Quelques bases pour discuter d’Environnement


Quel effet ça fait d’être la génération qui doit sauver l’humanité ?

Un peu de vocabulaire:

  • anthropocène : ( de « anthropos: homme) « époque géologique marqué par l’influence massive des activités humaines. »
  • EROI: Retour sur investissement de l’énergie. Si on mesure l’énergie avec l’unité « Baril de pétrole », il faut aujourd’hui 1 baril pour en extraire 20. Autrefois, le rapport était de 1 pour cent barils extraits.
  • La notion de limites planétaires a été introduite en 2009 par le Stockholm Resilience Center et le terme est désormais reconnu par l’ONU et utilisé par tous les spécialistes. Ces limites, au nombre de 9, conditionnent la vie sur Terre. Ces limites sont restées stables pendant 10 000 ans, d’après les relevés scientifiques. En 2015, 4 étaient franchies: le changement climatique, la chute de la biodiversité, le changement d’usage des sols, la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore. En 2022, nous venons de dépasser la cinquième: la pollution chimique ( et en particulier la quantité de plastique dans l’environnement). Il nous reste l’acidification des océans et l’utilisation d’eau douce (franchissement prévu avant 2050) et enfin la diminution de la couche d’ozone et la concentration en aérosols dans la biosphère.

Petite mise à jour : le cycle de l’eau douce, c’est fait. Nous venons de franchir la limite en avril 2022. Ca va décidemment plus vite qu’on ne pensait.

  • Un milliard équivaut à 1000 millions. Si nous prenons l’image qu’un million équivaut à 10 jours, il faudra plus de 27 ans pour avoir l’image d’un milliard.
  • L’effondrement d’un système signifie que ce système n’est plus en état de se reproduire et de répondre aux exigences qui le font perdurer. Cela peut être celui de la biodiversité. Lorsqu’il s’agit d’une société, il signifie que le vivre-ensemble, la solidarité entre ses membres ou les services qu’ils se rendent, n’est plus tenable. Cela passe par plusieurs phases parfois peu visibles: une plus grande inégalité ou une rupture du contrat social, des services moins bien rendus. Il s’ensuit souvent plus de violence populaire (révoltes, manifestations, révolutions) et policière ( défense d’un gouvernement qui se sent fragilisé). A la fin, certains services comme l’Education ou la Santé sont des coquilles vides, ils semblent encore fonctionner en théorie mais ne rendent plus les services qu’on attend d’eux.
  • Solastalgie: angoisse liée au dérèglement climatique et à ses conséquences. Se soigne par l’action. Adhérez à une association, il y en a de toutes sortes, vous trouverez celle qui vous convient.
  • Actifs échoués: Il s’agit de biens ou d’objets qui perdent toute valeur. Imaginons un énorme 4X4 très gourmand en essence, il peut devenir invendable en cas de pénurie de pétrole ou s’il n’est plus autorisé à rouler dans les villes.
  • Etats faillis: C’est un état qui ne rend plus les services que la population est en droit d’attendre. En 2022, la Somalie, l’Afghanistan, Haïti, La Guinée Bissau, la République Démocratique du Congo sont considérés comme des états faillis, le Yémen et le Mali, la Libye sont les prochains sur la liste.

Un peu de bons sens:

  • Notre planète est limitée, ne prélevons que ce qui peut se régénérer, en respectant le rythme naturel. Un enfant de six ans peut comprendre que rester dans des limites est en opposition avec toute idée de croissance. L’expression « croissance verte » est un oxymore, d’après l’un des auteurs du rapport Meadows.
  • S’il y a des pénuries, ça va être la foire d’empoigne. « 40% des guerres sont d’ores et déjà directement associées aux ressources naturelles ». C’est bien sûr aussi le cas de la guerre en Ukraine aux nombreuses richesses, convoitées par la Russie, même si on habille cette guerre de nationalisme ou de fausses allégations historiques.
  • Si des parties du monde deviennent invivables, le nombre de réfugiés va augmenter, quels que soient les murs qu’on élève. « Une personne sur 110 est déplacée dans le monde » ou encore « On estime à 213,9 millions le nombre de réfugiés climatiques entre 2008 et 2016 ». ( cf le Manifeste de Delphine Batho, paru en 2019 aux éditions du Rocher)
  • Même si l’idée déplait, parler de croissance, c’est aussi parler de croissance démographique. 3,5 milliards d’êtres humains en 1970 et 8 milliards en 2020 ! On double tous les cinquante ans.
  • Il est plus facile de prévenir que de guérir, c’est-à-dire d’éviter une pollution que de la traiter.
  • Le climat a une inertie qui se compte en siècles ou en millénaires, démarrer un processus est comme rouler à 180 km/h puis vouloir s’arrêter immédiatement et là, en plus, on en est encore à se demander s’il ne faudrait pas encore discuter un peu pour savoir si on va appuyer lentement sur le frein ou peut-être plus fort mais seulement dans un quart d’heure, et peut-être que le frein n’est pas la meilleure pédale, il faudrait convoquer des experts… Et puis comment être certains qu’on ne fâchera personne en appuyant sur le frein ?
  • La pandémie de la Covid est pénible, inquiétant, désespérant mais ce n’est qu’un tout petit aperçu des ruptures de nos habitudes qui vont arriver.
  • L’écologie n’est pas un luxe pour les riches, comme on voudrait nous le faire croire. Vivre sobrement, ne plus prendre l’avion, ne pas suivre des modes vestimentaires éphémères, manger moins de viande sont autant de moyens de faire des économies.
  • Une vie plus respectueuse de l’Environnement n’est pas un retour à l’âge de pierre ou aux « amish », sauf pour ceux qui ne s’y seraient pas préparés. En effet, des avancées notables proviennent justement des recherches dans le domaine de l’écologie et des expériences tentées dans les écolieux et cela dans le domaine scientifique, biologique, technologique ou sociologique, entre autres. On peut citer la permaculture ou les multiples utilisation du chanvre par exemple. Vivre dans une kerterre ou une yourte en zone rurale est-il vraiment moins enviable que de vivre dans un logement social d’une grande barre d’immeubles en banlieue surpeuplée ? Passer du temps avec ses amis et sa famille est-il horrible au point qu’on préfère la routine du boulot-métro-dodo ? Le futur peut être désirable, si nous faisons ce choix.
  • Pour encore très peu d’années, nous avons deux atouts dans notre manche: la carte bancaire et la carte d’électeur. Ah, là encore, c’est raté pour les élections en France, en 2022.
  • Il nous reste 3 ans pour agir avant que la machine ne s’emballe !!!
  • Il est trop tard pour éviter les catastrophes mais on peut encore amoindrir les chocs. Se préparer demande des efforts mais « la fatalité est faite de nos renoncements » ( JP Dupuy- philosophe).
  • Changer de paradigme, de système de pensée, de régime politique fait peur. On s’accroche à ce qu’on a plutôt que de foncer tête baissée dans l’inconnu et je le comprends mieux que personne. Le problème est qu’on n’aura pas le choix, en tous cas pas ce choix-là. L’alternative est une société plus sobre et plus juste ou la barbarie. Si vous ne vous décidez pas à agir pour vous-même, faites-le pour mes adorables petits-enfants.
  • Quel calendrier ? Personne n’a de boule de cristal mais le rapport Meadows avait prévu le début des problèmes pour 2020, Le GIEC parle souvent de 2050, beaucoup de scientifiques et d’effondristes comme Yves Cochet évoquent plutôt 2030. L’auteure des « Fantômes du Futur » imaginait en 2018 une phase difficile de 2023 à 2030. Et tous ces gens-là reconnaissent aujourd’hui que ça va plus vite que ce qu’ils avaient calculé ou imaginé. On parle d’emballement. En fait, cela a déjà commencé, de façon plus forte dans certains endroits du monde. Au Liban, 60% de la population est en-dessous du seuil de pauvreté. ( source: Amin Salam, ministre libanais de l’économie). L’Asie du sud-est serait la première région du monde à devenir inhabitable.

Dernier conseil: assistez à une Fresque du Climat, vous comprendrez beaucoup de choses en un temps record et en ressortirez dynamisé, plein d’envie d’agir.

Pour aller plus loin:

ENVIRONNEMENT- EFFONDREMENTS et RESILIENCE

Historique et représentations mentales de la croissance

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Auteur : Annbourgogne

littéraire de goût, formation, loisirs, métier. retraitée passionnée mythes et légendes

Une réflexion sur « Quelques bases pour discuter d’Environnement »

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