Le portrait de Dorian Gray


Portrait de vieillard

« La vieillesse est un naufrage », écrira Le général de Gaulle dans ses mémoires. Cette citation célèbre exprime de manière concise une peur ancestrale, pire que celle de la mort. Le mythe de la fontaine de Jouvence ou celui de la damnation de Faust, celui des vampires qui ne vieillissent plus en sont autant d’exemples.

Il semble cependant que cette peur s’accentue aujourd’hui, ce qui fait la fortune des charlatans et des chirurgiens esthétiques. La vieillesse commence par une atteinte de « jeunisme » : la personne se met à parler et à s’habiller comme les plus jeunes, ce qui est souvent ridicule mais ne fait de mal à personne.

Une vie humaine peut s’étaler sur un siècle, si tout va bien mais l’âge adulte démarre tardivement : l’enfance s’est raccourcie, même les bébés sont maintenant vêtus comme des adultes miniatures, avec des jeans par exemple. L’adolescence démarre tôt, se poursuit jusqu’à presque 30 ans avec l’adulescence. L’âge adulte dure peu, une quinzaine d’année parfois, et à 45 ans, la société occidentale commence à vous considérer comme un poids inutile. La « descente » se poursuit jusqu’à un âge avancé où une véritable industrie se charge de vous garder en vie à n’importe quel prix.

Cette fascination pour l’apparence est le sujet du Portrait de Dorian Gray, écrit au XIXème siècle par l’irlandais Oscar Wilde. Suite à une tractation avec le diable, Dorian Gray reste éternellement jeune pendant que son portrait vieillit à sa place.  Lorsque seule l’apparence compte, on a vite fait d’oublier les vraies valeurs et c’est bien là-dessus que compte le diable pour récupérer l’âme de celui qui a souhaité échapper au lot commun des hommes. Surtout, tel le pervers moyen, Dorian Gray devient insensible à la douleur des autres : une apparence n’a pas de cœur ! Même lorsqu’il essaye de faire le bien, son portrait prend un sourire hypocrite.

La vie de Dorian Gray se passe en plaisirs faciles et éphémères, lorsque finalement il se fait tellement horreur à lui-même qu’il lacère son portrait, c’est lui qui meurt et il ne reste aucune trace de cette apparence de vie, qu’un beau portrait et un vieux corps desséché. Il n’a rien apporté à l’humanité, sauf peut-être l’exemple à ne pas suivre.

Oscar Wilde le dandy, passionné par son apparence, par la mode et le choix de ses vêtements, adorait les paradoxes et il a lancé en 1890 avec ce roman fantastique et philosophique une réflexion d’une intense profondeur. Quel dommage que ce fut son unique roman !

Le portrait ovale d’Edgar Alan Poe, joue également avec l’idée d’un portrait lié de manière vitale à son modèle.

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