
Le prénom de Sainte Barbe semble singulier : qui aurait l’idée d’appeler son enfant « Barbe » ? Pourquoi pas « moustache » ? Mais c’est parce qu’il ne s’agit pas d’un prénom : Sainte Barbe ne se prénommait pas Barbe. Cependant, des prénoms féminins proviennent de cette appellation : Barberine et surtout Barbara.
Que signifie Barbe alors ? Tout simplement « barbare », mot qui s’est déformé au fil des siècles. Ce terme signifiait « étranger » pour les Romains. Ceux qui ne parlaient pas le latin mais une langue incompréhensible d’où ressortaient des sons comme « bar, bre, ba , arb… » ont été appelés des barbares.
Ils n’avaient pas non plus les mêmes habitudes de vie et forcément chacun pense que sa civilisation est la plus avancée. Les Romains ne faisaient pas exception à une règle toujours en vigueur et ils qualifiaient de barbare les usages qui ne leur convenaient pas ou même qui révoltaient leur goût ou leur conscience. Le terme « barbare » qualifie aujourd’hui des individus violents et totalement irrespectueux de la vie ou de la souffrance des autres, plus proches du monstre que de la personne capable de vivre en bonne entente au sein d’une collectivité.
Les usages ou inventions qui plaisent sont vite adoptés et on ne se souvient bientôt plus qu’ils sont d’origine étrangère : ainsi aujourd’hui l’algèbre ou le piano, le casque ou dans le domaine culinaire le taboulé, le couscous ou la pizza ….
Mais revenons à sainte Barbe, qui était donc d’origine Perse, née dans la belle ville d’Héliopolis, étymologiquement « la ville du soleil », aujourd’hui Baalbeck. Son père n’était pas des plus faciles puisqu’il la fit enfermer dans une tour où elle n’avait que deux ouvertures pour voir l’extérieur, ceci afin de la préserver du prosélytisme chrétien. Chacun sait que plus une chose est interdite , plus on a envie de la connaître. Et puis les histoires de belles princesses enfermées dans des tours ne manquent pas et il se trouve toujours un beau jeune homme pour aller rendre visite à la belle captive.
Un jeune chrétien se fait donc passer pour un médecin et s’introduit auprès de la jeune fille, sans doute avec la complicité d’amies ou de servantes. Il la convertit et la baptise dans la foulée.
Quand le père rentre de voyage, sa fille lui annonce qu’elle a fait percer une troisième fenêtre dans la tour, ce qui fera d’elle la patronne des architectes, entre autres. Elle ajoute que c’est pour représenter la Sainte Trinité, ce qui met le père déjà doté d’un cerveau déséquilibré dans une rage folle. Il met derechef le feu à la tour, ce qui fera de Sainte Barbe la patronne des pompiers et de tout métier qui a trait au feu. Ceci se passe un 4 décembre.
Heureusement, la jeune fille réussit à s’enfuir mais un idiot de berger découvre sa cachette et la dénonce. Elle est alors condamnée au supplice et torturée : on lui arrache les seins, idée qui n’a rien d’original à l’époque. Rien n’y fait, elle refuse d’abjurer sa foi.
Son père la décapite alors mais est aussitôt puni car il est frappé par la foudre. Et voilà celle qui est désormais sainte devenue en plus patronne des métiers liés à l’explosif : artificiers, mineurs qui utilisent de la dynamite… Dommage que la foudre n’ait pas frappé un peu plus tôt pour la sauver : il semble que le Ciel s’attache plus à punir qu’à prévenir, parfois.
Un groupe de chrétiens vient réclamer le corps de la jeune sainte mais ils n’osent lui donner son nom de baptême chrétien, pour ne pas se dénoncer eux-mêmes et ne veulent pas l’appeler par son ancien nom perse car cela équivaudrait à nier son baptême : ils l’appellent alors « la jeune barbare » et elle deviendra Sainte Barbe.
Ses reliques se trouveraient à la cathédrale saint Vladimir de Kiev.
Ses pouvoirs sur le tonnerre feront d’elle une figure divine des religions afro-cubaines ou afro-brésilienne.
La sainte barbe est traditionnellement le nom que l’on donne à l’entrepôt des munitions mais ceci a une origine étymologique différente. En effet, les romains plaçaient les produits dangereux dans une enceinte située à l’extérieur du camp, du côté barbare donc, et cela pour des raisons évidentes de sécurité. Ce clos était appelé « enceinte barbare », « cincta barbara » en latin. Cela s’est transformé en Sainte Barbe pour des raisons de ressemblance phonétique et parce que cela avait un sens, les mots « ‘enceinte barbare » ne signifiant plus rien pour les utilisateurs.
Vers le 4 décembre, en l’honneur de la jeune sainte, vous pouvez vous déguiser et goûter une délicieuse préparation à base de blé au Liban (elle se serait déguisée pour s’enfuir et se serait cachée dans un champ de blé et nourrie de cette céréale).
Si vous avez un penchant pour le jardinage, vous pouvez aussi cultiver du blé ou des lentilles sur du coton mouillé, selon la tradition provençale.
Si vous vous trouvez à Bozel, en Savoie, une soupe haricot et lard mijotée dans un énorme chaudron est partagée entre toutes les personnes présentes.
Si vous préférez défiler, rendez-vous à Saint-Étienne, avec un spectacle le soir.
Je garde pour la fin la jolie tradition alsacienne et tchèque qui veut que l’on place dans un vase rempli d’eau des rameaux de cerisier ou d’un autre arbre fruitier. Il faut renouveler l’eau chaque jour et couper un peu de la tige jusqu’à Noël où les branches fleurissent, signe d’abondance pour l’année à venir.
Bonjour,
Je suis née un 4 décembre, ravie d’avoir Sainte Barbe pour patronne, et désolée qu’elle est été remplacée sur le calendrier par Barbara.
Vous en savez maintenant un peu plus peut-être sur votre sainte patronne alors, merci pour votre visite.
Bonjour
Une histoire bien racontée ! Bravo pour cet article.
Pouvez-vous me dire où se trouve le livre d’heures de Toul ?
Hélène
Merci pour vos compliments. Je ne peux répondre à votre question, peut-être un de mes lecteurs le sait-il.
J’adore ! bravo pour cette jolie histoire… et bravo pour le blog en général, que je ne connaissais pas et que je trouve délicieux.
Merci beaucoup, je suis très sensible aux appréciations de mes lecteurs.