Pour bien commencer une semaine de travail, voici l’histoire des deux souris :
Deux souris coquines se promènent dans le cellier et avisent une jatte remplie de crème fraîche. Quelle aubaine ! Les voilà se penchant pour mieux tremper leurs moustaches…et tombant dans la crème. Après en avoir avalé plus qu’elles ne le souhaitaient, elles remuent leurs pattes en tous sens pour surnager comme elles peuvent. Les bords de la jatte sont lisses et elles ne peuvent réussir à s’accrocher.
Au bout de quelques minutes, elles commencent à fatiguer et désespérer. La première dit: « je n’en peux plus, ces efforts sont inutiles, je n’y arriverai jamais ». Et elle se laisse couler.
La deuxième ne s’avoue pas vaincue et garde un fragile espoir. Elle continue de battre la crème en tous sens pour rester à la surface coûte que coûte. Au bout d’un moment, la crème semble s’épaissir, il faut des efforts énormes, mais elle continue. Bientôt, voilà qu’elle peut enfin se reposer sur une petite motte de beurre. Elle est sauvée!
Inutile d’écrire la moralité de cette petite fable, tout le monde a compris.
indiquant qu’on ne doit pas reporter au lendemain car souvent la corvée n’a fait qu’augmenter : document perdu, mémoire défaillante, morceau d’objet à recoller devenu introuvable …
début d’un nouveau feuilleton sur le jardin avec l’anecdote des framboisiers voyageurs
dans la série « n’importe quoi » Qu’est-ce qu’un dazibao? Je me suis réveillée avec ce nom en tête ce matin, il devait faire partie d’un rêve de la nuit. J’ai cherché dans le dictionnaire et au cas où vous l’ignoreriez, c’est une sorte de journal chinois placardé contre le mur.
une entrée facile et délicieuse : lamelles de gros champignons de Paris frais assaisonnés à votre goût : sel, poivre, herbes de Provence… et arrosées d’huile d’olive (de préférence de l’excellente, achetée sur place à l’huilerie ou sur un marché bio, même si elle est beaucoup plus chère). A déguster immédiatement.
un roman original : « Au bon roman » de Laurence Cossé, publié chez Gallimard. L’idée d’une librairie qui ne vendrait que des bons romans, parmi lesquels, oh irrévérence, n’apparaissent pas beaucoup de prix Goncourt. Et tout cela bien écrit, avec une intrigue au rythme soutenu.
Victor Hugo livre cette fable délicieuse écrite en 1861 peut-être pour se moquer de la colère disproportionnée d’une dame de sa connaissance. En effet, comme on dit maintenant, « on sent le vécu ».
Cette histoire était le thème d’un des spectacles du Chat troubadour, Compagnie productrice de contes musicaux pour enfants de la maternelle à la sixième. Cette compagnie n’existe plus aujourd’hui, les conteurs ayant pris une retraite qu’ils ont eux-mêmes estimée méritée.
Un brave ogre des bois, natif de Moscovie
Etait fort amoureux d’une fée, et l’envie
Qu’il avait d’épouser cette dame s’accrut
Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut;
Pourtant le pauvre ogre avait fait des efforts de présentation. Il va même jusqu’à saluer, ce qui est mis en valeur en fin de vers. La répétition de la même conjonction de coordination « et » donne volontairement un tour maladroit à cette présentation au palais. De même, on ne comprend pas bien son nom, qui ressemble à un grognement d’ours avec ses sonorités [gro]. On entend juste le « ski » final qui nous indique qu’il est étranger, ce qui fait encore plus peur.
L’ogre, un beau jour d’hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue
Et s’annonce à l’huissier comme prince Ogrouski
Petit coup de patte à la fée en passant tout de même :
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Il faut dire que l’enfant est appétissant, il est décrit avec des ingrédients de cuisine et de gourmandise « crème », « brioche » :
Elle était, ce jour-là, sortie, et quand au mioche
Bel enfant blond, nourri de crème et de brioche
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
Le vers suivant sonne comme les trois coups du destin :
On laissa l’ogre et lui tout seuls dans l’antichambre.
Les deux vers suivants marquent la lenteur du temps qui passe et l’ennui de l’ogre. On imagine le regard qui erre, qui s’arrête sur la fenêtre, qui repart sur les sièges vides de cette sorte de salle d’attente.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n’a personne avec qui dire un mot ?
La rapidité du vers suivant nous surprend, même si on s’attendait à cela. Les allitérations [kro] et [m] se chargent du bruitage de la mastication.
L’ogre se mit alors à croquer le marmot
Qu’y a-t-il à expliquer, semble dire le pauvre ogre dans cette phrase lapidaire : « C’est très simple. »
« Ah quand même ce n’est pas bien, ça ne se fait pas vraiment » semblent signifier les vers suivants, avec une disproportion entre l‘acte et ce qu‘on en pense qui donne toute sa valeur humoristique à l‘extrait.
Pourtant c’est aller un peu vite
Même lorsqu’on est ogre et qu’on est Moscovite
Que de gober ainsi les mioches du prochain
L’ogre reste un ogre, il n’a pas beaucoup de réflexion. Quand il s‘ennuie, il ne pense pas, il a faim comme le dit ce vers un peu sous forme de proverbe.
Le bâillement d’un ogre est frère de la faim
L’ogre reste passif devant tout le remue-ménage qui s’ensuit. Il ne comprend pas bien ce qu’on cherche.
Quand la dame rentra, plus d’enfant : on s’informe
On sent la tension monter au fil des vers : on commence par envoyer le personnel (« on ») s’informer, puis la fée devient sujet de l’action, elle voit « avise » l’ogre, puis la bouche, puis le fait que cette bouche est énorme.
La fée avise l’ogre avec sa bouche énorme :
Elle crie en une sorte d’acmé de l’angoisse:
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j’ai ?
L’ogre qui ne comprend toujours pas pourquoi on s’agite autant répond très simplement, comme s’il avait mangé des biscuits posés sur la table.
Le bon ogre naïf dit : je l’ai mangé.
La moralité qui s’ensuit est savoureuse avec le jeu sur les euphémismes et les exagérations:
Or c’était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l’ogre devant la mère
Furieuse qu’il eût soupé de son dauphin.
Que l’exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin;
N’allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien…
Il faut savoir qu’il existait à l’époque une expression « croquer le marmot » qui signifiait qu’on avait longtemps attendu dans une antichambre. Cela venait peut-être des peintres qui, pour tromper leur ennui, croquaient, c’est-à-dire dessinaient (faisaient un croquis) des enfants qui jouaient à cet endroit. Victor Hugo a pris l’expression au pied de la lettre pour nous faire sourire, comme le fera après lui l’humoriste Raymond Devos, entre autres. On dit encore aujourd’hui d’un bel enfant : « il est à croquer ».