politique, un peu partout, s’est fait plus autoritaire, en s’appuyant sur les peurs, et les gens ont accepté parce que c’était provisoire et aussi parce qu’on n’y pouvait rien, sans doute. Avant même de quitter les corps, la liberté avait quitté les esprits. Puis on a encouragé la délation et désigné à la vindicte populaire ceux qui tentaient de résister, de ne pas faire comme tout le monde. Il y eut des sanctions, des procès, des arrestations, mais une information faisant oublier les précédentes, on a arrêté de tenir le compte de ceux qui avaient disparu et de tout ce qui avait changé. Une année, il n’y a pas eu de printemps. Les fleurs ne sont pas revenues au sortir de l’hiver. Cela irait mieux plus tard, il fallait de la patience, voilà tout, disait-on. Mais à force d’attendre, les souvenirs de ce qui avait vraiment existé sont devenus vagues, confus, et surtout ressassés par les plus âgés. Il fallait rester positif, cette phrase agissait comme un mantra et d’ailleurs, si un oiseau avait disparu, et cela restait à prouver, d’autres étaient encore là. Moins de rossignols, plus de corbeaux.

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Février 2021


Nous ne parlerons pas de Covid, de couvre-feu et autre joyeusetés. Ce mois-ci, nous choisirons de regarder avec attendrissement les premières pousses des massifs et des prés. Nous ne trouverons pas que l’herbe est sale ou que si on ne la coupe pas à ras, ce serait « mal entretenu » et nous aimerons le chant des coqs et des grenouilles. Au programme ce mois-ci, nous avons :

« Retour vers la Nature »

Avec une nouvelle page intitulée Effondrements et Résilience, à laquelle seront rattachés de nombreux articles sur le sujet.

Et puis, nous nous régalerons d’une recette de soupe très économique que j’ai appelée « Soupe qui ne ressemble à rien », c’est dire si vous avez une grande marge de manoeuvre pour améliorer la présentation…

Que nous faut-il ?

De l’eau bouillante dans laquelle on place un cube de bouillon, des lamelles de carotte, retirées dans la longueur avec un épluche-légumes, des pâtes alphabet et surtout du tapioca. On laisse mijoter quelques minutes avant d’assaisonner selon le goût de chacun: poivre, baies roses, curcuma… mais sans ajout de sel, c’est inutile.

Lorsque les grains sont bien translucides et gonflés, on déguste avec un peu de crème et de fromage râpé.

Et si vous voulez vraiment vous préparer aux mauvaises nouvelles, il vous reste la lecture de mon roman Les Fantômes du Futur », à commander dans toutes les bonnes librairies ou à trouver en bibliothèque. Un groupe de villageois sera sauvé par la solidarité et par la diversité de leurs compétences. Mon conseil est donc de créer un maximum de liens avec les gens qui vous entourent, saluez-vous, prenez des nouvelles, échangez des recettes ou des livres, rendez des services, etc. Bref, retrouvons ce qui fait notre humanité et la vie sera belle !

Mon roman Les Fantômes du Futur » fait parler de lui.
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Janvier 2021


Les bambous, qui se préparent lentement sous terre avant de pousser très rapidement.

A l’occasion de cette nouvelle année, je vous souhaite de trouver ces mille petits instants de bonheur qui nous sont offerts chaque jour. Ils étaient là déjà en 2020, comme les années précédentes mais il faut parfois un peu les chercher, ils sont discrets. On reconnait trop souvent le bonheur au bruit qu’il fait en partant (merci Jacques Prévert).

Enfin cette année sera aussi ce que vous en ferez : faire un voeu, c’est un bon début, dans « voeu » il y a « volonté » mais ensuite il faut mettre l’énergie suffisante pour qu’il se réalise. Prenez donc vraiment soin de vous au niveau physique comme sur le plan moral et sur celui de votre habitat: la planète Terre. Ca commence aujourd’hui.

Certains me suivent depuis des années, je leur adresse un salut particulier et je souhaite aussi la bienvenue aux « petits nouveaux ».

Je recommande le livre de mon ami Pierre Léger : Morvandelle Randonnée, qui vient de paraître. Il contient entre autre un joli texte sur Noël.

On m’a offert A Promised Land, le dernier livre de Barak Obama, j’en parlerai bientôt.

L’article du mois, c’est Janus, le dieu des portes.

Une bonne nouvelle pour terminer: La ville de Barcelone a réfléchi à un espace mieux partagé avec les piétons, les femmes, les enfants, les personnes âgées… La mise en place de bancs, d’espaces de jeux, de zones piétonnes a fait revenir la vie: les gens se parlent, créent des liens, ont plaisir à flâner, se sentent plus en sécurité parce qu’il y a du monde et moins de ruelles désertes – Tout cela hors covid bien entendu mais au printemps, cette épidémie aura pratiquement disparu.

En attendant la prochaine, malheureusement, car tant que les gens mangeront des biscuits et des pâtes chocolatées à l’huile de palme et de la viande nourrie au soja d’outre Atlantique, on réduira les forêts et on rapprochera des habitations une faune sauvage qui est un réservoir à virus. Mais ça, vous le saviez déjà.

Peut-être une occasion de lire ou relire Les Fantômes du Futur(d’Annick Bourbon Rochette) , qui a connu un regain des ventes et d’intérêt de la part des médias récemment, avec la pandémie et le confinement.

Bref, je nous souhaite à tous d’apprendre à danser sous la pluie et à aimer, vivre et se rencontrer malgré les virus.

Les Fantômes du Futur – Roman d’anticipation
Ce qui me fait particulièrement plaisir, ce n’est pas tant le succès que le fait que certains de mes lecteurs me disent que cette lecture a fait évoluer leurs pensées et parfois prendre certains engagements, comme celui de réduire le gaspillage.
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Décembre 2020


La Maison du Chat Troubadour en hiver

Tout d’abord, je souhaite la bienvenue à mes nouveaux abonnés: vous êtes 444 désormais à avoir plaisir à lire quelques pages de ce blog, qui a dépassé le million de vues.

Nous vivons certes des temps difficiles, nous approchons de Noël qui nous fait parfois un peu retomber en enfance, toutefois, ne devenons pas des enfants capricieux et sachons raison garder. C’est même une question de décence:

  • Non, nous ne sommes pas en guerre : la guerre, c’est bien pire que ça.
  • Nous avons un toit, de quoi nous nourrir. S’il vous plait, ne pleurnichons pas parce que nous n’aurons pas de remontées mécaniques pour le ski de piste.
  • Enfin, lorsqu’on ne peut rien contre les conditions extérieures, on peut toujours agir sur la manière dont on les ressent, dont on les accepte.
  • Il en va autrement de nos libertés fondamentales. La résistance passive peut être une option, qui demande courage et réflexion, et qui en aucun cas ne fait fi de la santé d’autrui.
  • Enfin, l’arbre ne doit pas cacher la forêt: il nous sera donné de vivre des temps autrement difficiles et nous pouvons d’ores et déjà nous préparer, afin d’être en capacité de les surmonter au mieux. Comment ? En créant des liens, en retrouvant des valeurs désuètes comme la solidarité, en nous habituant peu à peu à plus de sobriété, en sachant distinguer l’essentiel de l’accessoire, en nous informant aussi et en agissant au niveau local, avec nos petites forces de colibri.
  • En parlant de solidarité, je salue ce joli mouvement qui consiste à prendre une boite à chaussures, à la décorer, à placer dedans un truc bon ( pain d’épice…), un truc chaud ( paire de chaussettes), un truc pour l’hygiène (savonnette), un truc pour la culture (livre) et ce qu’on veut en fait puis terminer par un petit mot sympa. Une association offre ensuite la boîte à un sans-abri.
  • Pour terminer, le lien avec les articles de saison:

le sapin – conte d’Andersen – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

L’orange de Noël – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

Un conte de Noël : le bœuf et l’âne de la crèche – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

Joyeux Noël – Barbara – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

Le Père Noël et la petite fille – Brassens – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

La reine des neiges – Hans Christian Andersen – le Blog d’Annbourgogne (wordpress.com)

Je vous souhaite du fond du coeur un joyeux Noël et de pouvoir, d’une manière ou d’une autre, vous relier à ceux que vous aimez et partager quelque chose avec eux: une idée, une soirée, un souvenir, une chanson, quelques mots, un cadeau virtuel ou pourquoi pas commercial… Enfin tout ce qui illuminera un instant de nos vies.

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Novembre 2020


Arbre à Bibracte

Bienvenue à mes nouveaux abonnés,

J’ai choisi cette photo en hommage à Samuel Paty, et à travers lui à tous ceux qui font leur travail avec droiture et courage, sans rien renier de leurs valeurs. La forme de cet arbre me fait penser à la liberté d’expression, qui plonge ses racines dans le respect de l’autre et s’élève grâce à l’ouverture d’esprit qui, rappelons-le, n’est pas une fracture du crâne. Et pourquoi pas choisir des voies moins communes et plus personnelles d’explorer l’espace ! Cet arbre l’a fait, comme un dessinateur qui n’écouterait pas les gens raisonnables, parce qu’ils sont mortifères à la fin. Vivre en s’amoindrissant, en refusant l’ouverture proposée par le rire, est-ce vraiment vivre ?

Je voudrais remercier aujourd’hui les artistes et ceux qui les aident à s’exprimer et à nous rejoindre, malgré tout. Il faut bien trouver des chemins. J’ai assisté en direct, via mon écran d’ordinateur bien sûr, à une représentation de danse inspirée de théâtre Nô intitulée Le Tambour de Soie, avec Kaori Ito et Yoshi Oida. Dans ce pas de deux entre un très vieil homme et une jeune femme, entre un être et la Vie, tous les sentiments s’entremêlent. La vie est belle mais elle danse désormais derrière lui et se moque de cet homme qui la désire encore alors que ses forces l’abandonnent. Elle le blesse cruellement mais parfois aussi le soutient puis lui échappe et refuse d’honorer ses promesses. Mais quand la fin de la chanson ne nous satisfait pas, on peut la changer et à la souffrance opposer la danse et la vie.

Dans le temps parfois étiré du confinement, je vous engage à lire Les Terrestres, une BD jubilatoire et profonde de Noël Mamère et Raphaelle Macaron.

J’écoute en ce moment des reprises d’anciennes chansons par Rosemary Stanley. Quelle est votre musique du moment ? Qu’est-ce qui vous emmène loin de votre kilomètre carré de confinement ?

Enfin, voici un petit extrait de la suite des Fantômes du Futur, juste pour vous.

Reprenant le sentier familier qui mène à l’Arche, où elle suit chaque lundi un cours de physique quantique, elle trouve que ce matin de mars chante la vie comme seul le début du printemps sait le faire. Un jour comme celui-ci, au XVème siècle, un homme, un prince, a écrit :

« Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie,

Et s’est vêtu de broderies… »

abolissant par ce petit message les centaines d’années qui le séparent d’elle. Elle envoie en pensée un signe amical à Charles d’Orléans, en songeant que le temps n’est qu’une illusion quand deux êtres partagent la même émotion.

Quand flamboient les vignobles de Bourgogne sous le soleil d’octobre, ce n’est pas mal non plus …

Charles d’Orléans

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Deux Poèmes

Dansant comme des masques jetés à la face de la Prudence


Un peu d’émotion, des mots…

je vous offre ces deux textes d’Annick Bourbon Rochette

IVRESSE

Impatients et tremblants

Nous progressons du bout des doigts sur les sentiers interdits

Des rêves de chemins de traverse

A demi enfouis sous les ruines du Temps

Vivants pourtant

Ivres soudain d’arc-en-ciel

Dansant

Comme des masques jetés à la face de la Prudence

Mais à genoux devant la grâce musicale des étoiles,

Et, juste le temps d’un intervalle,

Comme un soupir posé sur la ligne de nos vies,

Liés

Par le fil d’un regard

Silence

Au début le silence.

Le Temps n’existe pas.

Pense, pense.

La Parole fut,

Futile,

Fut-elle

Divine ?

Là commence l’Histoire,

Noire, noire.

Au milieu le soupir

Silence, silence…

Vacarme et pause,

Pause et musique

Dansent, dansent

Blanches et noires

A la fin le Silence

Dense, dense.

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Eté 2020


Bienvenue à mes nouveaux abonnés, qui ont bien du mérite

avec une auteure aussi peu assidue que moi en ce moment.

Partages

  • le roman de Delia Owens « Là où chantent les écrevisses » m’a littéralement enchantée.
  • J’ai beaucoup aimé aussi « La Brodeuse de Winchester » de Tracy Chevalier. Question d’âge peut-être, amour de l’Angleterre de mon enfance aussi, je me suis sentie complètement dans l’histoire, dans ce qu’elle montre de vie quotidienne mais aussi d’épreuves à surmonter individuellement pour trouver sa voie, seul(e). J’ai dévoré ce roman.
  • Plus dérangeant sans doute : « Les Furtifs » d’Alain Damasio. Moi, la férue de littérature, je suis restée bouche bée devant une façon d’écrire révolutionnaire. Je suis très admirative non seulement de la virtuosité poétique mais aussi du sens profond attaché presque à chaque lettre. Ce n’est certes pas une lecture facile.

Une réflexion

  • Si l’on compare l’histoire des trois petits cochons et la fable de La Cigale et la Fourmi ( l’idée n’est pas de moi mais j’ai oublié son auteur), on s’aperçoit que les jeunes cochons échappent au loup grâce à la solidarité avec leur frère, alors que la pauvre cigale, n’ayant aucun lien d’amitié ou d’entraide avec la fourmi, pourtant sa voisine, meurt de faim et de froid. La morale pourrait être: créez des liens avec vos voisins et resserrez ceux avec votre famille, en prévision d’un avenir incertain.

Mes objectifs personnels pour moins consommer

Dès que j’ai pris une nouvelle habitude, que cela ne me demande plus d’effort, je passe à la suivante. Il faut parfois plusieurs semaines pour que cela devienne courant et que cela ne représente plus une contrainte. Pas de pression, je me laisse le temps.

  • Ne plus prendre l’avion
  • limiter les trajets loisirs en nombre et en distance
  • Manger moins de viande
  • Prendre plus souvent le vélo
  • avoir ma gourde sur moi en permanence
  • ne plus emballer les cadeaux ou en sacs réutilisables ou réutilisés
  • utiliser des sacs en tissu pour les courses
  • en été, récupérer dans une cuvette l’eau de l’évier qui peut servir à arroser
  • récupérer dans un broc placé à proximité de la douche l’eau perdue avant qu’elle ait atteint la température convenable.
  • acheter local et si possible direct producteur
  • manger fruits et légumes de saison
  • plus d’huile de palme
  • ne boire que du vin bio
  • ne (presque) plus acheter de vêtements
  • ne consommer que du chocolat bio, éthique et responsable
  • Eteindre portables et ordinateurs la nuit ( j’en suis là)
  • Ensuite: moins d’internet en journée (aïe, je suis accro) et surtout moins de vidéo. Préférer les textes.

Quelques suggestions « écologiques » pour mes lecteurs habitant la campagne

  • Vous pouvez taillez vos haies, dès le premier août et jusqu’en février.
  • Prévoyez de couper ou relever le bas de votre clôture pour favoriser le passage des hérissons, qui meurent facilement pris dans les mailles des grillages.
  • C’est le moment d’acheter un vélo électrique et de profiter des aides : utilisez le à la place de la voiture pour tous vos trajets courts.
  • Plantez des arbres, fruitiers de préférence.
  • Mettez en place des réservoirs d’eau de pluie.
  • placer moins de fleurs décoratives, qui demandent beaucoup d’eau.
  • Si vous le pouvez, placez des moustiquaires à vos fenêtres, vous aérerez en toute tranquillité pour profiter de la fraîcheur de la nuit, sans clim.
  • Evitez de placer une piscine chez vous, trop consommatrice d’eau.
  • La règle du MOINS: A chaque fois que j’utilise quelque chose, j’essaye d’en prendre moins : moins de dentifrice, de shampoing, de viande, de lessive, etc.
  • La règle des Trois Tiers: je ne prélève dans la nature que ce qui est en abondance, j’en laisse un tiers pour les animaux, un tiers pour le renouvellement naturel. Le tiers restant est pour les humains, je choisis le plus facile à prendre mais à plus de 30 cm du sol ( cause risque d’infection par la « douve du foie ») et j’en laisse encore pour les copains…
  • et pour finir, une recette de lessive au lierre dont je suis très contente : 100 gr de feuilles de lierre fraîches, lavées puis découpées et froissées que vous recouvrez dans une casserole d’1litre d’eau bouillante. Faites cuire 15 mn puis laissez reposer avec couvercle 36 à 48 heures. Filtrez. C’est une lessive très concentrée pour le linge, une petite dose suffit. Elle ne se conserve que deux semaines. A partager entre voisins, donc.
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Pandémie


J’ai la conviction qu’un obstacle sur un chemin plat peut être l’occasion de « lever le pied », de ralentir et changer de rythme, et aussi de s’élever, en reconnaissant ses vraies priorités, en apprivoisant de nouvelles valeurs comme l’amour, le partage, la solidarité ou même la fraternité, ce mot désuet. Cet arrêt momentané et collectif nous rapproche de notre voisin alors même, paradoxalement, que nous devons conserver une distance de sécurité, pour notre santé commune.

Je suis attristée que mon roman Les fantômes du Futur ( éditions Baudelaire – Annick Bourbon Rochette – 21,50) soit à ce point et aussi précisément prémonitoire mais heureusement, il porte un message très positif.

Quelques lectures d’actualité à conseiller :

Et comme on dit maintenant: « bon confinement ! » et surtout prenez soin de vous.

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2020


Entre promotion du roman Les Fantômes du Futur et écriture de la suite, je néglige trop souvent ce blog. Je souhaite cependant très sincèrement la bienvenue aux nouveaux abonnés.

Je vous encourage, pour ceux qui ont déjà lu Les Fantômes du Futur, à suivre la page https://annbourgogne.wordpress.com/2019/06/11/les-fantomes-du-futur/. Vous y trouverez quelques réponses aux questions que vous vous posez peut-être et des indications sur les rencontres avec les lecteurs.

J’ai proposé une nouvelle intitulée Champ Seigneur au concours « Du sang dans les Livres » de la Bibliothèque municipale de Chalon sur Saône. Le moment venu, en mars, vous pourrez voter par internet pour votre nouvelle préférée. Lorsque le concours sera terminé, je la publierai sur ce blog. Je me suis beaucoup amusée à l’écrire.

Lectures conseillées:

  • Le poète, philosophe et académicien François Cheng. Je suis plongée dans la lecture de ses quatrains qui touchent au plus profond de l’âme.
  • La Forêt Jardin, de Fabrice Desjours. Cette bible de la culture « autrement », très joliment illustrée, est aussi un hymne à la beauté du vivant, à sa manière.
  • Les romans de Valérie Perrin.

Autre information:

Rappel : retrouvez le mouvement des Coquelicots ( pour l’arrêt des pesticides) chaque premier vendredi du mois, souvent autour de 18h, devant votre mairie. Une demi-heure pour échanger des informations, s’organiser et montrer aux municipalités que nous restons vigilants et soucieux de la santé publique.

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Décembre 2019- janvier 2020


D’une année à l’autre …

Je veux tout d’abord souhaiter la bienvenue aux nouveaux abonnés. Cela me touche toujours de savoir que des lecteurs apprécient mes divagations littéraires. N’hésitez pas à commenter ou à cocher « j’aime »…

A lire ou à relire, quelques articles de saison:

Joyeux Noël

Janus

Le Sapin

Le Père Noël et la petite fille

L’orange de Noël

Saint Nicolas

La Fille du Père Noël

Un conte de Noël

La Fille du Père Noël - dessin d'Elsa Miravallez
La Fille du Père Noël – dessin d’Elsa Miravallez
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Un rêve étrange


Le rêve commençait bien. Blottie sous la couette, je profitais de deux jours de vacances offerts par mon cerveau dans un petit hôtel au charme suranné mais tout pimpant et bien confortable. Visites dans la ville, promenades sur les chemins de moyenne montagne, rythme tranquille : le temps passait si agréablement que je rentrais en cette fin d’après-midi avec la ferme intention de prolonger mon séjour.

Un peu fatiguée tout de même, je monte à ma chambre. Surprise ! La porte s’ouvre sur un décor différent, le lit défait, d’autres motifs sur les draps. Je comprends vite que je me suis trompée d’étage et je m’en excuse auprès de quelques femmes qui bavardent dans le couloir. Cela les fait rire, de manière un peu discourtoise. « Il n’y a qu’un étage ! « lance l’une d’elle. Je suis perplexe : je suis certaine que ce n’était pas une autre porte, pas celle au bout du couloir, ni celle en face du lavabo crasseux. L’endroit, si coquet hier encore, apparaît à présent sale et défraîchi. C’est comme si le lieu avait vieilli, pris cinquante ans tout d’un coup. Je vois bien que les autres locataires pensent que j’ai des problèmes de mémoire, la maladie d’Alzheimer vraisemblablement.

Il y a bien un escalier, menant à l’étage supérieur mais il semble depuis longtemps condamné par des poutres effondrées. Je sens monter la panique et je décide de me rendre à l’accueil pour tout éclaircir. Traînant ma grosse valise, je redescends mais il y a foule dans la petite entrée donc de l’attente. Les gens sont énervés, la personne à l’accueil répète que tout est complet. Mince, comment vais-je pouvoir garder ma chambre plus longtemps ? Je m’en veux de ne pas avoir prévu de le signaler plus tôt, hier ou ce matin en partant, mais peut-être était-ce déjà trop tard…

Je me place dans un renfoncement, à côté du comptoir, afin d’attendre sans gêner le passage et là, je m’aperçois que j’ai oublié mon sac à main dans le studio de vacances de ma mère. L’appartement est inoccupé pour le moment, cela va être difficile de récupérer rapidement mes affaires mais je vais téléphoner à maman et elle m’aidera à trouver une solution. Ah! sauf que je n’ai pas mon téléphone portable, resté dans le sac, sorte de petit sac à dos en imitation cuir, joliment fleuri. Pas de chéquier, de carte bancaire, de pièce d’identité non plus. En fait, je me rends compte que « ma vie » est dans ce sac : mon identité, mon « pouvoir » d’achat, ma liberté de faire ce que je veux. Je ne peux même plus me déplacer : comment prendre un train pour rentrer chez moi, sans argent pour payer le billet ? Je n’ai plus non plus ma place ici, le délai qui m’était accordé est dépassé. C’est comme si le Monde des vivants était complet, sans moi. Je me souviens d’ailleurs que ma mère est décédée, il y a plusieurs années. Je me sens comme une migrante, qui n’est plus d’aucun lieu.

Voyant mon désarroi, deux personnes souriantes s’approchent. « Ca va? » s’enquiert l’une d’elle. Je tiens absolument à me montrer positive et je pressens aussi que la solution qu’elles vont me proposer ne va pas me plaire du tout. Alors je réponds : « Oh, ça allait très bien jusqu’à ce matin, j’ai passé deux jours vraiment formidables ici. Là, tout de suite, ça va un peu moins bien parce que je n’ai plus mon sac. » Elles me font penser à deux anges, mais des anges d’âge mûr, sans ailes, avec l’air de bonnes vivantes aux joues roses et rebondies. Je n’ai vraiment pas envie de les suivre mais je pressens que c’est ce que je vais être obligée de faire. Doucement mais fermement, elles se placent chacune d’un côté de moi et m’emmènent…oh, sûrement pas très loin, juste à côté. Mais dans l’inconnu.

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Les Fantômes du Futur

Les Fantômes du Futur Roman d’anticipation


A savoir : une suite a été publiée intitulée « Alice des Deux Côtés du Miroir ».

Un lecteur m’a confié qu’il n’aime pas les romans d’anticipation, est agacé par les discours écologistes, ne goûte pas la Mythologie et a pourtant été « happé » (c’est le terme qu’il emploie), dès les premières pages. Il semble que chacun trouve ce qui lui plait, qui varie d’un lecteur à l’autre. Je conseille de le lire une deuxième fois car il a été écrit pour cela. Certains indices semés çà et là font que la seconde lecture est différente de la première.

Cependant, quelques personnes avouent avoir eu du mal sur les premières pages où sont mentionnés plusieurs personnages (trop à la fois ?). Il faut savoir que dans ce roman atypiques les personnages n’ont pas grand intérêt. Seul compte ce qu’ils apportent à la communauté. Il y a certes un tableau récapitulatif à la fin mais il est inutile d’essayer de retenir les noms ou de se poser trop de questions. Vous retiendrez naturellement ceux qui sont importants pour vous. Comme l’écrit Aragon: « Rien ne passe après tout si ce n’est le passant. »

Ce roman d’anticipation atypique vous séduira par son énergie, son optimisme résolu et la palette des émotions humaines qui colorent l’histoire. La suite, réclamée à corps et à cris, est parue sous le titre Alice des Deux Côtés du Miroir. La tonalité et le thème sont très différents.

Enfin, les retours de lecteurs sont très positifs mais « on ne sort pas indemne de cette lecture », disent certains.

J’ai depuis publié une suite: Alice des Deux Côtés Du Miroir.

Et sur ce blog, vous pouvez lire quelques explications supplémentaires.

Les Fantômes du Futur – Roman d’anticipation

Réponses aux questions les plus fréquentes:

  • Pourquoi la présence de lettres hébraïques anciennes ?

On peut les ignorer et ne voir qu’une étrange décoration. Cependant, elles ont guidé mon imagination et forment pour moi l’architecture du texte. Une tentative d’explication se trouve en fin du livre.

Pour donner un exemple, la lettre Beth a gardé la forme du dessin originel, un abri ou une matrice. Elle est symbolique et correspond à l’achat de la maison pour commencer l’Arche.

  • A quoi servent les gaulois ?

Ils sont là pour s’étonner et nous renvoyer une image distanciée de nos actions. Nous marchons sur la tête mais peut-être faut-il être à l’extérieur pour s’en rendre compte.

  • Pourquoi cette scène doucement érotique mais incongrue ?

La rencontre de deux âmes passe parfois par la rencontre de deux corps. C’est la vie, cela fait même partie de la beauté de la vie, il n’y a alors aucune raison de la passer sous silence.

On pourra voir aussi des symboles cachés dans la position ou la couleur des corps: le yin et le yang, le Bien surmontant le Mal…

  • Pourquoi ne pas s’être arrêté à 2030 et la deuxième partie aurait fait l’objet d’un autre roman ?

Il est vrai que l’effondrement et la reconstruction sont très différents, au point qu’ils ne semblent pas être écrits par la même personne. La première partie est proche de la réalité et peut sembler parfois prémonitoire (l’écriture a été terminée fin novembre 2018). Les idées sont arrivées de nuit, dans un demi-sommeil, donnant parfois l’impression d’être dictées. Dans la deuxième partie, en revanche, j’ai eu l’impression d’être beaucoup plus libre et j’ai laissé vagabonder mon imagination. Ceci explique que certains lecteurs préfèrent de loin l’une ou l’autre partie.

  • Pourquoi angoisser les lecteurs ?

Mon roman n’est anxiogène que pour certains lecteurs, mais en fait, c’est notre situation , notre actualité qui est angoissante. Certains voient au contraire dans cette lecture un optimisme béat et d’autres un équilibre sur le fil entre la violence et l’amour.

Quelques réactions qui m’ont fait chaud au coeur:

  • Il y a un avant et un après la lecture de ce livre. On n’est plus le même, on apprécie beaucoup plus chaque instant de notre vie.
  • J’ai planté des arbres fruitiers autour de ma propriété de manière à ce que plus tard, les passants puissent cueillir quelques fruits.
  • J’avais toujours envie de connaître la suite, je ne pouvais pas m’empêcher de tourner les pages les unes après les autres, j’avais du mal à le lâcher, à faire une pause.
  • C’est un livre qui ne nous quitte pas, qui nous accompagne en pensée chaque jour.
  • Je vais le relire, je pense que je n’aurais plus le même regard, il m’a fait évoluer.
  • La Loire était presque à sec et j’ai encore pensé à ton livre…
  • Si un effondrement survient, je saurais mieux quoi faire, je me serai préparée, au moins psychologiquement et un peu matériellement, en changeant mes habitudes.
  • Votre roman m’a redonné l’envie de lire.
  • En fait, la lecture a été difficile psychologiquement car c’est plus qu’un roman, cela ressemble tellement à notre histoire.

Autres remarques suite aux rencontres des lecteurs:

  • Nous sommes parfois agacés de voir que d’autres ne font pas les mêmes efforts que nous pour préserver notre futur sur la planète terre. En fait, je crois que chacun est quelque part sur son chemin, occupons-nous déjà de nous-mêmes, nous avons beaucoup à faire et encore trop d’incohérences sur lesquelles travailler. Gardons-nous de juger.
  • Sans être en accord avec nous-mêmes, pas de bonheur possible.
  • Solidarité et appui sur la diversité seront deux conditions pour mieux vivre.
  • La prise de conscience et le changement se fait, hélas, dans des conditions dramatiques. L’humain n’est pas raisonnable.
  • Si l’on se reporte seulement un an ou deux en arrière, on s’aperçoit que les consciences et les habitudes ont déjà beaucoup évolué. Le réchauffement climatique, par exemple, fait la une des media.
  • Le travail de deuil, nécessaire lorsqu’on comprend que des changements sont inéluctables, passe par plusieurs phases. Or, dans l’angoisse, on n’est pas performant pour évoluer et reconstruire. Lorsque, après la tristesse, après la recherche parfois compulsive d’informations, on passe à l’action, quelle qu’elle soit, on commence à prendre de la distance et à surmonter le défaitisme. On se sent mieux.
  • Beaucoup de gens se tournent vers d’autres valeurs, vivent en éco-lieux, en communauté. Des forces vives et jeunes nous donnent de l’espoir.
  • Rappel : adhérez au mouvement des Coquelicots ( pour l’arrêt des pesticides).
  • Vous pouvez aussi assister à une Fresque du Climat et pourquoi pas devenir animateur.

Questions posées lors des rencontres et auxquelles vous pouvez répondre en commentaire:

  • Quel est votre passage préféré ?
  • La lecture du roman a-t-elle modifié quelque chose pour vous ?
  • Quelles sont selon vous les raisons d’espérer ?

Dans le même esprit, lisez ce magnifique texte de Catherine Bernard: https://annbourgogne.wordpress.com/divers/texte-de-catherine-bernard/

Les Gens pleurent la nuit

Le piège à singe

La forêt jardin

Un rêve étrange

Je recommande aussi Et Toujours les Forêts de Sandrine Collette. Ceux qui aiment mon roman apprécieront le sien et inversement.

à la Une

2019


Une sorte de poème/pensées du moment :

Les Gens Pleurent La Nuit

Une petite ambiance de fin du monde avec un compte-rendu d’une conférence sur l’effondrement.

Conférence sur l’effondrement de notre société.

Un article d’actualité, hélas:

Magnifique texte de Catherine Bernard

Et des nouvelles de mon roman:

Les Fantômes du Futur

Autres articles spéciaux pour la Saint Valentin :

Pourquoi Saint Valentin est-il le patron des amoureux ?

Recette de petits sablés aphrodisiaques

Et souvenez-vous, on n’achète pas de roses pour la Saint Valentin, à moins de passer pour un « beauf » qui ignore que ce n’est pas la saison. Une plante en pot, un arbre à planter ou, encore mieux : du temps ! Du temps pour flâner ensemble ou pour découvrir un film lors du festival du film d’amour à Saint-Amour dans le Jura, du temps pour concocter un petit repas sympa ou pour enfin placer cette étagère qui attend depuis six mois … 

Petite info: mon roman Les Fantômes du Futur est disponible, soit en version numérique à 9,99 € ,soit en version « papier » à 21,50€ chez votre libraire ou tous les sites habituels.  Il reste la possibilité de le lire gratuitement en bibliothèque. https://annbourgogne.wordpress.com/2019/06/11/les-fantomes-du-futur/

J’ai lu:

A la demande de Librinova, Le Quatrième Testament de Clément Soenen et je ne sais trop qu’en penser.

C’est à l’évidence un écrit original et amusant pour ceux qui ne craignent pas la scatologie et le deuxième voire le quatrième degré. Il est presque obligatoire aujourd’hui de briser phrases et mots : écrire correctement est devenu synonyme de platitude et d’ennui. Le style de cet auteur ravira donc les « modernes ». Pour ma part, j’ai peiné à m’habituer au langage vulgaire, pourtant bien en phase avec le récit.

J’ai pourtant été touchée par moments par la cruauté de la vérité, par une certaine proximité avec des pensées qui nous traversent, aux heures vespérales. Ainsi, cette phrase évoquant l’amour entre un parent et son enfant:

« Si j’fais d’vieux os, ce lien si solide, si puissant, s’assèchera naturellement et tombera en poussière sans qu’aucun de nous deux s’en aperçoive »

Cependant, passée la curiosité touristique de se balader dans la tête d’un autre, le point de vue très masculin, voire « beauf », peut vite devenir lassant pour une lectrice. La pensée semble errer au gré du vent, suivant plus ou moins un historique fantaisiste. Il n’empêche, ce livre ne laisse pas indifférent et peut trouver son public.

 

 

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Automne 2018


tôt le matin en décembre (1)

Bienvenue à mes nouveaux abonnés !

Je ne suis guère assidue à ce blog en ce moment pour cause d’écriture. Mon premier roman est terminé et paraîtra sous le titre Les Fantômes du Futur. Je tente de choisir un éditeur tout en écrivant le deuxième, qui est une suite du premier.

articles d’automne:

La forêt jardin

Crest-Voland

Gâteau de foie aux quenelles

Conférence sur le bonheur

La Mort n’est rien

 

Anciens articles de saison:

L’orange de Noël

Joyeux Noël – Barbara

le sapin – conte d’Andersen

Un conte de Noël : le bœuf et l’âne de la crèche

 

Lecture conseillée:

Inferno de Dan Brown: Une érudition étonnante appliquée à l’actualité la plus brûlante.

Utilisant des images de l’Enfer de Dante peint par Botticelli, l’auteur de Da Vinci Code nous montre l’humanité s’étouffant dans ses propres excréments – ou ses déchets – exprimant par là combien l’enfer peut être sur terre. La mère Nature, toujours belle malgré son âge, est malmenée, droguée, emprisonnée sans aucun respect ni les soins sanitaires minimum. Elle est mourante.

Vous ne lirez peut-être pas la même chose que moi mais une toute autre histoire, ne vous inquiétez pas: le suspense est le même.

 

 

 

 

 

 

à la Une

ETE 2018


Suisse Mai 2018 (13)

La Suisse est à l’honneur avec cette photo, il m’arrive de quitter ma chère Bourgogne…

J’invite mes lecteurs géographiquement proches à réserver, s’ils le peuvent et le souhaitent, le temps de 14h à 15h chaque mardi d’octobre à mai. Ils pourront alors se rendre à l’Université Populaire de Chalon sur Saône et suivre des séances de discussions littéraires que j’ai l’honneur d’animer.

A chaque séance, un court texte est proposé à la sagacité du groupe pour une enquête « policière » : il s’agit de comprendre comment des traces d’encre sur une page parviennent à procurer une émotion. Il faudra alors chercher des preuves par une observation du texte digne de Sherlock Holmes avec sa loupe et « interroger » les témoins que sont les autres lecteurs présents.

La richesse est dans le groupe, avec des profils que j’espère aussi divers que possible. Les débutants sont les bienvenus. (Nombre limité à 15 personnes).

Lectures recommandées :

  • Mille petits Riens

de Jodi Picoult aux éditions Actes Sud. On est totalement pris par l’histoire de cette sage-femme accusée de meurtre sur un nouveau-né. Une réflexion toute en nuances sur le racisme aux Etats-Unis aujourd’hui.

  • Quand Sort La Recluse – le dernier Fred Vargas. Magistral.

 

  • Préhistoires

de Jean Rouaud chez Folio. Savoureux…

 

  • Petite Histoire de l’Univers

par Stephen Hawking (Flammarion). Cet incroyable génie réussit l’exploit de nous faire un peu mieux comprendre ce que pourrait être l’univers dans l’espace et le temps, avec des images simples.

Quel bonheur de trouver de si belles lectures !

Nouveaux articles : 

Elegy for a walnut tree – W.S.Merwin

Prière – Rosemonde Gérard

Article recommandé parmi les archives :

La cousine Lucienne

Bon, j’ai hésité avec : Judas ou le mal nécessaire

 

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Printemps 2018


2017 (1)

Mon amie Agnès reconnaîtra ces fleurs.

Je salue amicalement mes lecteurs et en particulier ceux du bout du monde : Nouvelle Calédonie, Saint-Pierre et Miquelon, Syrie, Cameroun, île Maurice et bien d’autres … qui prouvent que la distance n’est rien lorsqu’on partage la beauté d’une langue ou plus simplement un peu d’humour ou une recette de cuisine.

Pour changer un peu, je vais commencer par les articles.

 

  • Allez voir la page précédente (plus bas) pour retrouver les plus récents.

 

 

Et vous, quel est votre article préféré sur ce site ?

 

La bonne nouvelle de ce début de printemps est le film La Forme de l’Eau  de Guillermo del Toro. Courez d’abord le voir et vous lirez ensuite ce que j’ai envie d’en dire mais attention : la traduction en sous-titres fait perdre beaucoup de sa profondeur à ce film hors normes, je ne sais ce qu’il en est de la version française. La bande son originale a des dialogues bien articulés, avec des mots simples, on comprend facilement, tant en russe (pour les russophones éternels débutants comme moi) qu’en anglais.

J’ai aimé l’humour, les couleurs de ce film, les objets du décor, la musique, ce moment comme un trou dans l’espace-temps où pendant 5 minutes notre monde bête et technologique s’efface pour laisser une possibilité de rejoindre un autre monde, et aussi la fin…

Guillermo del Toro a réussi là un chef d’oeuvre de délicatesse, de poésie et de réflexion sur le sens que peuvent prendre nos vies, sur nos valeurs, sur nos priorités. Les thèmes abordés, sans lourdeur aucune sont particulièrement d’actualité : l’instinct de propriété, le pouvoir (et son abus), la réussite sociale, le sexisme, le racisme, la religion, l’amitié, le respect de la loi, du protocole, l’entraide ou la compétition et pourquoi pas la souffrance animale mais surtout l’amour, celui qui vous fait voir comme un dieu vivant l’être que d’autres trouvent monstrueux, celui qui ne se pose pas de question face au handicap, celui qui pourrait soulever des montagnes, celui qui révèle des gens ordinaires comme des héros.

Ce n’est pas pour autant un « feel good movie », on en ressort certes avec une énergie renouvelée mais aussi avec tellement de pistes de réflexion.

Les questions sont multiples : qu’est-ce que la différence ?  Dieu a-t-il créé les hommes à son image ou à sa ressemblance ? Quelle est notre part de divin ? Notre part d’animalité? Qu’est-ce qu’être humain ?

On s’interroge sur des allusions à la Bible ou à la mythologie ou encore à des contes. Dans le désordre: Samson et Dalilah,  peut-être aussi ce colosse aux pieds d’argile qu’est devenue la société occidentale, les dieux antiques ou exotiques, le prince charmant, la Belle et la Bête, la petite sirène qui a perdu sa voix pour vivre dans le monde des humains, où elle est inadaptée, où on ne voit pas sa beauté….

On réfléchit aux symboles de certains objets ou éléments : l’oeuf, l’eau (élément primordial), le sang, des parties du corps comme les cheveux ou les doigts, dont on tire force et puissance ou/et qui peuvent aussi révéler la pourriture intérieure, l’électricité (énergie de la civilisation actuelle) qui produit des étincelles entre un être positif et une âme négative, la force du rêve, l’éternelle opposition entre le sec et l’humide, entre le yin et le yang, entre le bien et le mal…

Et puis cette poésie, qui ne passe pas uniquement par les mots, mais aussi par la langue des signes, par des objets ou des situations, cette poésie qui dit tellement de choses à la fois…

J’attends avec impatience vos commentaires…

 

 

Décembre 2023


Un film à recommander pour commencer: La Tresse. Un bijou d’humanité tout en nuances, une histoire imaginaire à laquelle croire fait tellement de bien.

Je viens de lire un article du Guardian de Douglas Rushkoff sur les ultra-riches qui se préparent à l’Apocalypse qu’ils ont eux-mêmes contribuée à créer et qui m’inspire les réflexions suivantes:

Le petit groupe de milliardaires planétaires a les moyens d’en savoir plus sur ce qui nous attend que le commun des mortels. Chacun se prépare à sa manière: bunker pour les uns, ile privée pour les autres, espoir dans une technologie qui permettrait à votre cerveau de vivre dans un ordinateur, recherche d’une planète B ou même repousser la mort … Pour cela, ils ont tous besoin d’encore plus d’argent, qu’ils créent en détruisant encore plus vite notre monde habitable. Cherchez l’erreur !

Le point délicat est qu’une multitude de dangers guette l’humanité: chute de la biodiversité et autres dépassements des limites planétaires, réchauffement climatique entraînant pénuries, conflits géopolitiques, famines, réfugiés en nombre inimaginable, virus venus du fond des âges ou de l’autre côté de la Terre, accidents nucléaires, montée des températures, des eaux, événements climatiques dévastateurs … Au point où on en est, on peut y ajouter le volcanisme ou les éruptions solaires, l’arrivée de météorites …

Deux éléments ressortent de l’article du gardian: on ne veut pas s’adapter en changeant de mode de vie et on veut se sauver tout seul ou presque. A partir de là, toute tentative est vouée à l’échec. En effet, la part des impondérables est immense, même les aléas connus, comme une panne électrique ou une fuite d’eau rendant celle-ci impropre à la consommation, par exemple, condamne déjà toute survie en vase clos.

Et la morale dans tout ça ? Oubliée. Ces personnes sont beaucoup plus motivées pour trouver comment continuer à dominer les autres dans le futur qu’à chercher des outils pour améliorer la vie collective dans le présent, d’après l’auteur.

Quelle que soit l’option choisie par ces rêveurs survivalistes, ils s’accordent sur la nécessité et la difficulté d’engager une armée de gardes armés et d’employés qu’on ne pourra plus payer en cas de collapse. Comment s’assurer de leur fidélité ? La réponse évidente est qu’il faut s’en faire des alliés, des amis de longue date par exemple, en les traitant bien. En fait, il faudrait recréer une société plus égalitaire et il n’en est pas question pour nos ultra-riches. Ils préfèrent investir dans des murs et des miradors que dans des relations humaines apaisées.

« J’ai compris que ces hommes sont en réalité des perdants, des victimes des limites de leur jeu économique », déclare en substance Douglas Russkoff. Et des fous qui ont le pouvoir sur le devenir de l’humanité ! Cette maladie mentale a-t-elle un nom ou faut-il lui en inventer un ? Comment croire qu’on pourra survivre en laissant le reste de l’humanité derrière soi, en rendant les conditions impropres à tout vie sur notre planète ?

Cette pensée égoïste et suprémaciste est la colonne vertébrale de la société qu’ils façonnent actuellement, à grand renfort d’algorythmes et d’intelligence artificielle. Créer les inégalités sociétales qui permettent aux « happy few » d’avoir le pouvoir. Et pour cela, il faut que leur vision binaire soit confortée par une fin du jeu: l’Apocalypse devient nécessaire, pour qu’il y ait des gagnants et des perdants.

Dans leur délire effrayant, ils imaginent même dominer les lois de la physique et du vivant. Et pour cela, ils condamnent nos enfants sans la moindre hésitation.

Pourtant, les conditions nécessaires à leur propre survie dans leurs sanctuaires en cours de construction sont tout simplement celles qui nous sauveraient tous: permaculture, relations humaines consolidées, diversité des approches, des personnes, du vivant et partage …

Quand on a vu des gens en venir aux mains pour du papier toilette pendant le Covid 19, imagine-t-on le degré d’agressivité des citadins manquant des biens les plus élémentaires, si la nourriture qu’ils ne savent plus trouver ne leur est plus livrée ? Si on partage la nourriture et les biens, si on collabore, s’il y a plus d’équité, il y aura forcément moins de violence.

Ils se préparent à lutter contre une foule violente ou des gangs mais ont-ils imaginé devoir tirer sur une petite fille affamée, tenant son petit frère par la main, se tenant silencieuse à leur porte. Ils ne veulent pas voir ceux qu’ils tuent.

En attendant, il y a un business pour les constructeurs de bunkers et les conseillers spécialistes de la survie égoïste.

A lire:

  • Survival of the Richest par Douglas Russkoff. On peut le commander via Le Guardian.
  • Article du Canard Enchaîné du 21/12/2023

La colère


Mon propos ce matin sera sur le thème de la colère, celle qui rend aveugle, qui pratique la facilité de l’amalgame et se trompe de cible souvent mais aussi la saine colère, la juste colère, celle qui pousse à débattre et à agir.

J’animais il y a deux semaines une Fresque du Climat à l’intention d’élus communaux. Peu avaient répondu présents: peur d’apprendre plus sur un sujet anxiogène ? Peut-être. Un correspondant de presse s’annonce, nous échangeons quelques mots puis finalement il avoue ne pas savoir ce qu’est une Fresque du Climat. Nous l’invitons donc à se joindre à nous. Il refuse, disant que les écologistes lui font la morale, que si on les écoutait, on n’aurait plus le droit de rien faire… Il cite son voisin qui ne manque pas de lui souligner fréquemment ses manques et ses erreurs. J’essaye de lui faire comprendre la position de ce voisin, imaginant qu’il est bien intentionné au fond, soulignant que les conseils sont toujours bons à prendre. Et là le mot est lâché: ce voisin est perçu comme agressif.

On veut bien que les écologistes s’expriment mais à condition que leur discours ne soit pas anxiogène et surtout qu’ils restent polis, ne dérangent personne, n’abiment rien.

Je suis personnellement attachée à la non-violence, comme la plupart des gens. Cependant, nous tombons tous d’accord sur le fait que si quelqu’un faisait du mal à nos enfants, nous pourrions alors devenir très violents. Or, nous sommes dans ce cas précisément et ce voisin qui voit quotidiennement un proche ravager l’avenir de sa progéniture l’a exprimé, en paroles. Pour le moment.

Je suis non-violente par conviction, parce que la violence entraine une spirale sans fin et totalement inefficace mais j’avoue devoir souvent faire des efforts pour rester calme. Je comprends parfaitement la réaction de colère que peut susciter une telle indifférence à un futur très proche. Tout déséquilibre entraîne une crise, toute crise entraîne des changements, tout changement suscite des angoisses et toute angoisse peut amener des colères et des violences. Oui, notre avenir peut s’avérer violent et militarisé parce que nous n’avons rien anticipé. Nous continuons à foncer dans le mur en accélérant de plus en plus: on ne parle pas de freiner, ni même de lever le pied ni encore de seulement garder la même vitesse, non, nous accélérons encore !

Il nous faudra dans les dix ans qui viennent subir collectivement les conséquences d’années d’irresponsabilité. L’heure est venue de payer la note de tant de gabegie. Comment expliquer les liens entre causes et conséquences?

80% des personnes qui tentent de forcer nos frontières sont des réfugiés climatiques. Ils ne sont que quelques milliers, ils deviendront bientôt des millions, voire un milliard. Déjà le racisme augmente, le fascisme pointe son nez.

Ces pays où la vie va devenir précaire ou impossible fournissent des matières premières ou de la nourriture, le riz du Pakistan ou les oranges d’Israël par exemple. Les conséquences du dérèglement climatique, les événements extrêmes, les inondations, les sècheresses, vont entraîner des pénuries et donc une inflation galopante. Même si les pénuries alimentaires et l’inflation ne sont pas la seule cause des guerres civiles, elles sont toujours présentes lors du déclenchement et on peut facilement vérifier sur internet ce qui a précédé la révolte en Syrie ou le printemps arabe, la révolution française, etc.

Un gouvernement qui se sent menacé devient plus violent dans sa répression. Les dépenses militaires augmentent. Un rapport avec l’actualité ?

Les pays déstabilisés attirent les convoitises et les grands blocs: Etats-Unis, Chine et Russie y envoient des troupes (parfois privées comme Wagner).

Ajoutons à cela une rancoeur grandissante et souvent instrumentalisée aussi envers l’Occident. Les pays du sud participent moins au réchauffement climatique mais en ressentent plus durement les effets. Les gens ne sont pas idiots, ils ont bien compris d’où venaient une des grandes causes de leurs problèmes, ils demandent aux pays occidentaux de payer les dégâts. Sinon, le Pakistan, la Chine et Israël possèdent l’arme nucléaire mais je dis ça, je ne dis rien.

Alors, on s’assied par terre et on pleure ? Ou on se motive pour défendre pied à pied notre planète et les conditions de vie qu’elle offre aux mammifères que nous sommes, mais aussi nos démocraties et nos liens sociaux et associatifs. On n’a jamais eu autant besoin d’énergie positive, de bienveillance et de joie. Soyez du bon côté de la force !