
Cet automne, j’ai embrassé ma maman pour la dernière fois.
Cet automne, quelques jours plus tard, des dizaines de jeunes gens sont allés la rejoindre.
Elle est tombée parce qu’elle voulait être libre d’aller où bon lui semblait, refusant la paralysie.
Ils sont tombés parce qu’ils étaient libres, droit que d’autres jeunes gens leur refusaient.
Ils sont tombés au champ d’honneur, selon cette vieille expression que nous ne pensions plus entendre, dans une guerre qu’ils n’avaient pas déclarée. Leur honneur, c’était d’incarner tout ce que déteste le diable ou le démon ou daech, quel que soit le nom qu’on donne à l’ignominie. Ils cultivaient l’art et la beauté, la joie, l’amour, la culture, l’intelligence, la liberté, la tolérance… L’exact opposé de leurs tueurs.
Un homme a écrit, s’adressant aux bourreaux et en parlant de sa cousine décédée ce 13 novembre : « L’eussiez-vous connue que vous l’auriez immédiatement détestée ». Tout est dit dans cette phrase. Comme nous aurions aimé la rencontrer! Sans le savoir, elle avait, ils avaient ce soir-là le visage de la France.
L’horreur est de nouveau là après janvier. La folie.