Adonis et l’anémone


anémones
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Il faut commencer ce récit par l’histoire de Myrrha qui était une très belle jeune fille, fille du roi de Chypre. Ovide écrit :

toute la jeunesse est accourue pour se disputer sa couche. Entre tous, choisis, Myrrha, un époux, pourvu que de tous, un homme soit excepté.

Cet homme qu’elle ne peut épouser, c’est évidemment son père. Elle commence par combattre cet amour honteux puis ne le trouve pas contre-nature finalement puisqu’elle observe des animaux qui s’unissent sans tenir compte de l’inceste. Ses connaissances en zoologie doivent cependant être faibles puisque la plupart des animaux font en sorte de ne pas procréer de la sorte. Enfin, lorsqu’on veut se donner bonne conscience, on est prêt à utiliser des arguments fallacieux.

Myrrha se rend donc dans le lit de son père de nuit, de manière à ne pas être reconnue. Il arrive fréquemment qu’on fasse l’amour dans le noir à une personne qui s’est faufilée dans votre lit sans la connaître. Enfin, elle est enceinte lorsqu’il s’aperçoit du sacrilège et prend son épée pour la tuer.

Myrrha s’enfuit et, fatiguée par une longue errance de neuf mois, s’arrête en terre de Saba et souhaite être métamorphosée pour ne plus vivre ni mourir. Aussitôt, sa peau devient écorce et ses membres branches.

Elle pleure cependant et ses larmes qui suintent sont précieuses puisque beaucoup plus tard les rois mages offriront la myrrhe et l’encens à l’enfant Jésus .

La myrrhe est un arbuste qui, d’après Ovide, a toute l’apparence d’une femme courbée et torturée par les douleurs de l’enfantement. Enfin, le tronc se fend et libère le bébé qui grandit à l’ombre de sa mère, choyé par les Naïades.

Devenu jeune homme, Adonis est si beau que Vénus elle-même en tombe amoureuse au point d’en perdre la raison. Il semblerait qu’Eros, son fils, ait malencontreusement effleuré le sein de sa mère avec une de ses flèches et la blessure était plus profonde qu’il n’y paraissait de prime abord. Vénus est ainsi punie d’avoir inspiré à Myrrha un amour sacrilège pour son père.

Elle suit Adonis partout (un peu collante même) mais elle n’est pas la seule à subir l’attrait de l’éphèbe et Perséphone entend elle aussi profiter d’un tel époux. Zeus cherche à calmer la querelle et invente donc la polygamie monogame, si l’on peut dire, en demandant à Adonis de passer un tiers de l’année avec chacune des deux déesses puis un tiers avec la femme de son choix.

L’idée plait à tout le monde mais Adonis, qui préfère Vénus, la choisit pour passer le troisième tiers avec lui et la querelle repart de plus belle, les deux déesses n’étant toujours pas à égalité.

Un jour qu’Adonis est à la chasse, un sanglier le blesse mortellement. Entendant ses cris d’agonie, Vénus arrive sur son attelage de cygnes et pour garder un souvenir de sa douleur, elle change le sang du défunt en une fleur de même couleur : l’anémone.

Cette fleur est fragile et dure peu, rappelant la courte vie d’Adonis.

Chaque printemps, la tradition voulait que les femmes syriennes plantent en hommage à Adonis des graines d’anémones, qu’elles arrosent d’eau chaude et qui germent et fleurissent très rapidement mais fanent tout aussi vite, symbolisant la mort du jeune homme. Ces plantations sont surnommées «jardins d’Adonis».

D’après l’encyclopédie Wikipedia, à Byblos et Alexandrie, ces festivités importantes réservées aux femmes duraient deux jours : l’un consacré au deuil, l’autre à la joie.

Adonis prend le nom de Thammouz en Syrie, comme le dieu oriental Tammuz. Dans le calendrier juif, cela expliquerait l’origine du nom du mois Thammouz.

Le thème de la beauté juvénile d’Adonis a inspiré les plus grands peintres: Rubens et Le Titien entre autres.

 

2 réflexions sur « Adonis et l’anémone »

  1. Belle histoire.

    « Il arrive fréquemment qu’on fasse l’amour dans le noir à une personne qui s’est faufilée dans votre lit sans la connaître. »
    Horrifiée de l’amour incestueux, mais plus encore de voir dépérir Myrrha qu’elle considère comme sa fille, la vieille nourrice va favoriser l’entrée nocturne dans le lit paternel.
    C’était à l’issue d’une fête un peu arrosée (paraît-il), Théias n’avait plus toute sa raison.

    Quant aux amours de Vénus et Adonis j’ai trouvé un poème de Louis Latourre qui leur est consacré.

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