Cette belle jeune fille a un nom qui vient de l’hébreu «shalom» et signifie paix. Rarement prénom fut plus mal porté.
En effet, Salomé est célèbre pour la danse des sept voiles qui charma son beau-père Hérode Antipas, qui est aussi son oncle. Ca commence bien ! Non seulement cette Lolita danse jusqu’à charmer son beau-père sous les yeux de sa mère mais elle se fait payer en quelque sorte: elle ne demande pas une jolie robe ou un beau voyage, non, elle veut la tête de Saint Jean Baptiste sur un plateau. Il y a des chaperons rouges pires que des loups…
Il faut dire qu’elle ne fait que suivre les conseils de sa maman Hérodiade.
La généalogie n’est pas facile car Hérodiade épouse successivement deux frères qui s’appellent tous deux Hérode et sa fille Salomé épousera à son tour deux hommes fils de deux Hérodes différents. On ne se cassait pas bien la tête pour trouver un prénom original dans cette famille.
Pour les différencier, ils ont deux prénoms : le premier Hérode, mari d’Hérodiade et père de Salomé s’appelle Hérode Philippe. Pour couronner le tout, le second Hérode, Hérode Antipas, a un fils qu’il appelle …Philippe et que Salomé épousera. Pour ceux qui n’ont pas bien suivi, reprendre au début du paragraphe précédent
Salomé aura trois fils de son second mari Aristobule, frère d‘Agrippa. Ses trois fils se nommeront …Hérode, Agrippa et Aristobule.
Le pauvre Saint Jean-Baptiste décide de se mêler de tout ça et reproche à la mère de Salomé d’épouser le frère de son mari alors que son mari est toujours vivant. Hérodiade demande donc à son mari d’emprisonner le vilain moralisateur puis, comme cela ne suffit pas à le faire taire, suggèrera à sa fille d’obtenir sa tête.
Cette histoire a été relatée dans la Bible : Evangiles selon Saint-Marc et selon Saint-Matthieu. La suite est une légende.
La mort de Salomé
Par une belle journée ensoleillée d’hiver, par une température glaciale, Salomé entreprit de traverser le lac de Barbazan (Haute-Garonne) qui était gelé. Cependant , au centre du lac, la glace céda sous son poids et elle tomba dans l’eau glacée. La glace se reforma autour de son cou et luisant sous le soleil, donna l’impression que la tête de Salomé était à son tour posée sur un plateau d’argent. Comment dire : la vengeance est un plat qui se mange froid ?
L’histoire est suffisamment riche et érotique pour inspirer nombre de peintres, d’écrivains, de musiciens et de cinéastes. Pour ne citer que les plus célèbres :
En peinture : Cranach l’ancien, Botticelli, le Titien, le Caravage, Gustave Doré, Gustave Moreau
En littérature : Flaubert, Huysmans, Mallarmé, Laforgue, Oscar Wilde, Théodore de Banville, Apollinaire et plus récemment Michel Leiris, Weyergans et Ruth Rendell.
En musique : Richard Strauss et plus récemment les chansons de Peter Doherty , de Louise attaque, de Capdevielle ou de Bernard Lavilliers
Au cinéma : récemment, Carlos Saura (2002) et Tsia Ming-Liang (2009) pour le film «Visages» présenté au 62ème festival de Cannes.
On peut admirer un vitrail du XIIIème siècle dans la cathédrale de Bourges représentant la danse de Salomé.
On la trouve même en bande dessinée (les Humanoïdes Associés).
A chacun de rêver à sa manière sur cette danse si belle qu’elle valait la vie d’un homme.