Comment ne pas rendre hommage à Enid Blyton, la maîtresse du suspense de notre enfance? L’accès de la bibliothèque rose à la bibliothèque verte représentait alors un véritable rite de passage.
J’ai acheté récemment dans une brocante un roman intitulé le Mystère de la Cascade, que j’ai relu avec, il faut bien l’avouer, un regard d’ethnologue sur cette société passée et dépassée que nous habitions à la fin des années soixante.
Les livres d’alors feraient hurler les féministes d’aujourd’hui,dont je suis, peut-être seraient-ils même interdits de publication ! Enfant, nous ne prêtions guère attention au sexe du ou des héros et nous nous installions dans la peau du personnage le plus intéressant. Que les filles fassent les lits et les garçons mènent l’enquête ne nous tourmentait pas puisque personne n’aurait voulu s’identifier à une fille.
Les rêves enfantins seraient incompréhensibles pour un enfant d’aujourd’hui, habitué des aéroports, et les moyens d’actions lui paraîtraient étonnament limités : » Ils ont tous oublié leur téléphone portable à la maison ? ». Pourtant, combien nous faisaient rêver ces enfants qui allaient avoir un baptême de l’air et qui avaient un agent secret pour ami !
Ah oui ! J’oubliais l’ami, dans ces temps d’innocence où un adulte qui aimait passer son temps avec des enfants n’était pas immédiatement soupçonné de pédophilie.
L’humour, à ficelles simplistes, nous faisait rire aux larmes : un perroquet qui parle à tort et à travers ! Nous étions si peu blasés !
J’oubliais l’étranger, toujours peu ou prou lié avec une bande de malfaiteurs ou alors incroyablement niais et victime toute désignée. Heureusement, les français « de souche » étaient là pour les aider, avec leur intelligence, leur courage et leur ingéniosité.
Ces romans faciles, aux grossières imperfections, nous ont pourtant accompagnés quelques années et ont aussi alimenté notre imagination, lors des après-midi pluvieux où nous étions en interminable visite chez une arrière grand’tante. Il parait que l’ennui stimule l’imagination, nous étions donc très stimulés!
C’est vrai, j’allais oublier que les jeunes adultes d’alors qu’étaient nos parents prenaient sur leurs loisirs ( il n’y avait pas de RTT ni de 39 heures par semaine pourtant) pour rendre visite aux membres les plus âgés de la famille. C’était une autre époque décidémment !
Une réflexion sur « Enid Blyton »