
Cet été je vais renaître, sortir d’un long tunnel. Pour fêter cela, je recommande deux auteures :
- Anne Perry, qui sait à merveille créer une ambiance et jouer sur la finesse psychologique de ses personnages de romans policiers historiques. On est transporté dans le Londres du XIXème siècle avec la série des Charlotte et Pitt, où toutes sortes de strates sociales se côtoient et s’ignorent en toute innocence. Comme aujourd’hui ?
- Sue Monk Kidd, en particulier dans son best seller « The Secret Life of Bees » donne étonnamment à réfléchir sur la société américaine aux temps de l’esclavage et du sexisme. On dévore l’ouvrage qui devient encore plus passionnant à mesure qu’on avance vers la fin.
Ensuite, je dirai quelques mots du deuil du dernier parent, puisque telle a été mon actualité et que rien n’est plus commun.
Perdre son dernier parent, c’est perdre ses repères dans un premier temps, c’est faire le deuil de son enfance, c’est vivre des choses extrêmement complexes et contradictoires. Je conseille fortement de se faire aider par une ou deux séances de psychothérapie, en semi-hypnose de préférence, avec bien sûr un spécialiste habilité. Cela fait gagner beaucoup de temps et de souffrance en nous rendant plus fort et plus lucide pour entamer ce long travail de deuil qu’il faudra faire seul, de toutes façons.
En période de crise, les personnalités se révèlent. L’entourage bien sûr, ceux qui vous aident, ceux qui vous lâchent. Et puis le deuil, étymologiquement la douleur, est une épreuve initiatique qui nous fait changer aussi : on a moins de patience, plus de colère et on trie… beaucoup, parmi les objets et aussi parmi les personnes. On jette …beaucoup. On garde beaucoup aussi, les souvenirs évoluent, des liens se font qui projettent un nouvel éclairage. Il ne s’agit pas de regrets, on ne va pas réécrire l’histoire, mais de protection ou de décisions pour l’avenir. Les leçons portent. Le temps presse, tout d’un coup, avec la conscience des limites d’une vie.
Et on vide souvent la maison de son enfance. Parfois seul, alors même qu’on était une fratrie. Chacun s’y prendra différemment mais on n’échappe pas au pouvoir de certains objets. Il m’est apparu comme une sorte de devoir filial de tenir chaque objet dans mes mains avant de décider de ce qui en serait fait. Et j’ai avancé, jours après jours, dans ce travail souvent triste, parfois doux ou même parfois drôle. J’ai refait le chemin, retrouvant à partir d’un bijou fantaisie la jolie jeune femme des années soixante dont j’admirais l’élégance du haut de mes quatre ans, retrouvant les livres qui marquaient ma complicité avec mon père.
J’ai tout retraversé : les années, les disputes et les rires, les larmes et les conseils et toute une vie commune, commencée l’année de ma naissance et se terminant avec ce dernier décès, comme les dates sur une pierre tombale mais les dates mêlées de deux personnes différentes. Ce temps m’a semblé long mais éminemment nécessaire. Et lentement, petit à petit, j’ai achevé de dire adieu à mon enfance et à ma famille d’origine et, sans plus de tristesse et même avec une aptitude accrue au bonheur, j’ai réintégré le présent et la famille que j’ai créée.
Et enfin un nouvel article, mais qui ne plaira pas à tout le monde : Judas ou le mal nécessaire
Et puis un deuxième, plus léger : la cousine Lucienne