Le Pass sanitaire


Il est un sujet dont il est difficile de discuter sereinement en France en ce moment : le pass sanitaire. La question qu’on peut se poser est la raison de ce manque de respect des opinions d’autrui, qui plus est face à une situation complexe. Il y a à mon avis plusieurs raisons à cela.

La première est la peur, du côté des « pour » comme de celui des « anti » : peur d’une maladie dont on n’a pas encore évalué tous les effets à long terme d’un côté et peur d’une limitation de nos libertés de l’autre. Ces deux craintes, qui parfois tournent à la terreur, sont pourtant sincères et justifiées. Pourquoi alors tant d’agressivité ?

La peur est mauvaise conseillère, elle nous fait voir les choses sans le moindre recul, sans la moindre nuance. Cette peur est manifestement entretenue tant par le gouvernement que par la plupart des médias. On peut penser que c’est pour une bonne cause mais certains y voient des arrière-pensées.

D’autre part, et bien que ce pass sanitaire soit présenté comme non obligatoire, les personnes vaccinées sont extrêmement valorisées et les autres pointées du doigt comme de « mauvais citoyens ». Ceci est d’autant plus troublant qu’au passage on oublie de rappeler que ce vaccin hors normes n’empêche ni d’attraper la maladie ni de la transmettre. Il ne protège donc des formes graves que la personne vaccinée, même s’il semble que le taux de transmission est un peu plus faible alors. Pourtant, plus encore que le masque, la distanciation est suffisante pour éviter la transmission.

Pour ajouter au désordre ambiant, de faux chiffres sont annoncés aux heures de grande écoute, retransmis puis démentis dans un entrefilet ou au détour d’un article de presse. C’est le cas par exemple des fameux 96 % de personnes contaminées dans un département des Pyrénées qui n’étaient pas vaccinées. Simple erreur induite par la volonté de bien faire et de mieux convaincre, sans doute mais selon la manière de les choisir et de les présenter, on fait dire aux chiffres ce que l’on veut, c’est bien connu. Enfin, juges et parties, les laboratoires pharmaceutiques engrangent les dividendes.

Il est difficile également de savoir exactement ce qui est permis ou non selon les lieux et les jours, les annonces se succédant rapidement. Ajoutons à cela un manque de logique : on peut aller dans une église ou un centre commercial mais les salles vides d’un musée de Province attendront. Sur les marchés de plein air, les savons ne sont pas considérés comme essentiels, à l’inverse des confiseries.

Sur ce terrain mouvant, les opinions sont tranchées et sans nuances. On pourrait pourtant se mettre d’accord sur quelques faits : les verrous qui ont sauté, par exemple. Chacun pourrait ensuite penser librement que c’est le prix à payer ou que c’est inacceptable.

Il n’y a pas si longtemps, en France, le médecin traitant discutait avec son patient de l’intérêt pour lui d’un acte thérapeutique, ce dernier prenant ensuite sa décision. Le secret médical était de mise. On ne pouvait licencier un employé pour raison de santé. Les citoyens avaient les mêmes droits, il n’y avait pas deux catégories, l’une étant avantagée et valorisée.

Il s’agit bien sûr d’une situation inédite, nécessitant une réponse urgente qui s’appliquerait sur un temps limité. Sauf que le Pass sanitaire n’est pas limité dans le temps et pourra désormais être réactivé même lorsque cette pandémie aura disparu, peut-être remplacée quelques temps après par une autre dont on ne sait rien encore et à laquelle ce vaccin aura créé un boulevard. Des années après, on saura si vous avez fait partie des dociles ou des rebelles, même si vous n’avez pas manifesté dans la rue.

Dans ce brouillard, peut-on encore demander à nos bouillants compatriotes de laisser à leurs interlocuteurs la liberté de penser ou simplement de s’interroger ?

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