
Crésus et Midas ont tous deux ont un rapport étroit avec l’or et la richesse. On dit parfois «riche comme Crésus» mais qui était vraiment Crésus ?
Crésus n’est pas un personnage mythologique, il a vraiment existé. Ce fut le dernier roi de Lydie, royaume situé en Turquie actuelle. Il régna quatorze ans, vers moins 550 avant Jésus-Christ.
Grand conquérant mais aussi amateur d’art et de plaisirs, Crésus était très riche mais savait profiter de ses richesses. Très cultivé, il recevait à Sardes les célébrités du monde des arts et des lettres d’alors. Le philosophe Stolon fut l’un d’entre eux. Pensant lui faire les honneurs de la maison, Crésus lui montra ses palais et les beaux objets qu’il possédait: magnifiques pièces d’orfèvrerie ou tableaux de maîtres. Ils dialoguèrent sur l’idée de bonheur. L’argent suffit-il au bonheur? Stolon dit simplement et très sagement «n’appelons personne heureux avant sa mort».
Peu après, Crésus perdit son fils unique lors d’un accident de chasse. Ses richesses et son empire pouvaient-ils le consoler?
Il consulta l’oracle de Delphes avant de partir en guerre contre le roi Cyrus. L’oracle en disait toujours trop ou pas assez: il répondit qu’il détruirait un empire. Confiant, Crésus pensa qu’il s’agissait de l’empire de Cyrus mais il s’agissait en fait de son propre empire. Il perdit la guerre et fut fait prisonnier. Il était sur le bûcher devant Cyrus, prêt à mourir lorsqu’il soupira «oh! Stolon !». Cyrus intrigué voulut en savoir plus et après avoir eu connaissance de l’histoire prit pitié de Crésus qu’il gracia.
Crésus tirait une grande partie de sa fortune de l’or qu’on retirait de la rivière aurifère Pactole. La quantité d’or est certes impressionnante, un peu comme pour celui qui gagne au loto européen. Mais l’or seul n’est rien, il n’existe qu’en se transformant, que par ce qu’on en fait. L’ex-roi de Lydie utilisa une partie de cette somme pour faire reconstruire le temple d’Artémis à Ephèse, qui est une des sept merveilles du monde antique et fit de larges offrandes à Delphes, principalement sous forme d‘œuvres d‘art. Cela contribua à sa réputation de mécène et de bienfaiteur ainsi que d‘homme immensément riche..
La rivière Pactole n’est plus aujourd’hui qu’un torrent qui a plusieurs fois changé de nom. Pactole était le nom d’un jeune homme qui abusa de sa sœur sans la reconnaître (distrait, le garçon quand même…). Pris de remord, il se jeta dans cette rivière qui prit son nom. Aujourd’hui Pactole a le sens d’ importante et inespérée source de revenus mais on peut se demander d’où venait l’or de la rivière Pactole.
Silène est un vieux satyre qui a élevé Dionysos. Silène est aussi le nom générique de tous les vieux satyres. Toujours est-il que ce Silène, tel un vieux pochard, avait quitté le joyeux cortège de son fils et s’était endormi. On l’amena au roi Midas qui en prit soin puis l’accompagna jusqu’au cortège de Dionysos. Celui-ci pour le remercier lui offrit d’exaucer un vœu. (Certains vont regarder les vieux pochards autrement…)
Midas, qui n’est pas connu pour sa vivacité d’esprit, demanda que tout ce qu’il toucherait se transformât en or. Vœu accordé, comme il se doit. Midas revint de sa promenade tout joyeux et s’amusa à toucher vases et meubles partout dans son palais. Tout devenait or. Certains penseront que le style du décor devenait un peu baroque flamboyant avant l’heure mais Midas était heureux.
Cette sortie lui avait donné grand faim et il commanda un repas. Hélas, il ne pouvait rien porter à sa bouche qui ne devint or: le moindre morceau de pain se refusait à être ingurgité sous sa forme première.
Midas appela Dionysos au secours et le dieu lui enjoignit d’aller se laver les mains dans la rivière Pactole, qui s’emplit de gouttelettes d’or.
Le pauvre Midas n’était pas au bout de ses peines. Ovide raconte qu’attristé par cette première mésaventure, il allait souvent se promener seul dans les bois avoisinants. Il tomba malencontreusement sur Pan et Apollon qui se disputaient. Pan pensait que le son tiré de sa flûte faite de roseaux était plus mélodieux que la musique provenant de la lyre du divin Apollon. Midas fut pris comme juge et préféra la mélodie de Pan. Apollon lui fit alors pousser des oreilles d’âne, puisqu’il n’avait aucun goût musical à son avis.
Midas porta désormais toujours une tiare qui lui cachait les oreilles et seul son coiffeur était dans la confidence. La pauvre homme trouva cependant le secret trop lourd à porter et fit un trou dans la terre pour pouvoir chuchoter ce qui était tout de même un fameux scoop. La terre le répéta aux roseaux qui se mirent à bruire sous le souffle du vent: «le roi Midas a des oreilles d’âne ! le roi Midas a des oreilles d’âne !»
très bien intéressant