
Dans la veine de la chanson de Jacques Brel : «ce soir, j’attendais Madeleine», Francis Cabrel renouvelle totalement la description du «lapin posé».
L’enfer que vit l’amoureux éconduit est suggéré avec le jeu de mots sur Hell /enfer du nom de la rue qui s’entend phonétiquement comme «Elle n’est pas venue».
Le prochain pas que vous allez faire
Peut vous mener droit en enfer
Personne ne vous a prévenu
Vous êtes sur Hell nep Avenue
La solitude du jeune homme délaissé est renforcée par le fait d’être dans une rue, seul au milieu des autres en quelque sorte. Une suite d’images souligne cette impression : le froid intérieur, suggéré par le vent du pôle, les papiers qui s’envolent comme autant de promesses non tenues, les épaules tombantes, les chansons de travers, la pluie (incontournable). Enfin les rimes suivies ajoutent à la monotonie de l’attente vaine.
Boulevard des papiers qui s’envolent
Le vent y descend droit du pôle
Ça fait des chansons de travers, de travers
Chanteurs aux épaules tombantes
Le chaos intérieur: «la tête en vrac» ressemble à ce désordre végétal dans lequel on s’empêtre:
Pris dans les fougères grimpantes
Encore une averse de plus
Sur Hell nep Avenue
La musique est au diapason : le blues. Le silence de l’attente vite déçue, on ne parle même pas d’espoir, est lui aussi compté par le métronome : « quelques mesures » et suspend momentanément la tristesse.
Quelques mesures de silence
À l’heure où l’autobus s’avance
Aucune fille n’en descend, et le blues reprend
Le ciel des amoureux, le septième ciel des amants, le ciel qu’on invoque pour voir exaucer ses vœux les plus chers, le ciel bleu des jours heureux ne sont même pas remplacés par un ciel gris ou noir: à l’absence de l’être aimé répond l’absence de ciel.
Le temps de l’attente compte double et l’on sait que la tristesse ou le désespoir font vieillir comme autant d’expériences accumulées. La naïveté de la jeunesse tombe d’un coup.
On peut voir se creuser les rides
De ceux qui attendent dans le vide
Il n’y a pas de ciel par-dessus
La Hell nep Avenue
Cette peine que chacun a pu connaître ne disparaîtra pas de la mémoire
On y a tous chanté une fois
Une fois et puis t’oublies plus
La hell nep Avenue…
Très complet et bien présenté, bravo !
J’ai la même interprétation, mais n’avais pas pensé aux rimes suivies.
Ma préférée de F.Cabrel : Elle danse. Chanson très touchante et écrite avec tellement de tact et d’empathie.
Bonne continuation !
Merci Fred pour vos encouragements. Je vais réécouter Elle danse.
Cordialement
« Elle dort »
Dans cette chanson, Francis Cabrel, évoque une petite fille croisée au Telethon. Sa chanson ici décrit le seul moment où elle pareille aux autres enfants, c’est quand elle dort et qu’elle rêve qu’elle danse.
« Elle dort »
Dans cette chanson, Francis Cabrel, évoque une petite fille croisée au Telethon. Sa chanson ici décrit le seul moment où elle pareille aux autres enfants, c’est quand elle dort et qu’elle rêve qu’elle danse.
Je viens d’écouter cette chanson, elle est très émouvante, merci pour votre commentaire.
Qu’attend la France pour lever Francis Cabrel au rang de Dieu. Tout simplement le dieu vivant de la chanson.
je n’avais jamais compris cette chanson comme ça ..merci
Belle explication de la chanson qui traduit le désespoir du rendez-vous manqué!
Heureuse que cela vous ait plu, merci pour votre visite.