Né à Bombay en 1865, dans ce qui était alors l’Empire britannique, Rudyard Kipling a une enfance choyée auprès d’un père qui enseigne l’architecture et la sculpture à l’école des Beaux-Arts et qui deviendra conservateur du musée de Lahore. Ce père artiste sera l’auteur d’illustrations d’œuvres de son fils comme le célébrissime Livre de la Jungle. Par la suite, on retiendra surtout les images de Walt Disney . Sa mère est une femme brillante, s’intéressant aux beaux-arts et à la littérature.
Cependant, à l’âge de six ans, Rudyard et sa sœur , âgée de trois ans seulement, sont envoyés en Angleterre en pension dans une famille. Ils souffriront beaucoup du manque d’affection.
Rudyard Kippling revient en Inde à l’âge de dix-sept ans et après un emploi administratif qui ne lui plait guère, devient reporter. Entre dix-sept et vingt-quatre ans, il publie beaucoup et est déjà célèbre. Il s’installe en Angleterre et vit de sa plume, affichant des opinions très conservatrices. Sa célébrité grandit jusqu’à être mondiale.
Il aura trois enfants. En 1899, l’aînée Joséphine meurt d’une pneumonie à l’âge de six ans. Elle apparaîtra dans le recueil Histoires Comme Ca , publié en 1902, sous le nom de « Mieux-Aimée ». Il s’adresse à cette petite fille comme si elle était encore vivante et qu’il était un papa qui raconte des histoires avant d’éteindre la lumière.
Prix Nobel en 1907, il n’est cependant pas au bout de ses épreuves et perd son fils John en 1915. Le jeune homme venait d’avoir dix-huit ans. Les phrases qui restent en mémoire prennent tout leur sens:
Si tu peux voir détruire l’ouvrage de ta vie et sans dire un mot te mettre à rebâtir […] tu seras un homme, mon fils.
Il meurt en 1936.

Histoires comme ça
Ces contes apportent des explications humoristiques à la morphologie de certains animaux : la trompe de l’éléphant ou les tâches du léopard, par exemple. Le style est unique, à la fois poétique par son rythme, ses répétitions et même ses rimes internes typiques des comptines (dos, radeau, eau, couteau, matelot ou esseulé/salée) et enfantin par le rappel de certains détails – ne pas se mouiller les pieds par exemple. Les précisions inutiles ajoutent à la drôlerie du passage, ainsi que la formation de nouveaux mots complexes par le biais des traits d‘union.
Ainsi La Baleine et son Gosier:
Sur quoi la Baleine s’en fut, nageant, nageras-tu, jusqu’au numéro 50 de latitude Nord et 40 de longitude Ouest, et là, sur un radeau, au milieu de l’eau, sans rien sur le dos, qu’une paire de culottes en droguet bleu, une paire de bretelles (faut surtout pas oublier les bretelles, Mieux Aimée), et son couteau de matelot, elle trouva un Nautonnier naufragé, tout solitaire et tout esseulé, qui se tortillait les doigts de pieds dans l’eau salée.
(Sa m’man lui avait permis de faire ça, sans quoi jamais il n’aurait osé, rapport que c’était un homme d’infinie-ressource-et-sagacité.)
Alors la Baleine ouvrit la bouche grande, grande, grande, comme si elle allait se fendre jusqu’à la queue, et elle avala le Nautonnier naufragé, avec son couteau, sa culotte de droguet bleu, ses bretelles (n’oublie pas !) et son couteau de matelot.
Les illustrations sont de Kipling et j’ai choisi celle du chat parce que j’aime beaucoup cette expression, tellement vraie quand on observe cet animal:
Je suis le Chat qui s’en va tout seul et tous lieux se valent pour moi.
Les illustrations elles-mêmes sont décrites sur le même ton. Les majuscules rendent ce bois-là unique au monde, comme l‘est pour notre cœur d‘enfant l’endroit où l’on se promène régulièrement:
Ca, c’est le portrait du Chat qui s’en va par les Chemins Mouillés du Bois Sauvage, remuant la queue et tout seul. Il n’y a pas autre chose dans l’image, excepté des champignons. Ils ne pouvaient pas faire autrement que de pousser là, à cause que les Bois étaient si mouillés.
Bonjour, ravie de trouver ce blog! J’en ai un sur les chats et cherche une bonne reproduction du chat de Kipling pour un article sur lui dans ma catégorie Les Chats dans la Littérature… mais j’en ai d’autres( des chats) en BD, d’un peu partout dans le monde…
Bienvenus si vous avez envie de me visiter, chaque article est d’abord en portugais, puis en français.
Moi, je vous revisiterai…
Catherine Labey
Je vais aller voir, vous avez éveillé ma curiosité.