Mai 2023


Méditation printanière

Tout d’abord, bienvenue à mes nouveaux abonnés. Il y a maintenant tellement d’articles sur ce blog que chacun peut y trouver matière à amusement ou réflexion, selon ses envies.

Voici donc revenu le joli mois de mai, qui est aussi le mois où fleurissent traditionnellement les colères populaires. Il semblerait que la mode des casserolades d’antan soit revenue.

Le premier article du mois s’intitule La Colère.

Comme d’habitude , cette page se remplira au fur et à mesure, n’hésitez pas à revenir.

Avril 2023


Mon âme est partagée en ce début de printemps entre l’éveil du jardin et l’espoir et même l’enthousiasme qu’il suscite à chaque fois et une actualité pregnante. Un des articles les plus lus de ce blog traite d’ailleurs d’un magnifique texte du roi poète Charles d’Orléans: Le temps a laissé son manteau – Charles d’Orléans

Etymologie de « enthousiasme »: inspiration par le divin, communication divine.

L’actualité est moins brillante. J’aimerais simplement ici donner mon avis personnel sur les violences. D’abord, ce qu’elles annoncent. On le sait bien, à mesure que la vie va devenir plus difficile: pénurie de matières premières, de biens de consommation courante ou pire encore d’élément vital comme l’eau, les violences vont surgir et s’accentuer. Le sentiment d’injustice va faire grandir les colères et la colère est aveugle et non constructive.

Je me place donc du côté de la non-violence. Ceci dit, je serais capable de violence, comme chacun de nous, si on touchait à ce que j’ai de plus cher, comme la vie de mes enfants ou, par extension, les conditions de leur survie. L’eau potable, bien commun par excellence, va manquer si nous n’y prenons pas garde. Les réserves accumulées pendant des siècles et préservées dans nos sous-sols sont actuellement pompées par quelques privilégiés pour faire pousser du fourrage pour les animaux. Il y a de quoi se mettre en colère.

Les foules étant ce qu’elles sont, il appartient aux dirigeants de ne pas laisser s’installer les conditions des révoltes et de favoriser le dialogue. Dans une démocratie, les élus sont au service du peuple et non d’intérêts privés et dans une république qui se dit égalitaire comme l’annonce la nation française dans sa devise, aucun homme ne doit jouir de privilèges. Il semble aujourd’hui que ce pacte est rompu. Nous sommes au coeur de nombreuses dénonciations stupéfaites de la part de toutes les autres démocraties attachées aux droits de l’homme.

Je fais une énorme différence entre les violences individuelles, même commises en groupe, et bien sûr condamnables, et les violences d’état, surtout si elles n’ont pas à répondre devant la justice. Il ne s’agit même pas d’un niveau de violence, il s’agit du droit à être violent lorsqu’on n’est pas menacé. Sur des journalistes ou sur des secouristes, par exemple, ou sur des personnes à terre, a fortiori des blessés sur des civières.

La préfète a accepté ce type de violences pour défendre un simple trou dans la terre, appartenant à des privés et dont l’exploitation n’a pas été autorisée par la Justice. Cela pose question. Que serait-il advenu s’il n’y avait pas eu de forces de police à Ste Soline, sauf les habituels observateurs ? Rien. Aucun blessé. Aucun dégât. Aucune voiture de police brûlée. Des gens auraient certes piétiné des prés mais aucun jeune, aucun citoyen, ne serait aujourd’hui en danger de mort. Qui en sort gagnant ? A qui profite le crime ? et surtout cela en valait-il la peine ?

Sinon, il y a les films à voir en ce moment:

  • Emily – de France O’Connor – un biopic sur Emily Brontë qui propose une base pour mieux comprendre cette écrivaine géniale. Je suis un peu restée sur ma faim et le rythme n’y est pas.
  • The Lost King – de Stephen Frears – inspiré par l’histoire vraie de Philippa Langley, à laquelle il est enfin rendu justice. Le parti pris naïf de l’apparition du roi m’a un peu agacée mais, même si ça paraît contradictoire, j’ai bien apprécié l’idée qu’on a besoin de tous les potentiels. En ce sens, le différent, le féminin dans un milieu masculin ou le profane dans un milieu scientifique par exemple, est porteur d’ouvertures vers des pistes jusque là inexplorées. Beaucoup d’autres questions intéressantes sont soulevées, comme le fait de ne pas réduire une personne à son seul aspect physique, celui de privilégier les nuances dans un portrait ou les motivations d’une recherche aussi passionnée. J’ai appris aussi que Richard III, le roi jusque là maudit, était à l’origine de la présomption d’innocence. Ce n’est pas rien, lorsqu’on monte sur le trône en 1483 et qu’on meurt à 32 ans. Soucieux d’étendre la justice à tous, le dernier des Plantagenets impose aussi la traduction en anglais des lois rédigées en latin. Un roi en avance sur son temps.

Cadeau pour les nouveaux abonnés : https://www.france.tv/france-2/un-dimanche-a-la-campagne/4707451-imaginer-l-amour-avec-juliette-armanet.html

Mars 2023


Bienvenue aux nouveaux abonnés ! Bienvenue aussi à ce mois printanier, avec ses fleurs fragiles, courageuses et colorées.

On se souvient que les adventices ou « mauvaises herbes » peuvent être utiles pour les abeilles et autres insectes polinisateurs, en particulier les pissenlits. Et on ne taille plus les haies après le 15 et cela jusqu’au 31 juillet.

On profite de quelques fleurs et feuilles tendres pour en mélanger à la salade, comme les feuilles de pissenlit et les fleurs et feuilles de primevères. Varier la nourriture permet de répondre plus largement aux apports nécessaires à une bonne santé.

Si vous ne l’avez pas fait et si vous avez un jardin, ce peut être le moment d’installer des réservoirs fermés d’eau de pluie. Si vous laissez un arrosoir ou un seau rempli d’eau, pensez à placer un bâton dedans pour permettre à un animal (insecte, lézard…) de sortir facilement.

Ce blog commente peu l’actualité. Cependant, pour ceux qui ont déjà assisté à une Fresque du Climat ou qui se sont un peu renseigné, les soubresauts actuels ne sont que les prémisses d’un futur « compliqué », comme il est d’usage de dire maintenant. Les effets du dérèglement climatique sont aussi sociaux et géopolitiques. Outre donc les événements climatiques extrêmes, qui peuvent entraîner des famines et des écroulements de bâtiments, entre autres catastrophes, nous allons connaître des violences. La peur entraîne des violences, or nous avons peur de beaucoup de choses disparates comme par exemple de ne plus bénéficier du même confort, de devoir partager la pénurie, d’accueillir de plus en plus de réfugiés, de manquer d’eau selon les cas pour les besoins élémentaires ou pour remplir sa piscine, de ne pas vieillir en paix, de tomber malade, de ne pas pouvoir être soigné, mais aussi la peur de la guerre, de la fin de la démocratie, etc. Cette peur éveille une colère qui s’accompagne d’une intolérance à l’injustice et aux privilèges. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres, une étincelle souvent symbolique. Lorsque ceux qui demandent un effort aux autres ne participent pas à cet effort, il y a danger. Ainsi lorsque des députés qui bénéficient d’un excellent restaurant gratuit refusent la gratuité d’un repas étudiant par jour, sans même améliorer le projet s’il présente des difficultés d’application, ou lorsqu’ils proposent une loi sur les retraites qui ne change aucunement leur propre retraite atteinte au bout de six ans, ils rompent de fait un dialogue pourtant hautement nécessaire.

Et puis il y a la peur du pays voisin et l’escalade de la violence et des vengeances successives, attisant une haine fabriquée au départ. Et chaque crise rebat les cartes, avec des gagnants et des perdants. La seule différence aujourd’hui, c’est que les gagnants vont beaucoup souffrir aussi, ils n’ont qu’un petit sursis. Quand les humains auront compris ça, ils seront peut-être prêts à faire de vrais efforts pour l’habitabilité durable de notre planète.

Films:

  • La Syndicaliste: non seulement on ne voit pas passer les deux heures mais je souhaite que ce film fasse beaucoup d’entrées, en solidarité. Et pour éveiller les consciences. De grands groupes financiers et parfois aussi des individus aux méthodes de gangster tentent toujours de s’approcher des élus au pouvoir. La corruption s’accompagne de menaces et de violences. Honneur à ceux qui ont eu le courage de résister.

Plat végétarien à la polenta


Ingrédients:

Pour la pâte:

  • 100 gr farine
  • 150 gr de polenta
  • levure de boulanger
  • 25 cl de lait tiède
  • 2 oeufs
  • 1 cs huile d’olive
  • sel poivre

Pour la garniture:

  • 2 poivrons rouges grillés et pelés
  • 1/2 boite d’aubergines marinées en sauce tomate
  • 100gr champignons de Paris, pelés et coupés en lamelles (au dernier moment)
  • 100 gr fromage de chèvre émietté (ou parmesan)
  • origan

1/ Mélanger la farine et la polenta et faire un puits au milieu

2/ ajouter la levure et le lait tiède, le sel et poivre, les oeufs

3/ mélanger pendant 6 mn puis laisser reposer 30 mn

4/ rouler la pâte pour obtenir un disque (du diamètre de la poele)

5/ Chauffer l’huile dans une très grande poele et faire cuire 5mn de chaque côté

6/ étaler la pâte sur une plaque à four et disposer tous les ingrédients dessus dans l’ordre: aubergine, poivrons et champignons, fromage, origan, sel poivre.

7/ Passer au grill quelques mn en surveillant

C’est un peu long à faire et pas très présentable mais absolument délicieux et bien équilibré.

Sauver la beauté du monde


Photo prise dans le parc d’un petit manoir situé à Charentay, au pied du Mont Brouilly : l’Ancre Vive est une maison d’hôtes où l’on se fait choyer. Crédit photo Dominique Guillen.

Et si les valeurs fondatrices du monde de demain étaient en train de poindre ?

J’ai été émue par le documentaire Antartica, proposé par ARTE le 11 février. Quelle aventure humaine exceptionnelle ! Partager une telle émotion est un des moments rares et précieux d’une vie. Admirer la beauté du monde nous redonne notre humanité.

Je me demande si nous ne sommes pas partis sur une piste inefficace en tentant d’expliquer les causes du réchauffement climatique et d’informer inlassablement des gens qui refusent de savoir. Cela fait peur et ne donne pas envie d’agir, oui, même pour sauver la vie et le bonheur de nos enfants et égoïstement pour avoir une chance de mourir dans notre lit. Ce qui pourrait nous donner l’énergie nécessaire à une réaction salutaire serait peut-être la beauté du Monde et pour cela d’abord apprendre à la voir.

Ce qui me donne espoir depuis quelques mois sont les nouvelles demandes populaires qui apparaissent. En effet, une société se fonde sur des valeurs communes, tout changement radical passera donc nécessairement par l’émergence d’autres valeurs partagées. Les mouvements sociaux actuels mettent en priorité le temps libre comme un droit inaliénable, comme si on prenait subitement conscience du leurre du travail ou de l’argent.

L’idée n’est pourtant pas nouvelle, elle est latente mais limitée jusque-là à quelques groupuscules. Née à La Belle Epoque avec le « Refus de Parvenir » de certains anarchistes, elle s’est poursuivie en Mai 68 puis quelques années plus tard s’est illustrée par les retours vers le Larzac ou plus récemment par les ZAD.

Aujourd’hui, des étudiants prometteurs optent pour une vie sobre et responsable, tout simplement parce qu’ils sentent là une possibilité d’être plus heureux, plus alignés avec leurs convictions profondes. La vidéo des huit étudiants d’AgroParisTech a été vue plus de quatre millions de fois, soulignant le désir, pas toujours réalisé, de suivre leur exemple.

 La société de consommation aurait-elle vécu ?

Nous n’en sommes malheureusement pas encore là. Les choix individuels sont encore fortement conditionnés par les publicités et les images véhiculées par les films et les media et le souci du collectif ne prime pas encore sur l’individuel. Nous continuons d’enlaidir considérablement la Planète, cette véritable œuvre d’art dans laquelle nous vivons comme des rustres. Aucun animal au monde ne choisit comme nous d’habiter au milieu de ses excréments et de ses déchets, de nager parmi les sacs plastiques ou de marcher sur des chemins bordés de papiers gras.

Marguerite Yourcenar fera dire à l’Empereur Hadrien : « Je me sentais responsable de la beauté du monde ». La défense de la Beauté pourrait-elle devenir une valeur collective prioritaire et être perçue comme un programme politique ? La présence de la Beauté pourrait-elle apporter une des conditions de la joie qui manque à nos sociétés dites « avancées » (avancées dans l’erreur peut-être !). Je me souviens du témoignage d’une femme qui avait décidé de mettre fin à ses jours lorsque, dans la rue qui menait au pont duquel elle avait l’intention de se jeter, elle entendit une sonate de Bach. Elle prit, le temps d’une pause, un plaisir sensoriel et intellectuel qui la réconcilia avec la vie, avec l’humanité peut-être, dans ce qui l’élève.

Politiques aussi sont les Grandes Transformations dont parle le penseur Joël Gayraud. Celle qui place le fonctionnel devant l’esthétique, l’utilitaire devant le non-quantifiable, celle qui laboure les chemins et abat les haies et celle, plus récente, qui nous sépare de la réalité tangible par l’utilisation de nouvelles technologies. Nous sommes en train de perdre l’essence même de la vie : les amitiés deviennent virtuelles et depuis la dernière pandémie nous développons une peur du contact de l’autre et d’expériences insuffisamment sécurisées et aseptisées. Les vidéos en 3D remplacent les promenades en forêt, promettent même de nous croire oiseau ou alpiniste de haut niveau depuis notre fauteuil. Poser comme autrefois sa main sur la rugosité d’un tronc d’arbre, frissonner dans le froid, sentir l’odeur des feuilles mortes, rire des cabrioles d’un animal, entendre ce que raconte le vent, admirer un vol de faucon, tout ceci ne rapporte rien, n’est pas monnayable. Nous avons juste oublié que c’est essentiel.

Je recommande vivement la lecture des articles du magazine Hors-série SOCIALTER intitulé Comment Nous Pourrions Vivre, dont je me suis en partie inspirée.

Février 2023


Lac des Prés Saint-Jean – Chalon sur Saône

J’aimerais partager avec vous un instant, qui a eu lieu quelques minutes après que cette photo a été prise, en décembre.

D’abord le décor: le vent qui souffle des rides sur l’eau, les nuages qui se mirent à la surface, l’herbe verte et drue, les arbres bienveillants, rassurants. Une température douce, sans doute trop pour l’hiver, mais dont la clémence engage à sortir et à marcher devant soi dans une sorte de douce euphorie.

Puis les personnages: deux chiens, un très jeune, plein de ce désir d’enfant de s’amuser encore et encore et l’autre déjà plus tranquille mais qui se prête au jeu. Et puis les cygnes, assez nombreux mais pour le moment dispersés.

L’action: Le jeune chien se précipite dans l’eau et éclabousse joyeusement tout autour de lui. Il a vu un des volatiles, on ne sait pas s’il y prête attention, s’il envisage de s’approcher, mais c’est possible. L’instinct n’est jamais loin. Alors tous les cygnes présents, les cygnes aux mouvements invisibles, glissent sur l’eau jusqu’à se mettre juste assez loin du rivage pour que le chien n’ait plus pied (ou pattes, comme vous voulez) et en un arc de cercle parfait autour de lui. L’avertissement est clair, du type:  » Un pour tous, tous pour un ». « Bon, dis le jeune chien, finalement, je vais plutôt aller jouer un peu plus loin, sur la terre ferme. »

Mes lectures du mois:

  • Le dernier Gounelle, intitulé Le Réveil, ne laissera personne indifférent.
  • La Diagonale des Reines, de Werber. Un jeu philosophique intéressant.
  • Blackwater, de Michaël McDowell. Tellement bien écrit, fantastique juste ce qu’il faut et délicieusement féministe. J’ai beaucoup aimé le premier volume, ensuite, disons que c’est une lecture facile et on continue mais on se lasse vraiment de cette famille de gentils riches qui savent comment gagner de l’argent et qui traitent si bien leurs employés et leurs domestiques bien que ceux-ci soient corvéables à merci, de générations en générations. Et puis les études, la culture, ce n’est pas si important. Je suis peut-être passée à côté d’un deuxième ou troisième degré…

Mes films du mois:

  • Avatar en 3D (sinon rien). Une bonne soirée.
  • The Banshees of Inisherin. Il ne plaira pas à tout le monde mais je suis complètement rentrée dans l’atmosphère, dans cette terrible histoire d’amitié blessée, atteinte jusque dans sa chair. Il faut dire qu’il est superbement joué, en particulier le rôle du jeune idiot du village, tellement émouvant, tellement digne finalement. Un dialogue de sourds, chacun restant sur sa logique et la pâte des hommes se muant en cruauté pure. Incompréhensible, comme les guerres, comme une guerre civile plus particulièrement. Avec l’alliée de tous les conflits: la bêtise, surtout quand elle détient un petit pouvoir de maintien de l’ordre.
  • Godland. Un chemin de croix, dégoulinant de pluie d’un bout à l’autre. Malgré des paysages islandais sublimes et une très belle musique de générique, on reste sur sa faim.
  • Divertimento: deux heures de pur bonheur ! On en redemande. A voir et écouter absolument. Je veux la BO.
  • La Montagne: Des paysages sublimes malgré une musique peu en accord, un jeu très fin des acteurs, une idée originale : la Montagne qui tombe amoureuse d’un homme et l’invite à lui faire l’amour. Un rythme propice à la méditation. Pour amateurs du genre.
  • La Grande Magie: C’est d’abord un film musical et original comme je les aime. C’est aussi une profonde réflexion sur la vie, la mort, la liberté, l’emprise qu’on a sur les autres, l’image qu’on donne de soi … Nous sommes tous les magiciens de nos propres vies. La boîte, le cercueil peuvent être des images de prison ou d’enfermement ou au contraire d’extrême liberté. On peut s’enfuir par le double fond d’un cercueil et on peut tout imaginer du contenu d’une boîte, à condition de ne pas l’ouvrir. La vie imaginaire peut s’avérer beaucoup plus réconfortante que la vie réelle mais on peut aussi choisir de vivre intensément un instant, au point d’en mourir. On s’amuse avec les thèmes de la crédulité, de la foi, de l’envie ou du besoin maladif de croire … Par exemple, l’argent qui nous permet d’acheter notre confort circule sous la forme d’images : la valeur des billets n’existe que parce que nous en sommes tous persuadés. Bref, on pourrait en parler pendant des heures.
  • Les Choses Simples: Moins simpliste que l’annonce de son titre, ce beau film sur l’amitié mérite d’être vu. On peut se laisser aller à un bon moment de rire et d’émotion. J’ai apprécié particulièrement l’originalité des toutes premières images.

Quatre Conseils pour se préparer (un peu) à quelques difficultés futures


Je veux d’abord souhaiter la bienvenue à mes nouveaux abonnés. Cela me fait un grand plaisir d’avoir pu vous intéresser par l’un ou l’autre de mes petits écrits.

J’anime souvent des Fresques du Climat – https://fresqueduclimat.org/ et à la fin , on me pose des questions du type: que devons-nous faire ? Par où commencer ?

Je ne suis spécialiste en rien, je n’ai qu’un peu de bon sens à vous proposer pour vous préparer tant bien que mal à un avenir probablement compliqué. Je n’ai aucune information sur ces futures difficultés et selon la localisation géographique de chacun, elles peuvent être bien diverses.

1- Cependant, mon premier conseil est de créer du lien social, à proximité et aussi assez loin de chez vous. Personne ne s’en sortira tout seul, je le crains, et la solidarité sera notre chance. Vous pouvez aussi être amené à quitter votre habitation, votre région, momentanément ou pour plus longtemps. Par exemple, dernièrement, les habitants ayant dû évacuer pendant les incendies pouvaient être recueillis chez des connaissances ou bien être entassés dans un gymnase ou une école. Favorisez donc autant que possible la qualité de vos relations familiales et/ou amicales.

2-Dans cette éventualité, prévoyez un sac facile à emporter ( vous n’aurez peut-être que le temps de l’empoigner) avec quelques vêtements, des photos, un livre, un jeu de cartes, une lampe de poche, une gourde, une serviette de toilette, une copie de vos papiers, adresses utiles, etc. Attention, c’est long à préparer et à organiser. Vous trouverez en fin d’article un exemple de liste.

3- Prévoyez d’avoir chez vous environ trois semaines de vivres d’avance. C’est en plus un bon placement en ces temps inflationnistes. Cela évite aussi de se joindre aux ruées dans les magasins.

4- Apprenez : à reconnaître les plantes sauvages, une langue étrangère, les gestes de premier secours, la communication non-violente, les rudiments de cuisine et de couture… Le champ est vaste de cet inventaire à la Prévert mais le savoir et les savoir-faire ne sont jamais encombrants.

5- Prévoyez un véhicule toujours prêt à démarrer : vélo ou voiture en état, charge électrique le cas échéant ou au moins un demi-réservoir. S’il faut quitter la région rapidement, ce ne sera pas le moment de faire la queue à la station. Et de confortables chaussures de marche.

Pas d’affolement, on n’est pas dans Koh Lanta non plus. Et on n’angoisse pas, d’abord parce que se préparer et agir vous sort des ruminations, ensuite parce que nous avons confiance dans nos capacités de résilience et d’adaptation, tant collectives qu’individuelles. Et surtout parce que ces épreuves peuvent nous permettre de retrouver nos vraies valeurs. On échange l’envie de baskets neuves et scintillantes contre le temps d’un moment entre amis, presque sans CO2.

Bon, on espère tout de même que ce ne sera pas trop dur et pour ceux qui ont déjà l’habitude de la sobriété, la marche sera moins haute. A chacun de voir !

A savoir : le gouvernement vient de mettre en place un service téléphonique dénommé FR-alert. Pas besoin de s’inscrire, si un grave danger ( catastrophe naturelle, accident nucléaire, etc.) menace la zone dans laquelle vous vous situez, vous serez averti par une sonnerie, même si votre téléphone est éteint ou en mode silence. Un texto vous donnera les consignes à suivre.

Film recommandé: Une fois que tu sais – il vient de sortir en DVD. Le rythme est un peu lent, mais cela fait du bien de ralentir aussi. Surtout, il pose les bonnes questions. Il vaut mieux auparavant réviser son Dennis Meadows.

Livres: – Le guide des plantes sauvages et comestibles / Rudi Beiser/ Larousse et Cueillir et cuisiner les plantes sauvages/ Mireille Sicard/ Edisud

La lecture du roman Les Fantômes du Futur / Annick Bourbon Rochette peut représenter un bon entraînement.

Exemple de liste pour sac de survie:

Chaque élément sera glissé dans un sac ou une boîte plastique

  • linge de rechange, surtout les sous-vêtements. Un bonnet. Un T-shirt – chaussettes – slip – pull ou gilet
  • Serviettes de toilette, utiles aussi pour poser la tête et dormir dans un endroit un peu sale. Si possible un drap de bain séchant rapidement.
  • petite trousse d’hygiène: brosse à dents, dentifrice, petit savon.
  • petite trousse à pharmacie – répulsif moustiques
  • un plaid
  • Un gilet fluo
  • Une cape ou un Kway
  • bol, assiette, gobelet plastique – couverts – ouvre-boite.
  • Ciseaux
  • une bâche plastique
  • un petit tendeur – des pinces à linge
  • Photocopies de vos papiers
  • Cordon téléphone
  • lampe électrique, si possible se chargeant à la main
  • Mouchoirs papiers – filtres
  • adresses utiles
  • jeu de cartes – dés – un ou deux petits livres
  • stylo, papier, crayons
  • gourde isotherme
  • si possible, du désinfectant pour l’eau

Des Présidentielles aux Législatives


La sagesse a été plus forte que la colère. J’ai été soulagée ce matin de ne pas me réveiller avec le profil de l’extrême-droite au pouvoir. Soulagée mais pas très heureuse tout de même, nous repartons pour un quinquennat de M. Macron. Je remercie ceux qui ont eu le courage de voter contre leurs convictions mais aussi pour ce qu’il nous reste encore de démocratie. La sagesse a été plus forte que les colères légitimes, qui demeurent et sont même renforcées par ce qu’il nous a fallu de volonté pour insérer le nom d’Emmanuel Macron dans la petite enveloppe bleue.

Dès aujourd’hui, un combat nous attend, qui dépasse l’ancien clivage gauche/droite: protéger à tout prix notre environnement. C’est notre lutte de Terriens contre les Destructeurs, prenant toutes sortes de chemins. Il reste trois ans avant que le dérèglement climatique et les autres limites planétaires ne s’emballent inexorablement. Nous savons bien que nos efforts individuels et les marches pour le Climat ne suffiront pas, des décisions collectives doivent être prises, rapidement. Elles le seront si, enfin, nous abordons les vrais sujets qui préoccupent les Français.

Notre société doit reconnaître l’importance des métiers du lien, de la santé, de l’éducation et de la culture ainsi que celle des milieux associatifs. Face aux dangers qui nous menacent, il faudra organiser l’aide aux plus fragiles, améliorer notre résilience tant  agricole qu’industrielle et énergétique et repenser la sécurité à tous niveaux, de proximité, intérieure et internationale, sans piétiner nos valeurs morales, nos droits fondamentaux ni nos libertés individuelles.

 C’est tout l’enjeu des prochaines élections législatives, dont le premier tour est fixé au dimanche 12 juin. Je serai au rendez-vous, et vous ?

Lamb – le film


C’est un film où il ne se passe presque rien, en VO Islandais sous-titré. Pour l’Islandais, ce n’est pas grave parce qu’il y a très peu de dialogues. Eh bien, voilà qui donne envie ! C’est pourtant un film qui nous hante une fois qu’on l’a vu. Les sons familiers ou menaçants, la transparence des vitres et l’opacité du brouillard, la beauté des paysages et l’agencement basique de la maison… et puis Ada, qui est-elle ou qui sont-elles ? Télescopage entre le passé et le présent, petite place entre deux mondes, intrusion du fantastique dans le quotidien. Qui est cet autre ? « C’est le bonheur », répond Ingvar, le mari de Maria, et tout est simple quand on accepte ce qui vient, sans poser de questions.

Le quotidien est fait de gestes répétés, du plaisir d’une pause-café au milieu d’une dure journée, de rires aussi, de souvenirs refoulés, de passions puériles ou inavouées, de jalousies, d’incompréhension, de trajectoires interrompues.

En sortant, on a l’impression d’avoir passé un mois de stage dans cette ferme. On repart avec plus de questions que de réponses et vraiment ému par le poème subtil auquel on vient d’assister, comme une ode à la vie dans sa fausse simplicité. Et on regarde autrement les moutons.

Réalisé par Valdimar Johansson- Sorti en 2021 – Avec Noomi Rapace.

Historique et représentations mentales de la croissance

Pourquoi aimons-nous une croissance qui nous fait du mal ?


On parle beaucoup de croissance en ce moment, il est important de préciser qu’il s’agit de croissance de la production. Cette croissance a eu des avantages, elle a maintenant surtout d’énormes inconvénients. Elle est aujourd’hui devenue une obsession, au point de la vouloir ou la croire infinie. Elle ne s’accompagne plus d’une amélioration globale du bien-être de la population mais au contraire d’un accroissement des inégalités sociales. Elle est clairement corrélée au dérèglement climatique, elle détruit l’environnement et abime la santé humaine (horaires décalés, stress, burn out…). Bref elle nous rend malheureux par toutes sortes de biais. Mais nous l’aimons. Pourquoi ?

Revenons aux peuples premiers ou aux philosophes grecs pour qui l’homme fait partie intégrante de la Nature, au même titre qu’une sauterelle ou une fougère.

L’arrivée du Christianisme change fondamentalement cette représentation. L’homme est considéré par essence supérieur aux autres espèces et doit les dominer. La nature est désacralisée.  Toutefois, Saint François d’Assises reviendra plus tard à plus de sagesse et aujourd’hui le pape François incite les croyants à suivre son exemple.

On espérait que le siècle des Lumières ferait évoluer cette vision totalement anthropocentrée avec l’avènement des scientifiques et l’arrivée de nouvelles connaissances comme celle de la rotation de la Terre autour du soleil. En fait, on a surtout inventé de nouvelles techniques pour maîtriser la Nature.

Au XIXème siècle, les Sciences économiques et sociales montrent que la croissance est un moyen de maintenir le lien social, comme une sorte de mission collective à laquelle chacun contribuerait. Une nouvelle organisation du travail donne toute sa valeur à la main d’œuvre par le biais de la valeur ajoutée. Les ressources sont considérées comme gratuites et ce qui est gratuit ne vaut rien. La Nature est occultée.

Les trente glorieuses au XXème siècle, avec leur 5% de croissance de PIB annuels, restent un modèle de prospérité dans l’imaginaire collectif.

Les années 1970, avec la naissance d’un féminisme marxiste, soulignent le lien entre l’oppression des femmes et les intérêts d’une classe dominante dans une société patriarcale mais ne font pas encore le rapport avec le pillage des richesses naturelles. Aujourd’hui, la notion d’écoféminisme établit clairement la corrélation entre l’oppression des femmes et la destruction de la Nature. Les états, les sociétés ou les individus qui ne respectent pas les femmes sont aussi ceux qui saccagent la Nature.

Mais comment déconstruire des siècles de représentations mentales ? Comment lutter contre des techniques publicitaires qui utilisent les récentes découvertes sur le fonctionnement du cerveau humain ?  Créer de la frustration et promettre des récompenses, ça marche vraiment bien. Outre l’obsolescence programmée des appareils, il y a aussi l’obsolescence imaginaire qui fait qu’un produit démodé est vite mis au rebut. Résultat: la masse des objets manufacturés est supérieure à la masse du Vivant sur Terre. ( Le Vivant : humains, animaux, végétaux)

 Face à cela, l’écologie apparaît comme punitive. Ne pas acheter les dernières chaussures à la mode occasionne une réelle frustration, une souffrance. Face à cela, la philosophie du « Less is more » est quasiment inopérante. Elle fonctionne aussi dans l’autre sens d’ailleurs « more is less ». Et pour qui a essayé de vivre plus sobrement, elle est pourtant tellement vraie. Certains s’en sont rendus compte pendant cette crise du Covid 19, allant même jusqu’à changer radicalement de mode de vie. Mais ils sont très peu nombreux.

Il faudra bien cependant accepter de se répartir un gâteau moins gros, avec plus de justice sociale et en trouvant d’autres richesses et d’autres bonheurs dans le lien familial, amical, amoureux, social ou dans la spiritualité. Si nous ne nous organisons pas pour le faire politiquement, nous y serons très prochainement forcés dans l’anarchie et le désordre, tout simplement parce que les lois de la physique sont supérieures à celles de l’économie. Notre planète est limitée, ses ressources aussi. Les temps de régénération et de renouvellement sont lents et se comptent en millions d’années.

Le corps humain a ses limites aussi : avec +4°C de réchauffement global, il ne restera sur Terre qu’un quart de la population humaine actuelle. Températures léthales, événements climatiques extrêmes, famines et pandémies, pollution de la terre, de l’eau et de l’air, sans parler des conflits induits, maintiendront de gré ou de force notre espèce dans des limites raisonnables. On espère que cela n’ira pas plus loin et qu’une vie rapidement plus sobre sera de mise avant que des boucles de rétroaction positives ne fassent de notre Eden un désert inhabitable.

Combien de temps reste-t-il pour faire ce choix ? Nous n’avons que des probabilités, issues de calculs savants : 3 ans, peut-être 5 ou même 10, guère plus vraisemblablement.

Merci à Jade Boivin et Philippe Ramos pour leurs explications dont je me suis largement inspirée.

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