
C’est si peu dire que je t’aime
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges
Plus dure encore que la véritable absence, cette présence détachée:
Comme une étoffe déchirée
On vit ensemble séparés
Dans mes bras je te tiens absente
Et la blessure de durer
Faut-il si profond qu’on la sente
Quand le temps nous est mesuré
La vie qui est la leur à ce stade de leur existence n’a plus rien à voir avec l’intensité des espoirs et des projets de la jeunesse. Un sinistre compte à rebours a commencé et occupe leurs pensées, les empêchant de profiter du temps qui reste. Il est question d’ »existence » et non plus de «vie» et cette existence même se réduit à presque rien, à un adieu.
Cette existence est un adieu
Et tous les deux nous n’avons d’yeux
Que pour la lumière qui baisse
L’image qui suit souligne la naïveté d’une telle attitude en renouant avec une image des contes de l’enfance.
Chausser des bottes de sept lieues
En se disant que rien ne presse
Voilà ce que c’est que d’être vieux
Et le vieil amoureux ressent l’urgence de dire encore à sa compagne combien il l’aime, urgence soulignée par les termes «craignait» et «surprenne» ainsi que l’image de danger des mains sur la gorge, la nuit étant ici synonyme de mort.
C’est comme si […]
Si je craignais que me surprenne
La nuit sur ma gorge qui met
Ses doigts gantés de souveraine
Le printemps de la vie ne reviendra plus, l’espoir ne permet plus d’avancer.
Quand plus jamais ce n’est le mai
Les choses elles-mêmes perdent de leur réalité et s’estompent doucement, par étapes suggérées par les groupes nominaux: le plaisir se réduit à un frisson puis ce frisson même ne devient qu’un souvenir; la musique est maintenant morte puis elle n’est plus qu’un écho.
Lorsque les choses plus ne sont
Qu’un souvenir de leur frisson
Un écho de musiques mortes
Et paradoxalement, plus tout cela se fond dans le passé, plus le regret et la douleur deviennent presque insoutenables
Demeure la douleur du son
Qui plus s’éteint plus devient forte
Les mots du poète ne suffisent pas à l’amant
C’est si peu dire que je t’aime
J’ai lu votre commentaire gràace à e. Chaudre.
j’ai répondu ceci :
Le poème que vous commentez renvoie à un autre, chanté aussi par Ferrat, et célèbrissime :
L’avenir de l’homme est la femme
Elle est la couleur de son âme
Elle est la rumeur et son bruit
Et sans elle, il n’est que blasphème
[Ici il faut noter que Ferrat dit : « la femme est l’avenir de l’homme », or ce n’est pas du tout pareil au vers d’Aragon : « l’avenir de l’homme est la femme ». Dans celui-ci, « la femme » est effectivement à l’horizon du vers (la forme épouse le fond), tandis que dans le vers de Ferrat, « la femme » tombe comme un couperet à l’entrée du vers et fait en quelque sorte barrage à l’horizon, la forme contredit le fond.]
Autre chose, et Aragon s’en est expliqué, le fameux vers ne veut pas du tout dire que l’homme a pour avenir de devenir une femme, il veut dire que l’homme est né pour la femme en ce sens qu’il est né pour l’amour et pour le couple. Témoin les vers qui suivent :
…………………………………………..
Je vous dis que l’homme est né
pour la femme et pour l’amour
………………………………………….
On verra le couple et son règne
Neiger comme les orangers
Mais hélas ! beaucoup plus loin dans le recueil, il y a cet aveu : « Les temps du couple ne sont pas venus » :
………………………………………………………
Où le ciel d’être deux va se découronner
Tout conspire à lasser les âmes d’être grises
Les oiseaux avant nous dévorent les cerises
Plus vite que les fleurs les baisers sont fanés
Et le vin s’évapore et le verre se brise.
Gràce à Chaudre, j’ai lu votre beau commentaire… et j’y ai répondu..
Le poème que vous commentez renvoie à un autre, chanté aussi par Ferrat, et célèbrissime :
L’avenir de l’homme est la femme
Elle est la couleur de son âme
Elle est la rumeur et son bruit
Et sans elle, il n’est que blasphème
[Ici il faut noter que Ferrat dit : « la femme est l’avenir de l’homme », or ce n’est pas du tout pareil au vers d’Aragon : « l’avenir de l’homme est la femme ». Dans celui-ci, « la femme » est effectivement à l’horizon du vers (la forme épouse le fond), tandis que dans le vers de Ferrat, « la femme » tombe comme un couperet à l’entrée du vers et fait en quelque sorte barrage à l’horizon, la forme contredit le fond.]
Autre chose, et Aragon s’en est expliqué, le fameux vers ne veut pas du tout dire que l’homme a pour avenir de devenir une femme, il veut dire que l’homme est né pour la femme en ce sens qu’il est né pour l’amour et pour le couple. Témoin les vers qui suivent :
…………………………………………..
Je vous dis que l’homme est né
pour la femme et pour l’amour
………………………………………….
On verra le couple et son règne
Neiger comme les orangers
Mais hélas ! beaucoup plus loin dans le recueil, il y a cet aveu : « Les temps du couple ne sont pas venus » :
………………………………………………………
Où le ciel d’être deux va se découronner
Tout conspire à lasser les âmes d’être grises
Les oiseaux avant nous dévorent les cerises
Plus vite que les fleurs les baisers sont fanés
Et le vin s’évapore et le verre se brise.
MESSAGE DE SERVICE
J’ai voulu envoyer le lien de cette page par courriel.
Ma messagerie a refusé l’envoi.
Après plusieurs tests, je dois conclure qu’en déformant wordpress.com, le message est bien transmis.
C’est assez curieux !
Avez-vous des informations sur ce blocage ?
Bien évidemment, vous pouvez supprimer ce message -technique-.
Je n’ai aucune connaissance technique pour vous répondre.
merci à lee fleurs
Le Poète se doit de chanter la Beauté et aussi la tragédie de la vie, Aragon et Ferrat allait bien ensemble ((-:
« Le Fou d’Elsa »,je ne connaissais pas.Rien qu’à lire l’analyse,ça fait froid dans le dos et puis ça fait souffrir.
Tous les poèmes du recueil « le Fou d’Elsa » ne sont pas aussi tristes. Merci de votre visite.
@Harmonybis,
écoutez la chanson de Jean Ferrat, elle ouvre tout un ciel bleu au dessus de ce divin poème.
Merci, Anne pour ce bel hommage