- Sainte Gudule – Reproduction of watercolour by A.M. Surauu
Voilà une très jolie jeune fille qui vécut au VIIème et VIIIème siècle (elle mourut en 714). Comment est-elle devenue sainte et qu’a-t-elle fait pour cela, me demanderez-vous. Elle n’a pas eu besoin d’être martyre ni de faire des tas de miracles, elle a simplement eu la chance d’avoir une mère et une marraine saintes : sainte Amalberge et sainte Gertrude. C’était donc génétique ou/et éducatif. A part son enfance et sa jeunesse où elle est éduquée par sa marraine, elle passe toute sa vie dans son château natal de Moorsel, priant et jeûnant. Elle ne pense donc pas que les voyages forment la jeunesse. Cependant, elle va chaque matin faire une petite randonnée d’environ 20 km aller-retour soit quatre lieues. Elle se rend à l’église du Saint Sauveur. Elle part apparemment très tôt car il fait encore nuit et elle se munit de la petite lanterne que vous voyez sur le tableau, la lampe de poche n’étant pas encore inventée et heureusement car c’est là qu’on voit qu’elle est sainte : le diable perd du temps à éteindre cette lampe (non, non, ce n’est pas le vent) et un ange la lui rallume aussitôt. Elle a vraiment une vie exempte de gros soucis, Dieu s’occupe de tout.
Elle va un peu plus voyager étant morte car elle n’a pas été immédiatement enterrée à Morsel mais à Ham. On transporte ensuite ses restes à Morsel puis en 1047 à Bruxelles dans l’église Saint Michel. Cette dernière église fut plusieurs fois reconstruite avant de devenir une cathédrale et je suppose qu’à chaque fois on déplaçait un peu des reliques qui devaient en avoir marre d’être secouées.
Il y eut ensuite une petite querelle sur le nom de la cathédrale, Saint Michel, choisi par les élus locaux ou Sainte Gudule, choisi par le peuple, et on décida de garder les deux noms, personne ne voulant céder.
Voilà, vous pouvez appeler votre fille Gudule si vous voulez.
- Saint Anségise :
Eh bien, attirée par le nom bizarre, j’ai été bluffée par ce saint. Il est Franc et nait vers 770, vraisemblablement près de Lyon et dans une famille noble, ce qui vaut mieux pour faire carrière car à l’époque l’ascenseur social fonctionnait encore moins bien qu’aujourd’hui. Il n’a pas fait de miracle mais on peut dire qu’il a bien travaillé quand même, avec des qualités exceptionnelles de diplomate, réformateur, organisateur, historien, juriste et j’en passe…
Employé par Charlemagne dès l’âge de 25 ans, il mène à bien sa tâche de réformateur dans plusieurs monastères. On se prend à rêver de l’avoir aujourd’hui comme ministre de l’Éducation Nationale : parviendrait-il à faire vivre une vraie réforme de fond là où tant d’autres ont échoué ? Il cherche à instaurer l’esprit de Saint Benoît, ce qui encore aujourd’hui pourrait paraître novateur : « une constitution écrite, le contrôle de l’autorité par la loi et l’élection du détenteur de cette autorité, Benoît ayant voulu que l’abbé soit choisi par les frères. » (wikipedia)
Il restaure, embellit, dote d’œuvres d’art et de bibliothèques les abbayes dont il a la charge. Sa compilation des textes de lois a été une référence pendant des siècles. On peut dire qu’il est efficace.
Il meurt paralysé le 20 juillet 833, à plus de 60 ans, ayant eu le temps de bien organiser sa succession. Je n’ai pas trouvé de tableau le représentant.
- Saint Symphorien :
Lorsque j’étais enfant, j’allais parfois en visite chez mon oncle et ma tante qui habitaient un des nombreux villages nommés Saint Symphorien. Ce nom m’intriguait : Sin Sin faut rien ? (Je ne savais pas encore lire donc tout était phonétique pour moi encore).
J’ai eu l’idée d’aller voir ce qu’avait fait ce Symphorien. L’étymologie du prénom est prometteuse puisqu’il vient du grec et signifie « compagnon ». D’autre part, ce saint est bourguignon, originaire d’Autun. Il est mort décapité en 178 à l’âge de 20 ans. On ne plaisantait pas à l’époque avec ceux qui troublaient les processions religieuses. Le pauvre avait bien des excuses pourtant : élevé par deux saints : son père Saint Fauste et sa mère Sainte Augusta, il a été pour ainsi dire formaté pour le martyr. Sa mère, loin de demander la clémence des bourreaux, l’encourageait d’ailleurs du haut des rempart alors qu’il allait au supplice. Mais elle n’est pas descendue pour mourir avec lui.
Il me fait penser aujourd’hui à ces jeunes « antifas » qui n’hésitent pas à descendre dans la rue pour manifester bruyamment, voire violemment, leur désaccord et sont prêts à risquer leur vie pour des idées, certes généreuses, mais qui ne passent pas par la voie démocratique.
Un autre saint a porté ce nom bien plus tard : Symphorien Ducki et je souhaite lui rendre hommage. Il est mort à Auschwitz en 1942, après avoir sauvé près de quinze personnes. Il avait 53 ans lorsqu’il fut arrêté par les nazis avec les autres moines capucins du couvent et plongé plusieurs fois dans l’eau glacée avant d’être massacré.
je souhaiterais en savoir un peu plus sur d autres prénoms curieux du 4 ieme ou 5ieme siecle comme LUPICIN- YOLA- merci
Merci pour votre intérêt pour ce blog. Yola vient de Yolande. Sainte Yolande et Saint lupicin ont eu des vies exemplaires, je ne peux donc m’en servir pour en tirer un texte humoristique.