
Les Muses sont filles de Mnémosyne, la mémoire, et de Zeus, fruits de neuf nuits d‘amour.
Une autre généalogie en fait les filles d’Harmonie ou encore d’Ouranos et de Gé, le ciel et la terre. L’essentiel est qu’elles soient présentes dès la sortie du Chaos.
Leur nombre aussi a varié selon les régions et les époques, passant de trois à sept ou neuf.
Elles président à la Pensée et à l’Art sous toutes les formes, des mathématiques à l’histoire.
Leurs chants, ou celui des chanteurs qui les servent, apportent douceur et apaisement, font oublier soucis et chagrins. Ne disons-nous pas encore aujourd’hui que la musique adoucit les mœurs ? Et lorsque nous sommes tristes, l’écoute d’une musique ou d’une chanson ne nous aide-t-elle pas à relativiser et à reprendre pied ?
Elles se sont « spécialisées » peu à peu. La muse considérée comme la plus importante est Calliope avec la poésie épique. Suivent :
Clio, l’histoire
Polymnie, la pantomime
Euterpe, la flûte
Terpsichore, la poésie légère et la danse
Érato, la chorale lyrique
Melpomène, la tragédie
Thalie, la comédie
Uranie, l’astronomie
La plupart entretiennent des rapports étroits avec la musique et la nature comme on pourra le voir avec les diverses couronnes de fleurs et les instruments. Nous avons aujourd’hui tendance à tout cloisonner et à penser que l’histoire n’a rien à voir avec les mathématiques ou avec la musique, encore moins avec la biologie . Peut-être trouvera-t-on ici l’occasion d’imaginer quels pourraient être ces liens.
Calliope, étymologiquement « belle voix », est la mère d’Orphée qu’elle aurait eu d’Apollon et elle aurait également enfanté les Sirènes avec le dieu fleuve Acheloos.
Clio, étymologiquement « célébrer, chanter », aurait inventé la guitare. L’histoire était plus une biographie des héros que l’histoire des peuples, cest pourquoi elle tient également la trompette de la renommée. On la représente souvent avec le globe terrestre et une clepsydre, montrant par là que l’histoire est en rapport avec le temps et tous les lieux sur terre. Elle serait la mère de Hyacinthos.
Polymnie inspire les orateurs. Son nom signifie « nombreux chants », elle peut donc tenir plusieurs discours et s’exprime abondamment. Elle tient un rouleau sur lequel est inscrit «suadere» (persuader). Elle est habillée de blanc et couronnée de perles et de pierreries. Les perles, il est vrai que certains de nos orateurs politiques en sortent quelquefois. Les pierreries ne sont pas inutiles pour persuader, au sens propre comme au sens figuré. On croit plus volontiers celui qui s’exprime brillamment mais nous savons aussi que « tout ce qui brille n’est pas or. » et que, selon une formule désormais célèbre, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.
Euterpe, « qui sait plaire », couronnée de fleurs elle aussi, est entourée d’instruments comme le hautbois et de partitions musicales.
Terpsichore, « apprécier la danse », est vive et enjouée, elle tient une harpe. Pas facile de danser en tenant une harpe, me direz-vous. J’en pose des questions, moi?
Erato est couronnée de roses et tient une lyre.
Melpomène, la tragédie, est toujours sérieuse. Son nom signifie pourtant « chanter » mais il s‘agit certainement de fado, de blues, ou de tout autre chant triste. Richement vêtue, elle tient un poignard ensanglanté. Ses suivantes sont la Terreur et la Pitié.
Thalie, « la joyeuse, la florissante » est couronnée de lierre et tient un masque. Elle aurait conçu les Corybantes, des danseurs en armure, avec Apollon.
Uranie, « la céleste », est couronnée d’étoiles et a une robe azur (on l’imaginerait volontiers avec une robe couleur du temps, comme dans le conte de Perrault). Elle est entourée d’instruments de mesures et de mathématiques et s’appuie sur un globe terrestre imposant.