Sémiramis


lac près d'Autun
lac près d'Autun

Quelle belle histoire que celle de Sémiramis !

D’après Pierre Grimal qui rapporte les écrits de Diodore de Sicile, tout débute en Syrie, près d’un lac où vivait, disait-on, une déesse nommée Derceto.  Derceto avait un visage de femme mais son corps était celui d’un poisson, ce qui est nettement plus pratique pour vivre dans un lac, reconnaissons-le.

Cette déesse peu connue aurait pu vivre tranquille au fond de son lac (vivons caché, vivons heureux !) mais elle se débrouilla pour se mettre Aphrodite à dos. La vengeance d’Aphrodite consiste à rendre Derceto amoureuse d’un jeune Syrien. L’amour comme vengeance ! Ceux qui ont subi un chagrin d’amour comprendront.

Rien n’est simple dans ce monde divin et après avoir eu une fille de son amant, Derceto a honte de son acte et décide de tuer le papa et l’enfant. Charmante créature ! Pour se débarrasser des bébés, on les exposait : ils mouraient rapidement. Pourtant, des colombes élevèrent l’enfant en dérobant du lait et des fromages à des bergers. Les bergers découvrirent les vols puis la petite fille, qui était d’une grande beauté et le chef du village l’adopta en la nommant Sémiramis, qui signifie en syrien « qui vient des colombes ».

Le conseiller du roi vint un jour inspecter les bergeries et rencontra Sémiramis devenue jeune fille. Il en tomba fou amoureux et l’épousa. Ils eurent deux enfants. Sémiramis ne se contentait pas d’être belle, elle avait tant d’esprit et conseillait si habilement son époux que toutes ses entreprises prospéraient.

Il advint que le roi de Babylone entra en guerre. Malgré une armée considérable et quelques victoires, le siège s’éternisait et Omnès, l’époux de Sémiramis, s’ennuyait tellement de sa compagne qu’il lui demanda de le rejoindre dans le camp. Sémiramis fit alors quelques remarques sur la manière dont le siège était conduit et la victoire fut bientôt acquise.

Le roi, ébloui par tant de beauté et d’habileté, demanda à son conseiller Omnès de lui céder sa femme et lui proposa une de ses filles en échange. Mais Omnès ne fut pas d’accord du tout, comme quoi on n’échange pas toujours volontiers sa femme contre une de dix ans de moins. Le roi lui fit alors une autre proposition : soit il lui accordait Sémiramis soit on lui crevait les yeux. Cette fois-ci, Omnès se pendit de désespoir.

Le roi Ninos épousa donc Sémiramis qui ne lui en voulut pas du tout et lui donna un fils. Elle lui fit même construire un très beau mausolée à sa mort, lorsqu’elle lui succéda.

Il semble que le détail biographique rapporté par Diodore de Sicile prenne place à ce moment. L’historien grec écrit :

« Elle ne voulut jamais se marier légitimement, afin de ne pas être privée de la souveraineté; mais elle choisissait les plus beaux hommes de son armée, et, après leur avoir accordé ses faveurs, elle les faisait disparaître. »

Elle entreprit de construire une nouvelle ville à cheval sur l’Euphrate. Les murs d’enceinte étaient si larges qu’on pouvait y circuler à six chars attelés de front.  Le pont sur l’Euphrate était long de 900 mètres et on pouvait flâner ou travailler sur trente kilomètres de quais.  A chaque extrémité du pont, on éleva deux châteaux fortifiés, rejoints par un souterrain sous le fleuve.

Dans le château d’Occident, Sémiramis fit construire les célèbres jardins suspendus de Babylone. Les terrasses superposées étaient irriguées par un système de machines hydrauliques qui élevaient l’eau du fleuve.  Des appartements royaux donnaient sur chaque niveau.

Sémiramis fit construire beaucoup d’autres villes sur les rives de l’Euphrate et du Tigre ainsi que des magnifiques parcs arborés et fleuris, des fontaines et d’autres ouvrages d’art.

Après avoir parcouru l’Asie, elle s’arrêta en Égypte et interrogea l’oracle d’Ammon. Celui-ci lui répondit qu’elle mourrait lorsque son fils conspirerait contre elle. Elle revint donc en Syrie,, non sans avoir conquis l’Éthiopie en passant.

Elle se reposa ensuite quelque temps chez elle puis se dit qu’elle pourrait aussi bien conquérir l’Inde puisqu’elle avait un peu de temps devant elle. Elle commença donc les préparatifs mais cette guerre fut plus difficile que les précédentes, elle fut même blessée et dut s’enfuir et son armée fut mise en déroute.

Lorsqu’elle apprit que son fils conspirait contre elle, elle lui remit simplement le royaume et disparut. On raconte qu’elle se changea en colombe.

3 réflexions sur « Sémiramis »

  1. En évoquant l’amour et la mort, tu t’éclates,
    Banville, noble barde, et tu te fais un jeu
    De nous montrer la reine allumant, comme un feu,
    Le ravageur désir dans un coeur écarlate.

    Sous ta plume, qui l’orne, et doctement le flatte,
    Cupidon s’applaudit d’être le meilleur dieu
    Qui oncques n’ait plané sur un fond de ciel bleu,
    Ainsi que ton écrit justement le relate.

    Le soldat, cependant, voit décliner le jour ;
    Il commence à douter du pouvoir de l’amour
    Et même, osons le dire, à soupçonner un piège.

    Ils salivent déjà en gémissant, les chiens,
    Tandis qu’au sanctuaire où l’immolateur siège,
    Moloch se réjouit de l’offrande qui vient.

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