
Dans la Bible, le Léviathan prend la forme d’un monstre marin colossal, à la fois serpent, dragon et crocodile. Il symbolise le péché capital de l’envie. Au Moyen-Âge, il est représenté avec une gueule ouverte qui avale les âmes, tenant lieu de porte de l’enfer.
J’aime bien l’idée que l’envie soit le défaut le plus monstrueux et le plus dommageable en quelque sorte puisqu’il est à la porte de l’Enfer. En effet, si l’on n’enviait pas le terrain du voisin, sa richesse ou sa femme, que de guerres, de révolutions et de meurtres n’auraient plus lieu d’être.
Il peut aussi être envisagé sans forme particulière, uniquement comme un cataclysme, voire l’ultime cataclysme qui anéantirait notre planète. C’est la bête de l’Apocalypse !
Enfin, dernière piste plus complexe : Jonas , en affrontant le Léviathan, affronte métaphoriquement les côtés monstrueux ou bestiaux de sa personnalité. C’est aussi une sorte de terre, de matière, qu’il doit pénétrer afin d’enfanter le divin.
Laissant libre cours à l’imagination, Le Léviathan est un peu mis à toutes les sauces:
- Gigantesque serpent de mer dont les ondulations forment les vagues dans le poème Léviathan – W S Merwin
- Dans Les Misérables de Victor Hugo, les égouts de Paris sont considérés comme les intestins du Léviathan.
- Dans le livre de Thomas Hobbes, il est une métaphore de l’Etat.
- Dans le roman éponyme de Julien Green, publié en 1929, il se multiplie pour être le mal, caché dans chaque personnage du roman.
- Il est mentionné dans le poème Le Bateau Ivre de Rimbaud.
- Il peut aussi accompagner Faust, le diable, dans le roman de Klinger
- Il peut être un lieu et servir de refuge à des créatures de science-fiction comme dans un roman de Clemens
- On le retrouve dans des mangas, des bandes dessinées, des films, des jeux vidéos ou même des jeux de cartes.
Touts les pistes peuvent être intéressantes mais elles semblent forcément limitées à côté du seul péché d’envie. N’avons-nous pas tous une parcelle de léviathan en nous ? A nous de la dompter ou de l’endormir ou au contraire de nous en servir comme moteur de progression car avec le libre arbitre dont nous somme dotés, nous avons tous aussi les qualités de nos défauts.
Très bel article – une lecture vraiment intéressante pour laquelle je vous remercie.
J’ai crée un lien vers votre article, dans mon sommaire (plus modeste) sur Léviathan – en roumain.
Il y aussi une poésie intitulée Léviathan par le poète américain W. S. Merwin (né en 1927) – une description (poétique) détaillée du monstre.
« the dark of his jaws, and who should moor at his edge
and fare on afoot, would find gates of no gardens »
« l’obscurité des mâchoires…Et qui essayera d’amarrer à ses limites
et s’aventurera à pied, trouvera les portes des jardins inexistants »
Merci de votre intérêt et merci aussi pour la belle poésie de Merwin, que je ne connaissais pas.
Traitement ample et original du Léviathan.
Il permet de découvrir les grandes métamorphoses de ce mal, d’un ouvrage à l’autre. Mais il est à croire que le règne du mal dans notre environnement n’est que l’enflure de celui que nous couvons intérieurement. Voilà pourquoi sa personnification en l’homme par le péché capital de l’envie est une piste originale de lecture. Merci pour le partage !
Emmanuel
C’est une belle caution qu’une appréciation flatteuse émanant de l’Académie de philosophie. Merci.
Merci d’avoir traité le sujet sous l’angle de la philosophie. J’aime bien lire des points de vue très différents sur un même sujet.