En complément des explications déjà données là.
Ce roman écrit en 2018 s’est révélé tristement prémonitoire. Cependant, je pense qu’on n’a pas toujours vu la lumière qui accompagnait les ombres.
J’ai écrit ce roman en 4 mois, de fin juillet à fin novembre 2018. J’avais besoin de mettre des mots sur mon anxiété face aux grands bouleversements qui nous attendent à très court terme. Mais comment faire ? Quelle trame suivre ? Quels personnages imaginer ?
Je suis allée au plus simple, cela se passe chez moi, lieux que j’ai transformés selon les besoins de l’histoire. L’imagination offre une formidable liberté, j’ai bien aimé par exemple allonger ma salle à manger de plusieurs mètres. Les personnages étaient au départ mes proches, qui ont ensuite évolué selon les besoin du récit, changeant de nationalité ou même de sexe. J’ai évidemment modifié les prénoms mais je ne peux expliquer pourquoi rien n’arrivait à un des personnages jusqu’à ce que je modifie une deuxième fois le prénom, ce qui a permis de démarrer son trajet de manière fulgurante.
J’ai écrit le texte dans le désordre, commençant par l’épisode de la fête des grâces où l’on remercie tout au long de la journée ceux que l’on rencontre et même les objets, comme les livres ou les étoiles. J’avais besoin de déclarer un immense merci au hasard ou à la nécessité, qui sait, qui m’a fait naître sur cette belle planète accueillante, fourmillante de vie, et qui a placé sur mon chemin les rencontres qui ont contribué à ma formation.
Les idées me sont venues de nuit, dans un demi sommeil. Je suppose qu’il fallait une baisse de vigilance pour laisser la place à l’imagination. La difficulté était d’une part de tout noter dans le noir et d’autre part de transposer ce qui m’arrivait sous forme de dialogues . Je n’avais pas envie d’écrire une pièce de théâtre. Pourtant, mes personnages jacassaient dans mon cerveau fatigué chaque nuit jusqu’à ce qu’un soir, excédée, je signale intérieurement que ce n’est vraiment pas poli de discuter ainsi dans la tête des gens qui veulent dormir.
J’ai ainsi rédigé la journée selon mes notes nocturnes, tissant des liens logiques entre tous ces éléments disparates. Ensuite, bien sûr, j’ai passé tout un mois à relire et améliorer, à déplacer une virgule pour la remettre en place, à chercher des synonymes et surtout à lire à voix haute pour être satisfaite de la musique de chaque phrase, de son rythme.
Parfois m’arrivaient des phrases toutes faites, étranges, obsédantes. Ainsi celle-ci: « Il y aura un monument historique emblématique de la France qui sera endommagé et cela créera une grande émotion parmi le peuple. Ce sera le début du Déluge de feu. » Que faire de cela ? Je décidai de choisir Versailles et, en brisant des glaces de la célèbre galerie, commencer un cycle de sept ans de malheur. Jugez de mon émotion lorsque Notre Dame a brûlé, deux mois plus tard. La Maison de Dieu, notre maison, brûlait, comme l’avait déclaré à sa manière le Président Chirac.
Le Déluge de feu s’entendait sous toutes ses formes: la Fièvre, la violence, les bombardements, les incendies, les canicules, etc. Une autre injonction surprenante fut celle de réviser la langue russe dans laquelle je suis une éternelle débutante. Je compris qu’un danger pouvait menacer à l’Est, avec des bombardements. Pourtant, si elle n’était pas arrivée de nuit, j’aurais repoussé cette idée comme étant extrêmement improbable, voire loufoque.
Pour l’idée de l’épidémie qui s’avéra être celle du Covid, cela fut pensé de jour, très logiquement. Nous mettons en effet tout en place pour que les pandémies se succèdent, soit avec la déforestation qui rapprochent les animaux sauvages, réservoirs de virus, des humains, soit avec nos jeux d’apprentis sorciers, soit encore avec le dégel du permafrost. Le système de santé fortement dégradé résulte d’une observation de la réalité, un peu exagérée puisque les années qui se succèdent ne feront qu’aggraver les choses.
C’est ainsi que je me retrouvai au début du premier confinement en train de vivre en personne un passage de mon livre alors en cours de publication chez l’éditeur. J’allais me promener sur le pont surplombant une autoroute sans voiture à un kilomètre de chez moi, exactement comme mon personnage. Cela n’est pas commun, tout de même.
A partir de 2030 commence la deuxième partie du roman: la reconstruction. Là je me suis sentie libre de dépeindre avec jubilation la mise en place d’une nouvelle société, bénéficiant des traces de l’Histoire qui pour une fois servirait de leçon. Les graines en avaient été semées dans la première partie du roman, alors que les difficultés croissantes redonnaient aux individus des valeurs oubliées telles que la solidarité et le partage.
Beaucoup de détails sont symboliques mais cela n’a pas d’importance si on ne les décrypte pas. Ainsi la petite fille en équilibre sur une poutre à la fin annonce la suite: Alice des Deux Côtés du Miroir. Ce deuxième roman s’inspire de l’arbre des Sephirot et le thème principal en est la notion d’Equilibre.
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