Jean Giono


la trace de l'homme dans la nature
la trace de l'homme dans la nature

Le titre Solitude de la Pitié n’est pas des plus engageants, pourtant, ce que Giono nous fait toucher du doigt dans ces vingt nouvelles, c’est la vie humaine et animale dans toute sa complexité.

Giono reproduit la syntaxe du langage populaire, la scène apparait comme dans un vieux film :

Et vous le trouveriez, vous, celui qui descendra ? Vous savez ce qu’il a dit, le plombier. Il n’avait pas envie de se tuer.[…]

Ecoute : il y en a deux, en bas, qui demandent quelque chose à faire. Ca a l’air de gens qui ont besoin.

Alors faut profiter, dit Marthe […] S’ils ont besoin, faut profiter.

 

On touche au divin, en passant par des divinités bucoliques comme le dieu Pan.

C’est au milieu de ce silence qu’un homme arriva, par le chemin de la forêt. Il venait dans l’ombre des maisons.

Sombres reflets de l’humanité: la méfiance envers l’étranger, mais aussi la propension à ne croire que ce qui nous arrange.

Tout ça, ça aurait dû réveiller notre méfiance et à vrai dire, de tout ça on se méfiait, mais la vie est la vie, allez donc en arrêter l’eau, et on s’habitue à tout même à la peur.

 

Giono est un sensuel : Sa langue s’adresse à nos sens, à la vue bien sûr mais aussi à l’odorat, au toucher.

Du côté de Plampre, ça sentait la gentiane écrasée.

Ou encore :

la montagne qui gémissait comme en mal d’enfant.

Et :

A la lisière de Léchau, une brume verte flottait

 

Le sens sont sollicités mais aussi les souvenirs des sens, souvenirs de l’odorat, du toucher, mais aussi les peurs ancestrales qui passent par ces souvenirs. C’est pour cela qu’il utilise beaucoup de comparaisons, dans des phrases courtes, qui sont à chaque fois comme un coup de pinceau sur un tableau, une nuance ou un détail supplémentaire.

Le regard s’immobilisa comme un clou. Il allait se planter droit dans la madame potelée mais il avait l’air de regarder au travers, plus loin, tout triste […]

 

Histoires de solitude, de pitié, de souffrance, donc, traitant de la difficulté à communiquer entre deux hommes, entre l’homme et la femme, entre l’homme et l’animal.

La bête mourait de peur sous ma pitié incomprise

L’échange avec la nature est peut-être plus rassurant, plus facile d’une certaine manière.

C’est cette colline qui est là : ronde et belle et lisse comme un sein.

Mais parfois la nature est trompeuse et dangereuse aussi:

Un air noir coulait avec une colère de torrent. Un informe tonnerre râlait par là-haut dedans comme un gros crapaud.

Et Giono fait surgir la poésie au détour de chacune de ces histoires, dans les phrases malhabiles d’un paysan ou de cet homme trompé.

Sur le coup, pas de douleur. Je sentais seulement quelque chose qui s’en allait de moi, laissant un grand froid à sa place. La souffrance vint durant l’après-midi.

Il reste un rêve, le rêve du jour où les hommes seront retournés à la nature et où

des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue.

2 réflexions sur « Jean Giono »

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