La colère


Mon propos ce matin sera sur le thème de la colère, celle qui rend aveugle, qui pratique la facilité de l’amalgame et se trompe de cible souvent mais aussi la saine colère, la juste colère, celle qui pousse à débattre et à agir.

J’animais il y a deux semaines une Fresque du Climat à l’intention d’élus communaux. Peu avaient répondu présents: peur d’apprendre plus sur un sujet anxiogène ? Peut-être. Un correspondant de presse s’annonce, nous échangeons quelques mots puis finalement il avoue ne pas savoir ce qu’est une Fresque du Climat. Nous l’invitons donc à se joindre à nous. Il refuse, disant que les écologistes lui font la morale, que si on les écoutait, on n’aurait plus le droit de rien faire… Il cite son voisin qui ne manque pas de lui souligner fréquemment ses manques et ses erreurs. J’essaye de lui faire comprendre la position de ce voisin, imaginant qu’il est bien intentionné au fond, soulignant que les conseils sont toujours bons à prendre. Et là le mot est lâché: ce voisin est perçu comme agressif.

On veut bien que les écologistes s’expriment mais à condition que leur discours ne soit pas anxiogène et surtout qu’ils restent polis, ne dérangent personne, n’abiment rien.

Je suis personnellement attachée à la non-violence, comme la plupart des gens. Cependant, nous tombons tous d’accord sur le fait que si quelqu’un faisait du mal à nos enfants, nous pourrions alors devenir très violents. Or, nous sommes dans ce cas précisément et ce voisin qui voit quotidiennement un proche ravager l’avenir de sa progéniture l’a exprimé, en paroles. Pour le moment.

Je suis non-violente par conviction, parce que la violence entraine une spirale sans fin et totalement inefficace mais j’avoue devoir souvent faire des efforts pour rester calme. Je comprends parfaitement la réaction de colère que peut susciter une telle indifférence à un futur très proche. Tout déséquilibre entraîne une crise, toute crise entraîne des changements, tout changement suscite des angoisses et toute angoisse peut amener des colères et des violences. Oui, notre avenir peut s’avérer violent et militarisé parce que nous n’avons rien anticipé. Nous continuons à foncer dans le mur en accélérant de plus en plus: on ne parle pas de freiner, ni même de lever le pied ni encore de seulement garder la même vitesse, non, nous accélérons encore !

Il nous faudra dans les dix ans qui viennent subir collectivement les conséquences d’années d’irresponsabilité. L’heure est venue de payer la note de tant de gabegie. Comment expliquer les liens entre causes et conséquences?

80% des personnes qui tentent de forcer nos frontières sont des réfugiés climatiques. Ils ne sont que quelques milliers, ils deviendront bientôt des millions, voire un milliard. Déjà le racisme augmente, le fascisme pointe son nez.

Ces pays où la vie va devenir précaire ou impossible fournissent des matières premières ou de la nourriture, le riz du Pakistan ou les oranges d’Israël par exemple. Les conséquences du dérèglement climatique, les événements extrêmes, les inondations, les sècheresses, vont entraîner des pénuries et donc une inflation galopante. Même si les pénuries alimentaires et l’inflation ne sont pas la seule cause des guerres civiles, elles sont toujours présentes lors du déclenchement et on peut facilement vérifier sur internet ce qui a précédé la révolte en Syrie ou le printemps arabe, la révolution française, etc.

Un gouvernement qui se sent menacé devient plus violent dans sa répression. Les dépenses militaires augmentent. Un rapport avec l’actualité ?

Les pays déstabilisés attirent les convoitises et les grands blocs: Etats-Unis, Chine et Russie y envoient des troupes (parfois privées comme Wagner).

Ajoutons à cela une rancoeur grandissante et souvent instrumentalisée aussi envers l’Occident. Les pays du sud participent moins au réchauffement climatique mais en ressentent plus durement les effets. Les gens ne sont pas idiots, ils ont bien compris d’où venaient une des grandes causes de leurs problèmes, ils demandent aux pays occidentaux de payer les dégâts. Sinon, le Pakistan, la Chine et Israël possèdent l’arme nucléaire mais je dis ça, je ne dis rien.

Alors, on s’assied par terre et on pleure ? Ou on se motive pour défendre pied à pied notre planète et les conditions de vie qu’elle offre aux mammifères que nous sommes, mais aussi nos démocraties et nos liens sociaux et associatifs. On n’a jamais eu autant besoin d’énergie positive, de bienveillance et de joie. Soyez du bon côté de la force !

Auteur : Annbourgogne

littéraire de goût, formation, loisirs, métier. retraitée passionnée mythes et légendes

2 réflexions sur « La colère »

  1. Bonjour Ann, merci pour les articles Il y a longtemps, j’avais entendu au cours d’un enseignement bouddhiste , mais néanmoins mémorable ;-), qu’il y a une nuance entre colère et courroux. colère, pulsionnelle et teintée d’aveuglement, VS courroux, plus « posé » suscitant donc moins de « résistance » de la part de ce (ceux) dont il est l’objet. Bon…ça ne calme pas vraiment, mais en ce moment, on semble tenus, pauvres de nous, à relever des défis surhumains, alors tout ce qui entretient le calme est utile… pfff Une bonne journée à vous lo

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