Le mythe de Pandore

Les dures conséquences de la création de la première femme


elle ne ferme pas bien, c'est sûr
boîte de Pandore

 La mythologie grecque propose ses explications des différents aspects de la condition humaine. Parmi les contraintes que subissent les humains et les questions qu’ils se posent, le mythe de Pandore apporte une réponse plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.

Un peu de généalogie

Prométhée et Epiméthée sont deux frères,  fils du titan Japet et frères d’Atlas. Ils font donc partie des anciens fondateurs. Pour mémoire, au commencement était Chaos d’où furent issues trois sœurs: Erèbe (l’obscurité), Gaia (la terre) et Nyx (la nuit). Erèbe et Nyx eurent une nombreuse progéniture (dont Hypnos, le sommeil)  et Gaia enfanta Ouranos (le ciel) dont elle eut ensuite une importante descendance dont les douze titans, l’inceste n’étant qu’un détail.

 L’importance des prénoms

C’était alors l’âge d’or, période faste qui apparaît dans toutes les mythologies. Les noms des deux frères Prométhée et Epiméthée donnent déjà un avant-goût de la décadence qui va suivre: Ce sera l’âge d’argent. En effet Prométhée signifie celui qui voit devant lui, qui anticipe en quelque sorte mais son malheureux frère Épiméthée a un nom qui signifie juste le contraire et sera celui qui s’aperçoit trop tard des conséquences de ses actes.

 Une lourde charge

Zeus demande aux deux frères de s’occuper des hommes et de leur permettre d’améliorer leur vie. Ils travaillent à accroître leurs capacités intellectuelles, leurs connaissances, leurs découvertes. Ils s’attachent tellement à leur œuvre et à leurs protégés qu’ils vont un peu trop loin. Prométhée fait en sorte que seules les parties inutilisables des animaux soient offertes en sacrifice, entraînant la colère de Zeus.

Le roi des dieux cache le feu en représailles et, deuxième vengeance plus subtile, présente Pandore, la première femme, à Epiméthée. Celui-ci, toujours aussi peu sage, l’épouse. Chacun pensera ce qu’il veut du mariage mais dans la mythologie grecque, c’est souvent le début des problèmes.

 On remarquera aussi que dans quelque culture que ce soit, la femme et surtout la première, n’est pas vraiment un cadeau. Mais le début de la vie ne coïncide-t-il pas forcément avec le début des soucis: c’en est fini de la vie végétative, « ecce homo », voici l’homme! Que ce début soit celui de la vie, donné par la mère, qui restera la première femme pour son enfant ou celui de la première expérience amoureuse qui fait quitter l’enfance.

Les origines de la première femme

Pandore fut le résultat d’un travail d’équipe et quelle équipe! Tous les dieux aidèrent Hephaïstos, le divin forgeron, et Athéna, la déesse de la sagesse. Chacun fit don d’une qualité à la nouvelle créature: qui n’a pas rêvé d’avoir de tels parrains auprès de son berceau! Mais chacun sait que nous avons tous les défauts de nos qualités: le don de persuasion, par exemple, peut être dangereux si l’on en use sans discernement ou sans morale. De plus, Hermès, mal inspiré ce jour-là, introduisit dans son cœur le mensonge et la trahison.

Bien sûr, Epiméthée n’écoute pas les conseils de son frère.  Prométhée, le clairvoyant, avait fortement conseillé à son frère de ne recevoir aucun cadeau de Zeus mais comment refuser une telle créature! C’est là aussi qu’apparaît la célèbre boîte de Pandore, récipient bien clos laissé à la garde d’Epiméthée et qui contenait tous les maux actuels de l’humanité. Mais on connaît la curiosité féminine! Et comment Epiméthée aurait-il pu rester insensible à sa femme qui avait de surcroît reçut le don de persuasion!

L’ouverture de la célèbre boîte

Celle-ci prend donc possession de la boîte et se hâte de l’ouvrir bien sûr puisque c’est défendu. Tous les maux de la terre en sortent et accablent désormais l’humanité. Misère, maladies, famines, dévastations s’abattent sur le pauvre peuple. Horrifiée, Pandore tente de refermer au plus vite le couvercle mais il est trop tard et il ne reste plus au fond de la boîte que le faible Espoir.

Une responsabilité partagée

Zeus, Hermès, Prométhée et Epiméthée ont chacun à leur manière contribué à l’arrivée des maux sur terre, parfois volontairement et de manière bien machiavélique. Pandore n’a été que l’outil déclencheur. Elle porte un peu moins de responsabilité qu’Eve mais en même temps on lui pardonne moins. Ève a souhaité goûter à l’arbre de la connaissance, on ne peut pas vraiment lui reprocher de vouloir s’instruire, fut-ce sur des sujets un peu scabreux symbolisés par le serpent et la pomme.

Réflexion

Que penser ? Comment considérer l’Espoir ? L’ultime consolation face à toutes les calamités ? Ou peut-être le pire des maux, la plus affreuse des tortures psychologiques ? C’est l’avis du philosophe Nietzsche qui écrit:

L’espoir est le pire des maux car il prolonge la souffrance de l’homme.