Texte de Pierre, né en 1930.
Après le premier bombardement du Creusot, mes parents m’avaient mis à l’abri à la campagne, chez des amis. Je passais mes journées avec leur fils Jean. On verra que les parents avaient autre chose à faire qu’à surveiller les enfants toute la journée et nous savions profiter de cette liberté.
Alors qu’on approchait de la fin de la guerre, une colonne de soldats allemands passa sans interruption devant leur maison, sur la route nationale entre Luzy et Autun, durant 27 jours et 27 nuits. Quand ce fut terminé, il restait du matériel militaire abandonné à environ 300 mètres de la maison. Initié par mon camarade Jean, je participais à un jeu fort intéressant.
Nous ouvrions les caisses d’obus et, sachant que la poudre à l’intérieur n’explose que dans certaines conditions, nous récupérions cette poudre. Armé chacun d’un marteau subtilisé dans l’atelier des parents, nous descellions les obus en tapant à la jointure vers le milieu. L’obus s’ouvrait alors et cela nous permettait de récupérer un sac de nylon empli de poudre. Nous en rapportions des seaux dans la cour de la ferme. Et ensuite, direz-vous ? Le jeu était sans danger, il consistait à disposer la poudre au sol pour écrire nos noms par exemple puis de mettre le feu à une extrémité avec une allumette. Le feu d’artifice se déroulait selon la ligne tracée, à notre grand plaisir.
Une réflexion sur « sottise de gosse »