La simplicité des mots de la poésie de Francis Cabrel me touche profondément, en particulier dans ce texte, le premier, je crois, que j’ai entendu de lui. Je vous livre d’abord ma lecture de ce texte et ensuite une utilisation possible en FLE (apprentissage du français langue étrangère) tant il me semble qu’on apprenne tellement mieux avec des chansons.
Je vous renvoie au texte sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=BUoUKJCHN7o
Tout d’abord le champ lexical du repos : « fatigué », « dormir » peut aussi faire penser à un repos éternel avec la blancheur et le froid de la neige, le blanc étant la couleur du deuil chez les asiatiques. Cette dame comme posée sur une haute montagne qui fait le lien entre le ciel et la terre semble avoir aussi le pouvoir de faire tomber la nuit… C’est le dernier refuge quand on n’a plus envie de faire partie du groupe humain.
Le narrateur est déjà coupé de ses semblables : son sourire n’est que de façade, il voit les autres déshumanisés, comme une meute. Le groupe est effrayant car il forme un tout et ne semble pas constitué d’individus autonomes, sensibles et capables d’autonomie.
Il n’y a plus d’espoir puisque « demain » n’apporte rien d’autre comme le souligne le restrictif « que » : « plus que des murs » « que des cris ». Pour le moment présent, on pressent cette fatigue, cette lassitude de la vie, cette désillusion. On n’en n’est pas encore là comme l’indique l’utilisation du futur mais les conditions sont toutes réunies pour que cela arrive inéluctablement. Le « métier où tu marches ou tu crèves » est bien décrit au présent.
Paradoxalement, la mort souhaitée permettrait de sortir de cette brume, ce rêve qui caractérise le réel. La mort serait donc vue comme le soulèvement de ce dernier voile et la fin des illusions, comme quelque chose de plus concret que le présent.
Le troisième couplet montre ces « vacances » de la vie comme un décor somptueux : mélange de l’émerveillement de l’enfance avec le thème de Noël, les guirlandes qui tombent du toit et de l’infini du cosmos avec les étoiles. Cette dame qui nous attend est une sorte de fée : il lui suffit de claquer des doigts pour que la nuit descende, pour que notre dernier sommeil nous emporte.
Le temps n’est pas venu pourtant, il faut encore terminer la mission sur terre et « tout » donner. Le chanteur sait qu’alors beaucoup seront tentés de s’accrocher à une religion qui redonnera un sens à leur vie. On s’accroche ainsi « au premier Jésus Christ qui passe ».
Il ne partira pourtant pas seul et les mains vides, son chien et sa guitare l’accompagneront, ce qui montre que sa vie n’aura pas été vaine, qu’il restera l’affection et la musique qui le suivront dans l’au-delà.
FLE
Utilisation libre de droits (en ce qui me concerne) pour l’apprentissage du français sur plusieurs séances. Ce texte permet l’apprentissage de vocabulaire de base et de quelques notions grammaticales de manière agréable.
On peut prévoir une carte de France et quelques photos afin de situer la Haute Savoie géographiquement et dans les esprits. L’apprentissage s’appuie ainsi déjà sur un socle.
Premier travail possible en vocabulaire haut / bas – montagne – description de la photo avec arbre et sapin. Les couleurs : blanc / noir.
Je préconise de passer assez rapidement sur le vocabulaire, il y aura de multiples occasions de revenir sur ces mots courants. Il s’agit d’une première approche, il est inutile de tout retenir.
Puis la marque du féminin, en s’amusant de ce que le français attribue un sexe à une montagne. Haut / Haute – Bas / basse – blanc / blanche – Noir / noire
Laissons tomber pour l’instant la marque du pluriel sauf s’il y a question. On ne peut pas tout faire à la fois.
Puis écoute de la chanson puis distribution du texte et ré écoute, plusieurs fois selon les demandes.
Le titre donne l’occasion de voir le vocabulaire dame / femme / madame.
« Haute » et « Savoie » sont déjà vus.
Laissons tomber les déterminants ou éléments de coordination, prépositions… « la » « de ». Il convient d’apprendre d’abord à voir dans un texte oral ou écrit de quoi l’on parle, vaguement d’abord puis de manière progressivement plus précise. On s’intéresse donc surtout aux mots clés.
On poursuit avec le vocabulaire « fatigué », « dormir, « gens », « sourire » et « rire ».
Grammaticalement, on peut ensuite voir le verbe « écraser » avec « il écrase » et « ils écrasent ». Inutile de voir le même jour toutes les personnes.
Ils ne restera à voir en vocabulaire que « phrases » « mots » « dire »et « murs » pour terminer le premier couplet.
On pourra ensuite revenir sur ce premier couplet après l’avoir chanté et un peu mémorisé avec l’interrogatif « Quand » et en conjugaison : j’étais /je suis / je serai. Inutile de se farcir la tête avec l’infinitif et les autres personnes pour le moment.
La troisième phase pourra consister à simplement répondre aux questions. C’est vraisemblablement là qu’apparaîtront « Chez » et « j’irai ». Bien sûr, le rapprochement « j’irai » et « je serai » pourra donner l’occasion d’élargir avec « je chanterai » par exemple et « je dirai », « je dormirai »… Attention à ne pas mêler tout de suite « je voudrais » et « j’aimerais » qui sont souvent utilisés au conditionnel.
« Voleront en éclats » peut être simplement expliqué avec l’équivalent « se casseront ». On peut ajouter la troisième personne du futur à cette occasion et reprendre les verbes vus précédemment.
Tout cela, je le répète, s’inscrit sur plusieurs séances. Il vaut mieux passer du temps sur le plaisir de chanter, ce qui permet de travailler sans même s’en rendre compte la prononciation et en particulier l’appui sur les finales des mots. On pourra remarquer à l’occasion que les voyelles sont toujours fermées en fin de mot (on promonce « fatigu – é et non pas fatigu – ai).
Le reste de la chanson pourra s’étudier dans le même esprit avant de revenir, avec ce texte ou un autre pour éviter la lassitude, sur les déterminants et tous les « petits mots » laissés de côté et élargir l’étude aux mots de la même famille : montagne / montagneux…
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